On nous promettait le Panama similaire au Costa Rica mais en plus moderne ! Ce n’est clairement pas l’impression qu’on ressent en traversant la frontière entre les deux pays à Paso Canoas.

C’est à pied qu’il faut se rendre au poste frontière des
douanes panaméennes pour une nouvelle attente au comptoir mais cette fois
beaucoup plus courte. L’officier vérifie les documents obligatoires pour une
entrée “terrestre“ à savoir un billet retour avant la fin des 90 jours
autorisés par un visa touristique, ainsi que la possession de 500 $. A ce
sujet, le contrôle est totalement bidon puisque n’ayant pas cette somme sur
nous, on a fait une pauvre copie écran sur notre téléphone de nos comptes
bancaires respectifs que l’officier a regardé à la vitesse de l’éclair.
Tellement vite que ce dernier n’a même pas relevé qu’il ne figurait aucun nom
et qu’on aurait pu montrer les relevés de n’importe qui ! Dans la file d’à
côté, une femme qui en était au même stade de vérification, sort sa liasse de
billets et commence à compter mais le douanier la stoppe dans son élan dès la 3ème
coupure de 20$.
Dans une pièce adjacente, la fouille MANUELLE des bagages est
tout aussi bidon. Après “l’appel“ très scolaire de chaque occupant du bus, nous
sommes invités à ouvrir nos sacs et valises. Un officier fait semblant
d’écarter les piles de vêtements pendant au moins 10 secondes avant de passer
au bagage suivant !
650 km plus tôt, avant cette frontière et partant du
Nicaragua, notre bus s’était déjà arrêté au poste douanier costaricain de Peñas Blancas. Le contrôle des bagages
était certes plus moderne avec un passage dans un tunnel à rayons X mais tout
aussi bidon. L’officier derrière son écran était davantage concentré sur son
téléphone bloquant sur un tableau de Candy
Crush apparemment plus passionnant que la présence d’objets dangereux dans
les bagages !
Quoi qu’il en soit notre passage de la frontière panaméenne
restera dans les annales comme la plus longue avec près de 3h. Mais notre Tica Bus reprend sa route et nous lâche
à David au bord de l’Interamericana.
On rejoint le terminal en taxi pour prendre un autre bus, direction Boquete. Pour info, c’est totalement
inutile de se rendre jusqu’au terminal car le minibus qui assure la liaison David-Boquete passe exactement par
l’endroit où nous sommes descendus quelques minutes auparavant. Il suffit
simplement de repérer le bon véhicule en observant les énormes autocollants sur
le haut du pare-brise qui annonce clairement le trajet.
Une fois à Boquete,
la première surprise provient de la température ! Après 4 mois de chaleur
avec un thermomètre qui descendait rarement sous les 30°, on se retrouve à 1200
m d’altitude et en journée il ne fait pas plus de 22, même avec un grand
soleil. Le soir, c’est évidemment beaucoup plus frais et on ressort nos
tee-shirts manches longues ainsi que nos sweats molletonnés. Le bon air de sa
montagne, le climat tempéré et constant presque toute l’année en a fait depuis
peu une destination à la mode pour les retraités nord-américains et plus de 15%
de la population est composée d’expatriés.
Chaque année, en février, se déroule le 2ème plus
grand festival de jazz du pays.
Boquete est connu
pour ses plantations de café qui profitent du microclimat très favorable à la
production d’un des nectars les plus raffinés au monde. Accompagnés d’un guide
passionnant et passionné, on visite une ferme familiale, et nous apprenons tous
les secrets du café. De la fleur jusqu’à la graine, en passant par le fruit, on
découvre toutes les étapes de sa culture. Le guide insiste bien sur les
différences entre l’exploitation familiale qu’on visite et les grosses
plantations industrielles. Ici, les récoltes sont manuelles, par des ouvriers
locaux “réguliers“, tout en respectant la nature en évitant au maximum
l’utilisation de produits chimiques (notamment pour combattre le champignon Hemileia
vastatrix). Il n’hésite pas à
tacler les gros producteurs qui récoltent les grains avec des machines,
aspergent leur champ d’insecticides, emploient la main d’œuvre la moins chère
possible provenant des pays “pauvres“ voisins et qui ne respectent pas du tout
la plante.
A partir de grains
qui viennent juste de sécher dans une serre, on torréfie notre propre café.
Plus frais, tu meurs !! S’en suit, une dégustation puis un échange
d’impression et un débat sur les idées reçues au sujet du café. On apprend que
les expressos sont moins chargés en caféine que les cafés “filtre“ et que boire
un petit noir le soir n’empêche pas de dormir, enfin pas tout le monde…
Boquete est
également au pied du volcan Barú et
à la frontière des 14300 ha du parc national du même nom. C’est le sommet le
plus haut du Panama culminant à 3474 m mais aussi l’unique volcan de l’isthme. Plusieurs
sentiers d’hiking sont disponibles dont certains assez balaises comme le Sendero Los Quetzales qui totalise 23
km et plus de 2000 m de dénivelé si on démarre de Boquete pour faire
l’aller/retour jusqu’au Cerro Punta.
Les panoramas sont paraît-il splendides à condition que le temps soit dégagé et
on peut observer plusieurs des 250 espèces d’oiseaux recensées dans le parc.
Au village, on
s’intéresse à la version courte du trail, seulement 15 km en utilisant
un taxi 4x4 qui nous dépose au départ. Mais en raison des nuages persistant sur
le sommet qui gâche la visibilité, certains voyageurs nous déconseillent de le
faire, surtout si l’objectif de cette marche est plus d’ordre “photographique“
que sportif !
Finalement, on opte pour une marche de birdwatching de 3h avec un guide. On a de la chance c’est la saison
du quetzal, l’oiseau « serpent
à plumes » sacré chez les Aztèques et les Mayas. Encore faut-il avoir de
la chance !! Après 2h de marche, on a vu un arbre au tronc énorme, une
cascade avec un mince filet d’eau et quelques 5 ou 6 espèces de volatiles mais
toujours pas de quetzal resplendissant
! Sur le chemin du retour, on commence à désespérer. Finalement, on aperçoit un
mâle reconnaissable à ses longues plumes caudales qui prend la pose à quelques
mètres au-dessus de nos têtes. Mitraillage photo obligatoire même si le
feuillage rend la chose plus que délicate !
En continuant sur l’Interamericana
qui mène à Panama City, on continue
d’explorer l’intérieur des terres avec des incursions au bord de l’Océan
Pacifique. Pour cela, même si les transports sont très bien organisés, on
décide de louer une voiture. Une fois de plus, on retrouve les tarifs les plus
intéressants chez Sixt et on opte pour une Hyundai Elantra automatique. Comme
d’habitude, la voiture est “nickel“, quasi neuve et dispose de plus d’options
qu’on en attendait. A l’agence, le service est ultra rapide, nos 2 interlocuteurs
se révèlent très sympathiques, avec quelques mots en français ! C’est notre 6ème
véhicule loué via Sixt et ça reste
notre compagnie préférée.
On se rend ainsi à Penonomé
où l’on s’arrête à son mercado central. Outre les étalages d’alimentation traditionnelle
(fruits, légumes, viandes, poissons…), on trouve à l’étage de l’artisanat et
notamment le fameux chapeau “Panama“……… qui ne vient pas du Panama !!! Il
est en fait originaire d’Equateur mais pendant la construction du Canal, ce
sont les ouvriers qui l’utilisèrent largement pour se protéger du soleil. Et
lors de sa visite des chantiers en 1906, le président américain Theodore Roosevelt revêt le couvre-chef
en paille contribuant largement à sa popularisation.
A Penonomé, on
peut cependant trouver un autre modèle de chapeau, cette fois 100% panaméen, le
Pintado. Ce chapeau aux larges bords
avec des motifs linéaires est utilisé dans les zones rurales de la région.
C’est très joli mais ne va pas forcément à tout le monde…
Conseils : si vous flashez sur un modèle “tendance“ coloré et à bords courts, méfiez-vous, il est généralement en matière synthétique et fabriqué en Asie; certains vendeurs n’hésitent d’ailleurs pas à couper l’étiquette made in China. Un vrai chapeau “Panama“ fabriqué en Equateur ou un “Pintado“ panaméen, fabriqué à la main, se vend entre 25 et 50 $ suivant la finition. Privilégiez les marchés de province, on a vu exactement le même modèle, vendu du simple au double, entre le mercado central de Penonomé et les boutiques de souvenirs de la vieille ville de Panama City (Casco Viejo) !! Idem pour les hamacs dont un large modèle solide et correct se négocie aux alentours de 15-20 $. Les Panaméens ne sont pas des grands marchandeurs, inutile de se lancer dans une négo enflammée comme au marché de Monastir mais une remise sera consentie avec l’achat de plusieurs articles.
On continue notre découverte de la Province de Coclé, en
quittant l’Interamericana pour un
détour à El Valle de Anton. Les
routes sinueuses et ultra raides offrent des paysages sublimes et on grimpe
jusqu’à 600 m d’altitude pour trouver un climat plus frais. Le village n’est
pas très grand mais à notre grande surprise, le tourisme y est déjà bien
développé. On trouve plusieurs hôtels et guesthouses, des restaurants et un marché
au centre ville dont les produits sont clairement destinés aux voyageurs.
Plusieurs sentiers sont disponibles pour les marcheurs, il
suffit de demander une carte au kiosque touristique devant le mercado central. Notre Lonely Planet nous mène jusqu’aux chutes
du Chorro El Macho, soit disant l’un
des spots les plus fabuleux de la vallée. On se lance sur le sentier pour
arriver jusqu’à un pont suspendu et si on n’avait pas vu un groupe de 3
touristes se prenant en photo dans la rivière, on aurait passé les chutes sans
les voir. Forcément le Lonely annonce
70 m de cascades, on s’attendait donc à un truc impressionnant mais d’après le
panneau planté au bord du chemin, elles ne seraient que de 35 m. Pas étonnant
qu’on ait failli passer à côté !!
Surtout qu’à cette saison, le volume
d’eau est très faible et ce n’est pas le bruit généré qui aurait pu attirer
notre attention. Je me résous à faire quelques photos avant de rejoindre en
contrebas, la piscine pseudo naturelle. En fait pas naturelle du tout car une
retenue en béton rehaussée de pierres a été aménagée et le fond du bassin est
même pavé. Un peu déçus, nous boycottons la baignade et repartons très vite,
estimant que les 5$ d’entrée (2$ dans notre guide en 2008) ne sont pas vraiment
justifiés. A moins qu’après 16 mois de voyage, on ne soit blasé par ce qu’on a
déjà vu (gratuitement) dans d’autres régions, notamment au Costa Rica ??? Un
canopy tour est également proposé à 65$, mouais...
Toujours à El Valle,
on roule jusqu’à El Nispero, un
jardin exotique et zoologique. Là encore le prix de l’admission a subi la même
évolution qu’à El Macho et c’est à
pas fébriles qu’on s’avance sur les sentiers après le guichet de l’entrée. On a
déjà vu des tonnes d’animaux en liberté dans les pays précédents et en matière
de zoo, celui de Chicago (public et gratuit) reste notre référence ! Mais
pour moi, la visite de cette attraction se justifie par la présence de l’atelopus zeteki, autrement dit la grenouille dorée !!! Je ne suis
pas devenu un maboule des grenouilles mais voilà, j’en ai déjà pris plusieurs
spécimens en photo et cette espèce endémique au Panama avec cette couleur jaune
manque à mon tableau de chasse !
On la trouvera dans un bâtiment au milieu
du parcours, entièrement dédié aux grenouilles, avec plusieurs vivariums
renfermant des batraciens de toutes les tailles, plus ou moins jolis à voir.
Sinon dans l’ensemble et après quasiment 2h de visite, ce
zoo est une bonne surprise avec une énorme variété d’animaux (oiseaux,
singes, autruches, reptiles…) ; on y observe d’ailleurs notre premier tapir.
Pour ces 3 jours d’exploration, on a établi notre camp de
base près de la Laguna de San Carlos.
C’est un peu paumé dans les montagnes, à 18 km au nord de l’Interamericana devenue la Panamericana. De notre lodge, on a une vue
lointaine sur l’océan ainsi que sur les curieux reliefs dorés formés dans la
vallée et tout autour de notre hébergement. De la terrasse du Mamallena Eco Lodge, il ne faut pas
patienter très longtemps avant d’observer plusieurs espèces d’oiseaux sur les branches
des arbres environnants. Lorsqu’on rentre de vadrouille, le soleil ne tardant
pas à se cacher derrière les sommets, les oiseaux virevoltent dans un concert
de gazouillis et les rafales de vent qui secouent les grands pins prodiguent une
ambiance tout à fait particulière.
On délaisse les montagnes pour un tour en règle des plages
de la région. On débute par Punta Chame
qui est un endroit curieux et qui dénote complétement avec la suite du
programme. Après le village de Chame,
on y accède par une petite route totalement déserte où l’on n’a croisé qu’une
seule voiture… de touristes ! Arrivé à l’extrémité de ce minuscule bandeau
de sable cerné par les eaux, on a encore davantage l’impression d’être dans une
ville fantôme. Personne dans les rues, personne sur la plage exceptées les
carcasses d’impressionnantes méduses échouées. Du coup, on zappera la baignade
et le vent ne nous motive pas à tenter le pique-nique. Mais le sable est
tellement blanc et avec la réverbération du soleil, nous sommes totalement
aveuglés.
Plus à l’ouest, on termine par Playa Gorgona et Playa
Coronado, réputées toutes les deux pour être des lieux balnéaires prisés
des (riches) habitants de la capitale en week-end et des retraités
nord-américains. Au lieu de trouver un village, on pénètre dans une enceinte
sécurisée via un poste de garde. A l’intérieur, le long de la route se
succèdent d’autres résidences encore plus surveillées ainsi que d’énormes
panneaux publicitaires vantant les programmes immobiliers à venir. La plupart
des maisons paraissent inoccupées et on imagine qu’il doit y avoir plus de vie
le week-end ou durant les vacances. Le front de mer est trusté par des villas
luxueuses et de gigantesques tours résidentielles de 20 ou 30 étages qui
perturbent le paysage.
Il n’y a quasiment pas d’accès à la plage et les seuls bancs
de sable qu’on a trouvés ne donnent pas envie d’y poser son paréo. On a
quadrillé presque toutes les rues mais on n’a trouvé aucune animation, à part de
temps à autre, un gigantesque portail en métal qui s’ouvre pour laisser passer
un 4x4 pachydermique aux vitres teintées se rendant probablement au golf !
Dans la baie il y a bien quelques lanchas
de pêcheurs mais dans le “centre“, il y a plus d’agences immobilières que de mini supers ou de boutiques. Bref, on
est super déçu et on regrette qu’il n’existe pas de loi d’aménagement du
littoral comme au Costa Rica, ce qui limiterait la construction de ces tours de
béton, véritables furoncles dans le paysage. Si c’est ça les plages de la côte
pacifique, ça promet pour la suite de notre séjour à Santa Catalina et Playa Venao…
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