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Durant notre trip en transsibérien, si certains trains
semblaient vétustes ou crasseux, on disposait à chaque fois d’un compartiment
pour nous seuls ! En Chine, les couchettes dures constituent la classe la
plus basse et regroupe dans un même compartiment, non pas 4 lits comme en
Russie, mais 6 !! Ainsi les compartiments ne disposent pas de séparation
avec une porte et sont totalement ouverts sur le couloir. Chaque wagon est un
gros dortoir de 36 lits !!
Durant notre trajet “assis“ entre Beijing et Datong, on a pu
constater que les Chinois prenaient les places qui les arrangeaient, vu l’heure
on a eu très peur de ne pas trouver notre couchette libre. Que nenni, nos lits
étaient disponibles et déjà faits avec des draps blancs protégeant le fin
matelas et nous disposions d’une couette et d’un oreiller. Assommés par
l’attente et notre longue marche de notre dernier jour à Datong, nous nous
sommes rapidement glissés (tout habillés) sous la couette après avoir
confectionné avec nos coupe-vent une taie d’oreiller supplémentaire dont la
capuche était bien utile pour occulter la lumière du couloir. Le plus
troublant n’est pas la faiblesse de
l’espace entre chaque couchette ou la “dureté“ du matelas mais plutôt les
passages incessants dans le couloir et notamment lors des arrêts en gare.
Et on ne peut s’empêcher de penser au malotru qui pourrait,
juste avant de descendre, subtiliser nos sacs alors que l’on dormait dans les
bras de Morphée ! Vu la hauteur de l’étagère et le poids frôlant les 30 kg
de nos 2 sacs à dos soigneusement accrochés par leurs bretelles, il fallait
déjà que le voyou soit grand, costaud et un poil habile pour ne pas prendre
l’un des 2 sur le coin de la tronche ! La besace d’Adèle et mon sac photo
sont sous la tablette à côté de ma tête, regroupés avec une bandoulière dont le
mousqueton à l’extrémité est accroché à ma ceinture ; pour embarquer le
tout il faudra aussi m’enlever le bénouze, ce qui n’est pas chose aisée avec
tous les raviolis à la vapeur que j’ai dévorés…
La nuit se passe bien et à part le manque de savoir-vivre
des Chinois qui pique un peu au réveil, on finit par arriver vers 6h en gare de
Pingyao. Pour nous réveiller, on entame une “petite“ marche pour rejoindre
notre hôtel et bien que la nuit était encore bien noire au début, le jour
commença à se lever au bout des 1,4 km nous séparant de notre auberge de
jeunesse. Et après nous être trompés une première fois d’établissement, on trouve
finalement la bonne adresse au fond d’une impasse et en passant sous un ancien
portique en bois décoré, on pénètre dans une magnifique guesthouse avec cour au
style ancien et les classiques lanternes rouges accrochées au toit. On y
découvre notre chambre tout aussi joliment décorée avec un lit gigantesque
(Qang size) où l’on pourrait faire dormir 4 personnes…
Après un petit-déjeuner chinois (thé, salade de choux, œufs
durs et madeleines) et une bonne sieste, on s’est lancé à la découverte du
patrimoine de Pingyao en arpentant rues et remparts. Ces murs datant du 14ème
siècle, hauts de 10 m et d’une circonférence de 6 km sont parfaits pour avoir
une vue d’ensemble de l’ancienne ville magnifiquement conservée. Exceptées les
voiturettes électriques qui foncent à toute blinde dans les 2 rues principales,
le temps semble s’être arrêté à l’intérieur de l’enceinte fortifiée : des
tas de charbon sont adossés sur le devant des maisons, le maïs sèche sur les
toits et le linge est suspendu dans la rue ! Dans de petites ruelles
pavées circulent péniblement des vélos chargés de gros sacs de denrées et une
mule est attachée à un arbre en attendant son prochain chargement. Des
guirlandes de petits drapeaux rouges attachées entre les maisons viennent
égayer les allées et tranchent avec le gris des briques et des toits.
Le temps aussi est gris et avec ce paysage d’un autre temps,
j’en profite pour faire toute une série de photos en noir et blanc ou en sépia.
De notre position, on se fait un peu voyeurs en observant l’intérieur des
maisons et on parcourt ainsi environ 3 km de la porte nord à la porte sud. Dans
chacune des 72 tours de guets sont disposés des personnages en bois avec une
mise en scène différente et contient un paragraphe de l’Art de la Guerre de
Sunzi. Nous sommes seuls à déambuler à notre rythme sur cette muraille et la température
est propice à la promenade…
Avant que la nuit tombe, on en profite pour visiter l’ancien
Palais du Gouvernement dont l’entrée
est comprise dans l’achat d’un pass qui donne accès à une quinzaine de
monuments historiques dans l’enceinte fortifiée. Le soir venu, on continue de
flâner dans les ruelles désormais éclairées par les boutiques et les lampions
rouges. C’est en revenant vers l’hôtel qu’on tombe nez à nez avec Anne, la
Lyonnaise d’origine vietnamienne rencontrée à Datong avec les autres francophones.
Pour le dîner, elle doit retrouver le jeune couple de belges et nous invite à
nous joindre à eux. On a donc dîné dans un resto avec de grandes tables rondes
sur lesquelles sont disposés des plateaux tournants en verre comme il y en a
souvent dans les établissements traditionnels. A côté de nous, un groupe de 12
Chinois se bourre la gueule à l’alcool de riz et porte des toasts toutes les 2
minutes… C’est toujours sympa de se retrouver entre voyageurs et de se raconter
ses périples passés. La nourriture est correcte et les Tsingtao sont pour une
fois servies fraîches (ce qui est loin d’être une habitude en
Chine) ! On quitte le resto au moment où l’un des invités de la table de
derrière “essaye“ de lancer un toast : il se lève, chancèle sur place pendant
qu’on lui remplit son godet, qu’il lève ensuite pour enfin le boire en mettant
la moitié à côté sous les regards moqueurs de son public ! Une
franche tape dans le dos finit de le rasseoir sur sa chaise et toute la table
éclate de rire bruyamment. Les cadavres de gnoles jonchent la table, certaines
encore debout, d’autres renversées, quelques unes traînent également par terre
et dans la niche derrière les chaises à côté d’un bouddha de
décoration. Et tout ça a été descendu en moins d’1h30 ; en Chine on
se prend des mines “express“ : avec de l’alcool à 46% ça aide ! Notre
groupe se sépare et chacun rentre dans son auberge de jeunesse…
Lassés, vers 16h, nous nous sommes lancés dans une dégustation des stands de
rue, Adèle goutant le sucré et moi le salé. Tout était excellent et nous calait
bien en attendant le dîner.
Le soir venu, nous sommes allés manger en tête à tête dans
une guesthouse sur Dong Dajie et si
elle n’avait pas été indiquée par le Lonely, on ne se serait jamais douté
qu’elle proposait une cuisine authentique, délicieuse et bon marché. Après le
repas, on a retrouvé nos 2 belges, Laetitia et Sébastien, pour prendre un verre
dans un bar en attendant de reprendre le train de nuit tous ensemble à
destination de Xi’an. A la gare, on a rejoint Anne et comme on avait tous
réservé ensemble nos billets à l’agence de Mr Gao lors de notre séjour à
Datong, on occupait des lits voisins dans le même wagon. Chacun s’est vite
éteint excepté moi, agacé par un couple de Chinois, la femme sur sa couchette
et son mari assis dans le couloir, discutant allégrement à 1h du matin à
distance et à voix haute !! Décidemment le savoir-vivre chinois………… il
faudra que je consacre un article sur ce sujet car il contribue également au
dépaysement ressenti…
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