Northern Cape.
Quand on parle du Cap Nord, on pense davantage au froid et à
la Norvège. Mais c’est également une province d’Afrique du Sud, la plus grande,
la moins peuplée et la plus aride. Comme à Springbok,
qui n’est pas qu’un animal de la faune sud-africaine, c’est aussi la dernière
grande ville avant la Namibie où l’on enregistre moins de 200 mm de pluie par
an. Elle se trouve sur la N7 qui mène de Cape
Town à la frontière, c'est la Cape
Namibia Route.
La ville n’a pas grand intérêt si ce n’est d’être une halte
après plus de 400 km depuis notre étape précédente. Les vallées verdoyantes de
l’Olifantsrivier ont laissé la place
à des plaines arides ponctuées de tas gigantesques de rochers semblant tombés
du ciel. Plus on évolue vers le Nord, plus le mercure augmente et il est désormais
temps de mettre en route la clim’ de notre campervan.
On ne l’avait pas allumé jusqu’ici, vu que l’engin est déjà pas mal gourmand en
essence mais surtout que les bouches d’aération sont juste au-dessus de nos
têtes et qu’on n’a pas forcément envie de choper un torticolis.
Une fois en marche, même en testant toutes les possibilités
via les 2 boutons, l’air soufflé est désespérément chaud ! Et voilà que ça
recommence, tout comme à Las Vegas où
l’on avait pris possession d’une Chevrolet
Camaro sans tester l’air conditionné, on se retrouve avec une clim en panne
alors qu’il fait 40° dehors ! On avait pourtant juré que ça ne nous
arriverait plus…
Outre une nuit dans le campsite
municipal et quelques courses pour remplir le frigo, Springbok devient aussi un arrêt réparation ! Verdict du
garagiste : plus de gaz dans notre circuit d’A/C. On patiente la matinée
le temps de l’intervention et on reprend la route vers le Nord-Est, enfin au
frais !
Le ruban de bitume qui se déroule devant nous en ligne
droite interminable est à la limite de l’ennui. De temps à autre, mon attention
est attirée par un camion à dépasser (le premier 62 km après notre départ !!)
ou alors une formation rocheuse à la forme insolite. Adèle m’a abandonné depuis
longtemps et s’est endormie sur le siège, bercée par le moteur qui tourne
parfaitement malgré ses 285.000 km.
Enfin, nous arrivons à Kakamas
où au-delà d’une colline, le désert de sable et de rochers se transforme subitement
en oasis verdoyante avec des plantations de fruits et vignes à perte de vue.
Ici débute la route des vins du Senqu
(la rivière Orange). Ça tombe bien, on n’avait pas encore fait notre
dégustation de la semaine. L’ambiance est ici décontractée et n’a rien à voir
avec les luxueux domaines du Western Cape. A Kakamas, on trouve l’un des 6 caveaux de l’Orange River Wine Cellars, une coopérative qui débuta la production de vin dans la région à partir de 1965.
D’autres domaines ont ensuite suivi.
Mais outre des vins renommés vendus à des tarifs bien moindres
que dans la région de Cape Town, la
ville marque la bifurcation vers le Augrabies
Falls National Park situé 40 km plus au nord. Attirés d’abord par sa
cascade vertigineuse, la 6ème plus grande du monde, formée sur la
rivière Senqu, nous avons découvert
un parc magnifique aux multiples activités.
Plusieurs plateformes accessibles à pied depuis le visitor center permettent l’observation
de l’aukoerbis (“lieu de grand bruit“
en khoisan). La chaleur est
caniculaire, plus de 40°, et il vaut mieux venir tôt le matin, en fin
d’après-midi ou alors profiter des illuminations le soir de 20 à 22h. C’est
d’ailleurs la première fois qu’on voit de telles cascades éclairées ainsi.
Il n’y a pas grand monde dans le parc et que ce soit dans la
journée ou à la nuit tombée, nous avons les chutes rien que pour nous, me
laissant tout le temps pour prendre mes photos.
Le parc propose plusieurs trails, de 5 à 40 km à faire à
pied et tout seul. C’est un peu surprenant au début mais comme il n’y pas
d’animaux dangereux, c’est une expérience très intéressante voire ludique car
certains parcours nécessitent quelques contorsions en passant au milieu des
troncs ou sous les branchages des sous-bois. Le sentier est souvent étroit et
la dense végétation qui frôle nos bras et jambes nous rend presque vulnérable.
On se sent à la merci d’une éventuelle bête sauvage qui pourrait bondir des
fourrés mais après quelques dizaines de minutes, on se prend pour un aventurier
qui explore la savane africaine. Adèle a tout de même sursauté lorsqu’elle est
tombée nez à nez avec un singe vervet, très vite rejoint par toute sa famille.
Le parc d’Augrabies
Falls dispose également d’un game
drive que l’on emprunte avec son propre véhicule, avec plusieurs boucles au
choix. La plus grande totalise 94 km. Les pistes sont très bonnes et inutile
d’avoir un 4x4.
Sur le parcours, on peut rejoindre d’autres points de vue
qui donnent sur le canyon de la rivière Senqu.
A chaque coude du torrent, on est impressionné par les tonnes de rochers
charriés par les eaux et déposés où le courant est moins fort.
Même s’il n’y a pas de grands fauves, on peut voir une large
variété d’animaux : steenbok, klipspringer, gemsbok, red hartenbeest,
lièvre de buissons, mangouste, babouin chacma, écureuil, faucon et même une
girafe.
Sans compter nos compagnons du matin au campsite du parc à savoir les damans et les singes. Ces derniers ont
d’ailleurs profité que je sois à la douche pour effectuer une attaque lâche en
groupe sur le campervan et Adèle toute
seule, finissant son petit dej ! En un rien de temps, deux de ces
bestioles ultra malines se sont introduites dans l’habitacle chipant tout ce
qui se mange sur leur passage !! C’est très marrant de sortir des
sanitaires et de voir passer un singe avec ton sachet de céréales… et de
retrouver sa petite femme en panique barricadée dans le van.
On quitte un parc national pour en retrouver un autre. Près
de 400 km plus loin, dans un mince bandeau de terre coincé entre les frontières
du Botswana et de la Namibie, on découvre le Kgalagadi Transfrontier Park. Il se mérite car pour y arriver, vous
devrez emprunter la route la plus ennuyeuse du monde avec des paysages lunaires
à perte de vue et à nouveau des lignes droites interminables. Surtout la
portion après Upington, dernière
“vraie“ ville… 270 km avant l’entrée du parc de Twee Rivieren !!! Vous pouvez compter les voitures rencontrées
sur vos 10 doigts. Parmi les rares véhicules qu’on peut croiser, ne soyez pas
étonné de voir des prototypes, totalement camouflés, car la route est utilisée
par les constructeurs automobiles pour effectuer des essais. On a ainsi été
dépassé par ce qui pourrait être la future Mercedes Classe E ou S filant à plus
de 200 dans la chaleur étouffante du désert
du Kalahari.
Chaleur d’autant plus insupportable car durant le trajet, notre
clim’ nous abandonne pour la deuxième fois, damned !!! La veille, j’avais bien entendu un bruit de gaz
s’échappant d’une durite sous le moteur mais sans pouvoir colmater la fuite.
Même diagnostic qu’à Springbok, plus
de gaz et cette fois, il faut changer le flexible. Le garage ne peut effectuer
la réparation avant le lendemain matin et on décide donc de continuer notre
chemin dans notre sauna roulant. Autant dire que l’aiguille du compteur n’a pas
lâché le 120, maximum autorisé, d’une part pour faire rentrer le maximum d’air
et d’autre part pour arriver le plus vite possible au camp. Adèle se met à
rêver d’un plongeon dans la piscine, quant à moi, je tuerai pour une bière
fraîche !
Arrivés à la Twee
Rivieren Gate, qui fait également office de poste frontière avec le Botswana,
nous découvrons un campsite très bien
aménagé et des sanitaires ultra propres. Après notre inscription, Adèle se
précipite pour demander l’emplacement de la piscine mais elle déchante
rapidement en apprenant qu’elle est fermée pour rénovation !! J’ai plus de
chance qu’elle, car la superette est ouverte et j’aurai le droit à mon pack de
bières Black Label bien fraîches.
Le Kgalagadi
n’était pas vraiment inscrit au programme de notre road trip. Mais on ne
pouvait quitter l’Afrique du Sud sans voir de grands fauves. Ce parc bien moins
connu que le Kruger est un endroit
absolument magique où l’on est assuré d’apercevoir de grands prédateurs, dont
près de 500 lions. Des paysages arides hallucinants, avec du sable passant du
jaune au rouge parsemé de végétation qui offre un peu d’ombre à la faune.
Les pistes sont praticables avec un véhicule standard mais
il est vivement conseillé de dégonfler ses pneus à la station pour améliorer le
grip sur le sable. Et d’être vigilant... Nous conseillons cependant de le faire
en 4x4 car de nombreuses routes leur sont réservées et avec une berline ou
notre van, nous ne pouvons emprunter que les 2 routes principales. Mais inutile
de parcourir beaucoup de km pour voir des animaux ! En une après-midi, on
a vu plusieurs dizaines de gemsbok, springbok, steenbok et autres autruches. On
a également pu apercevoir des chacals, des chats sauvages, des renards, des
suricates et des gnous marchant à la queue leu leu mais surtout des groupes de
lionnes et de lions affalés à l’ombre des arbres. Les oiseaux ne sont pas en
reste non plus.
La route pour rentrer au camp passe sur la frontière entre
l’Afrique du Sud et le Botswana et l’on évolue alternativement de l’un à
l’autre, à chaque borne kilométrique gravée des initiales “RSA“ et “RB“.
Le soir venu, fatigué de conduire, on s’offre une sunset drive avec l’un des rangers.
L’avantage est de parcourir le parc quand les portes sont fermées et profiter
d’un coucher de soleil exceptionnel sur les dunes de sable. Ne vous attendez pas
à être emmené dans des coins secrets connus des seuls rangers ! Le camion
emprunte exactement la même route que celle qu’on a parcouru l’après-midi mais
notre chauffeur repère bien mieux les animaux alors même que le jour décline.
Et on a le droit à d’intéressantes explications en plus ! Par ailleurs,
certains animaux ne sortent que la nuit et c’est tout aussi amusant de les
traquer à la lampe pour observer leur chasse nocturne.
Du coup, on s’est également inscrit pour la morning drive du lendemain matin. A 5 du
mat’, “à la fraîche“ voire “à la très fraîche“, car à cette heure le mercure
n’a pas encore atteint les 12°. On repart dans la “bétaillère“ du ranger et on
profite de la game area encore
fermée. Totalement frigorifiés sur nos sièges, nous attendons impatiemment le
lever du jour et les premiers rayons du soleil pour nous réchauffer. Encore une
fois, le ranger m’épate par sa capacité à repérer les animaux et ce, sans
aucune jumelle.
Durant notre ballade, on observera plusieurs groupes de
jeunes lions, bien plus actifs qu’en journée. Mais toujours pas de léopard ou
de guépard. On va à nouveau quitter l’Afrique du Sud sans une photo de l’un
d’entre eux… et il faudra revenir !!
Après un bon petit dej, je me motive pour débuter notre
chemin du retour. Il nous faut maintenant redescendre vers le Western Cape. Je sais déjà que les 9h de
routes rectilignes à l’infini pour rejoindre Calvinia (670 km) vont être très longues. Mais j’ai des images
plein la tête : des lions jouant entre eux, des centaines d’animaux
évoluant en toute liberté dans leur écosystème préservé, un coucher de soleil
derrière les dunes avec une autruche au sommet ou encore un ciel constellé de
milliers d’étoiles étincelantes. Cela méritait largement ce grand détour
imprévu.
Tout comme le Kruger,
le Kgalagari est un parc où nous
retournerons avec le plus grand des plaisirs, et ce malgré la distance. Mais
c’est promis, la prochaine fois on y reste plus longtemps et ce sera équipé du
4x4 du dernier James Bond ! On en profitera pour voir un autre parc national
du Cap Nord qu’on nous a largement conseillé, le |Ai-|Ais/Richtersveld Transfrontier Park. Partagé entre l’Afrique
du Sud et la Namibie, il est uniquement accessible aux véhicules à 4 roues
motrices. Quand je vous dis qu’il faudra revenir…
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