Le temps s’est arrêté à Pingyao


2/11.
Durant notre trip en transsibérien, si certains trains semblaient vétustes ou crasseux, on disposait à chaque fois d’un compartiment pour nous seuls ! En Chine, les couchettes dures constituent la classe la plus basse et regroupe dans un même compartiment, non pas 4 lits comme en Russie, mais 6 !! Ainsi les compartiments ne disposent pas de séparation avec une porte et sont totalement ouverts sur le couloir. Chaque wagon est un gros dortoir de 36 lits !!


Durant notre trajet “assis“ entre Beijing et Datong, on a pu constater que les Chinois prenaient les places qui les arrangeaient, vu l’heure on a eu très peur de ne pas trouver notre couchette libre. Que nenni, nos lits étaient disponibles et déjà faits avec des draps blancs protégeant le fin matelas et nous disposions d’une couette et d’un oreiller. Assommés par l’attente et notre longue marche de notre dernier jour à Datong, nous nous sommes rapidement glissés (tout habillés) sous la couette après avoir confectionné avec nos coupe-vent une taie d’oreiller supplémentaire dont la capuche était bien utile pour occulter la lumière du couloir. Le plus troublant  n’est pas la faiblesse de l’espace entre chaque couchette ou la “dureté“ du matelas mais plutôt les passages incessants dans le couloir et notamment lors des arrêts en gare.
Et on ne peut s’empêcher de penser au malotru qui pourrait, juste avant de descendre, subtiliser nos sacs alors que l’on dormait dans les bras de Morphée ! Vu la hauteur de l’étagère et le poids frôlant les 30 kg de nos 2 sacs à dos soigneusement accrochés par leurs bretelles, il fallait déjà que le voyou soit grand, costaud et un poil habile pour ne pas prendre l’un des 2 sur le coin de la tronche ! La besace d’Adèle et mon sac photo sont sous la tablette à côté de ma tête, regroupés avec une bandoulière dont le mousqueton à l’extrémité est accroché à ma ceinture ; pour embarquer le tout il faudra aussi m’enlever le bénouze, ce qui n’est pas chose aisée avec tous les raviolis à la vapeur que j’ai dévorés…


La nuit se passe bien et à part le manque de savoir-vivre des Chinois qui pique un peu au réveil, on finit par arriver vers 6h en gare de Pingyao. Pour nous réveiller, on entame une “petite“ marche pour rejoindre notre hôtel et bien que la nuit était encore bien noire au début, le jour commença à se lever au bout des 1,4 km nous séparant de notre auberge de jeunesse. Et après nous être trompés une première fois d’établissement, on trouve finalement la bonne adresse au fond d’une impasse et en passant sous un ancien portique en bois décoré, on pénètre dans une magnifique guesthouse avec cour au style ancien et les classiques lanternes rouges accrochées au toit. On y découvre notre chambre tout aussi joliment décorée avec un lit gigantesque (Qang size) où l’on pourrait faire dormir 4 personnes…



Après un petit-déjeuner chinois (thé, salade de choux, œufs durs et madeleines) et une bonne sieste, on s’est lancé à la découverte du patrimoine de Pingyao en arpentant rues et remparts. Ces murs datant du 14ème siècle, hauts de 10 m et d’une circonférence de 6 km sont parfaits pour avoir une vue d’ensemble de l’ancienne ville magnifiquement conservée. Exceptées les voiturettes électriques qui foncent à toute blinde dans les 2 rues principales, le temps semble s’être arrêté à l’intérieur de l’enceinte fortifiée : des tas de charbon sont adossés sur le devant des maisons, le maïs sèche sur les toits et le linge est suspendu dans la rue ! Dans de petites ruelles pavées circulent péniblement des vélos chargés de gros sacs de denrées et une mule est attachée à un arbre en attendant son prochain chargement. Des guirlandes de petits drapeaux rouges attachées entre les maisons viennent égayer les allées et tranchent avec le gris des briques et des toits.




Le temps aussi est gris et avec ce paysage d’un autre temps, j’en profite pour faire toute une série de photos en noir et blanc ou en sépia. De notre position, on se fait un peu voyeurs en observant l’intérieur des maisons et on parcourt ainsi environ 3 km de la porte nord à la porte sud. Dans chacune des 72 tours de guets sont disposés des personnages en bois avec une mise en scène différente et contient un paragraphe de l’Art de la Guerre de Sunzi. Nous sommes seuls à déambuler à notre rythme sur cette muraille et la température est propice à la promenade…




Avant que la nuit tombe, on en profite pour visiter l’ancien Palais du Gouvernement dont l’entrée est comprise dans l’achat d’un pass qui donne accès à une quinzaine de monuments historiques dans l’enceinte fortifiée. Le soir venu, on continue de flâner dans les ruelles désormais éclairées par les boutiques et les lampions rouges. C’est en revenant vers l’hôtel qu’on tombe nez à nez avec Anne, la Lyonnaise d’origine vietnamienne rencontrée à Datong avec les autres francophones. Pour le dîner, elle doit retrouver le jeune couple de belges et nous invite à nous joindre à eux. On a donc dîné dans un resto avec de grandes tables rondes sur lesquelles sont disposés des plateaux tournants en verre comme il y en a souvent dans les établissements traditionnels. A côté de nous, un groupe de 12 Chinois se bourre la gueule à l’alcool de riz et porte des toasts toutes les 2 minutes… C’est toujours sympa de se retrouver entre voyageurs et de se raconter ses périples passés. La nourriture est correcte et les Tsingtao sont pour une fois servies fraîches (ce qui est loin d’être une habitude en Chine) ! On quitte le resto au moment où l’un des invités de la table de derrière “essaye“ de lancer un toast : il se lève, chancèle sur place pendant qu’on lui remplit son godet, qu’il lève ensuite pour enfin le boire en mettant la moitié à côté sous les regards moqueurs de son public ! Une franche tape dans le dos finit de le rasseoir sur sa chaise et toute la table éclate de rire bruyamment. Les cadavres de gnoles jonchent la table, certaines encore debout, d’autres renversées, quelques unes traînent également par terre et dans la niche derrière les chaises à côté d’un bouddha de décoration. Et tout ça a été descendu en moins d’1h30 ; en Chine on se prend des mines “express“ : avec de l’alcool à 46% ça aide ! Notre groupe se sépare et chacun rentre dans son auberge de jeunesse…

Le lendemain, après une grasse matinée à profiter de notre lit pouvant accueillir 3 bouddhas, on a tout de même décider de rentabiliser le pass acheté la veille et on s’est mis en route pour faire quelques visites. On a commencé par celles conseillées par le Lonely (le musée Rishengchang, la Tour de la ville, le Temple confucéen, le Mur des 9 dragons, le Temple Qingxu Guan et l’église catholique) et on a ensuite continué par celles qu’on rencontrait sur notre parcours. En une après-midi, il est clair qu’on est loin d’avoir fait les 15 mais au bout d’un moment, tu n’en peux plus et c’est assez répétitif. Surtout que les explications disponibles en anglais sont assez sporadiques et dont la traduction laisse parfois à désirer.








Lassés, vers 16h, nous nous sommes lancés dans une dégustation des stands de rue, Adèle goutant le sucré et moi le salé. Tout était excellent et nous calait bien en attendant le dîner.

Le soir venu, nous sommes allés manger en tête à tête dans une guesthouse sur Dong Dajie et si elle n’avait pas été indiquée par le Lonely, on ne se serait jamais douté qu’elle proposait une cuisine authentique, délicieuse et bon marché. Après le repas, on a retrouvé nos 2 belges, Laetitia et Sébastien, pour prendre un verre dans un bar en attendant de reprendre le train de nuit tous ensemble à destination de Xi’an. A la gare, on a rejoint Anne et comme on avait tous réservé ensemble nos billets à l’agence de Mr Gao lors de notre séjour à Datong, on occupait des lits voisins dans le même wagon. Chacun s’est vite éteint excepté moi, agacé par un couple de Chinois, la femme sur sa couchette et son mari assis dans le couloir, discutant allégrement à 1h du matin à distance et à voix haute !! Décidemment le savoir-vivre chinois………… il faudra que je consacre un article sur ce sujet car il contribue également au dépaysement ressenti…

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