J’étais tout d’abord étonné que mes parents choisissent l’Afrique du Sud pour venir nous rejoindre dans notre périple. Mais à un peu plus d’1/3 de notre aventure, il est bon de se retrouver en famille. Cela me faisait d’autant plus plaisir qu’ils n’avaient pas fait de grand voyage depuis un certain temps. C’est donc un peu fébriles que nous avons quitté l’Inde, heureux de retrouver la famille, heureux de découvrir un nouveau pays et heureux de retrouver un peu plus de “civilisation“ !!! En raison de leur venue, on avait programmé le road trip en Afrique du Sud bien avant notre départ et nous étions impatients de commencer notre voyage.
Nous les avons rejoints à Johannesburg où nous ne sommes restés qu’une nuit, le temps de se
retrouver et de se raconter tout ce qu’on ne peut pas se dire sur Skype… Dès le
lendemain, direction Cape Town en
avion où nous avions loué une voiture juste assez grande pour nous transporter tous
les 4 et contenir nos bagages……… enfin surtout ceux des parents qui sont loin
d’être venus “légers“ comme on leur avait conseillé mais je dois avouer qu’ils
devaient nous ramener quelques affaires de toute première nécessité comme du
sauciflar, de la schmirwurscht, des
sticks et bien sûr une bouteille de Picon ainsi que du Champagne pour fêter les
retrouvailles !!
Cape Town n’a rien à voir avec une ville africaine, on se
croirait en Europe !! La ville est moderne, propre et il semble y faire
bon vivre. Il n’en faut pas plus à Adèle et moi pour tomber immédiatement sous
le charme de cette partie du pays. Les parents sont d’autant plus surpris que
leur expérience du continent africain se résume au Maroc, au Sénégal et encore,
c’était bien avant qu’ils ne deviennent des camping-caristes convaincus !
Après notre expérience en Inde, qu’il est bon de parcourir une agglomération
propre où il est facile de s’orienter avec des panneaux clairs, qu’il est bon
de voir les automobilistes s’arrêter aux feux tricolores et mettre leur
clignotant pour changer de file, qu’il est bon de ne pas entendre le vacarme permanent
des klaxons de tout engin motorisé créé sur cette terre !!! C’en est
presque de trop, à Cape Town, des ouvriers repeignent les poteaux des feux
tricolores en jaune alors qu’ils n’ont pas eu le temps d’être abîmés ! Sur
les autoroutes, des dizaines d’employés ramassent les détritus laissés par de
rares indélicats ou déposés par le vent. Tous les véhicules sont parfaitement
briqués et très vite on s’étonne du nombre impressionnant d’autos pas très
récentes mais dans un excellent état de conservation. Notamment des Golf 1ère
génération fabriquée en Afrique du Sud jusqu’en 2009 sous le nom de VW “City“ !
Seuls les hautes clôtures murées renforcées de barbelés et
les panneaux signalant la surveillance des maisons par des sociétés
spécialisées, nous font prendre conscience que nous ne sommes pas forcément
dans un pays très “secure“…
Pour mieux faire connaissance avec la péninsule, on s’est
rendu en haut de Table Mountain
(1086 m), une gigantesque montagne dont le sommet est un long plateau de 3 km2
(d’où son nom) qui offre une vue exceptionnelle sur la ville mais aussi sur
l’ensemble des reliefs environnants, dont le Cap de Bonne Espérance. Tout le site est un parc naturel protégé et
il n’est pas rare d’y croiser des damans
(rongeurs) qui posent allègrement pour la photo ! Le paysage est
réellement splendide, ce mélange de roches et de verdures ont vite fait de me
conquérir et je m’y vois déjà faire quelques marches ou randonnées à VTT. Mais
pour cette fois, on est monté……… en téléphérique !!
Au nord, on découvre Robben
Island, l’île prison où Nelson Mandela a été enfermé durant 18 ans, qui est
prévue au programme du lendemain. Les petites ballades proposées (3 tracés)
offrent également une vue éblouissante à 360° sur Table Bay, Lion’s Head
(le pic pointu soufflé par la brume), Signal
Hill (juste à sa droite) qui cache à peine le Cape Town Stadium reconstruit à l’occasion de la coupe du monde de
foot 2010 et qui accueille désormais plus de 64000 spectateurs.
En redescendant de la montagne (mais pas à cheval), les
parents ont pu partagé le quotidien de notre voyage : trouver une laverie
pour notre linge sale ! On en a localisé une juste à côté d’une épicerie
et comme il fallait bien s’occuper durant les 35 min d’attente et qu’on
approchait furieusement de l’heure de l’apéro, une dégustation de vin blanc
local s’imposait. Quand tu constates qu’une boutanche d’un vin correct coûte le
prix d’un Vieux Pape chez nous, on aurait tort de s’en priver même si, en
la dégustant sur le trottoir devant le commerce, cela fait un peu
poivrots !!! D’une manière générale, le coût de la vie en Afrique du Sud
n’a rien à voir avec la France. Certains nous avaient prévenus que cette étape
allait faire souffrir notre budget ; c’est absolument faux ! Comparé
à la France et quelque soit l’élément de comparaison (bouffe, essence,
immobilier, etc.), tout est moins cher……… mais c’est un peu normal compte tenu
du salaire moyen (8500 rands soit environ 570 €). Et ce sont les retraités
expats, en grande majorité des Britanniques, qui font la bonne opération !
Un T-bone de 300 gr s’achète au supermarché pour 15 rands (1 €), le sans-plomb
est à 13,50 rands (0,90 €) et je me suis fait couper les cheveux (avec
shampoing et massage svp !) pour 100 rands (6,70 €) ! Et pour s’y
installer, on trouve facilement une villa d’une superficie correcte avec
piscine et vue sur la mer pour moins de 300.000 €…
Le lendemain, on s’est rendu dans le quartier du Victoria & Alfred Waterfront du nom
du Prince Alfred, fils de la reine Victoria du Royaume-Uni et qui ordonna la
construction du port en 1860. Depuis, les docks ont été totalement réaménagés pour
accueillir restaurants, boutiques d’artisanat local et autres galeries
marchandes. Juste à côté de l’historique Clock
Tower (1882), on y trouve également la Nelson
Mandela Gateway d’où partent les ferrys en direction de Robben Island. Près du quai où l’on
attend le bateau, les phoques font les clowns sous les regards amusés des
touristes… enfin quand ils ne font pas la sieste, échoués comme des gros sacs
sur la plage en béton aménagée pour eux (pas les touristes, les phoques…) !
L’île aux phoques (en afrikaans, “robben“ signifie phoques)
a été utilisée comme prison depuis 1658 par les premiers colons hollandais. C’était
également une léproserie et un hôpital psychiatrique, mais elle est surtout
connue pour ses quartiers de sécurité maximale (depuis 1961) où y ont séjourné
de nombreux opposants politiques (ANC…) et notamment 3 des futurs présidents du
pays (Nelson Mandela, Kgalema Motlanthe et Jacob Zuma). Elle fut fermée en 1996
pour devenir un musée et est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis
1999.
Le plus intéressant dans la visite qui dure environ 2h sur
place est le fait que notre guide soit un ex-prisonnier. Il ne l’avoue pas tout
de suite mais lorsqu’on arrive dans son ancienne cellule, on ressent une
certaine émotion lorsqu’il s’appuie à un lit superposé en balançant sur un ton
grave et affecté qu’il s’agit de son ancienne couche où il passa des heures
difficiles… Il explique que les lits ne sont venus que plus tard et que précédemment les détenus dormaient à même le sol sur un “matelas“ des plus sommaires ! Gros silence dans la salle et même s’il fait ce job depuis quelques
années, on essaye de s’imaginer quel sentiment il doit ressentir lorsqu’il fait
sa visite guidée !! La prison n’a rien d’extraordinaire mais le point
d’orgue est le passage dans le couloir des cellules de sécurité maximale où
l’on peut évidemment voir celle de Mandela. La visite (en anglais) est ponctuée
de moult anecdotes sur la vie des prisonniers
racontées avec le même ton grave et troublant, pour se conclure par un
tour en bus de l’île et des différentes installations liées aux fonctions
successives de l’endroit.
Le trajet du retour, juste avant le coucher du soleil, offre
un panorama saisissant sur Cape Town et Table Mountain.
On ne pouvait pas séjourner à Cap Town sans avoir vu le Cap
de Bonne Espérance situé à 65 km au sud de la ville et dont la péninsule est
devenue une réserve protégée intégrée au Table
Mountain National Park. Sur la route et malgré une météo nuageuse, on ne
cesse de s’émerveiller de la beauté du paysage et du charme des petites
bourgades traversées telle que St James avec ses bungalows de plage colorés.
L’architecture des maisons qui jouxtent le front de mer est un curieux mix
entre maison victorienne, normande au toit de chaume ou à colonnes de métal
comme on peut en trouver à la Nouvelle-Orléans. Mais j’ai juste oublié d’en
prendre quelques clichés pour mieux illustrer mes propos……… il faudra vérifier
par vous-même !!
Une fois dans le parc national et arrivé tout au bout de la
route on a première surprise, il n’y a pas un cap mais 2 : on y trouve
évidemment le célèbre Cape of Good Hope
mais juste à côté, un poil plus au sud, il y a l’imposante pointe rocheuse de Cape Point surmontée de son phare et
qui est beaucoup plus impressionnante. La deuxième surprise est qu’aucun de ces
2 caps n’est le point le plus austral du continent africain ; pour cela,
il faut aller chercher le Cap des
Aiguilles (Agulhas) situé 150 km plus à l’est.
En tant que réserve naturelle, le parc abrite une large
variété de faune et de flore et on peut y observer des autruches, des buffles,
des impalas mais surtout les impétueux damans ! Ces derniers peuplent en
nombre le rocher du Cap et en escaladant la falaise j’ai failli perdre
l’équilibre à plusieurs reprises en surprenant l’imperturbable rongeur dans mes
pieds !! Et quand ce ne sont pas les animaux, ce sont les rafales de vent
qui pourraient facilement vous faire perdre pied à quelques centimètres du
précipice…
Pour rentrer à Cape Town, on a repris la même route qu’à l’aller
mais en effectuant une halte à Boulders
Beach. L’Afrique du Sud est évidemment connue pour ses safaris et son “big
five“ mais beaucoup moins pour ses pingouins. On a d’abord cru à une blague en
voyant un panneau indiquant LA baie des pingouins et les ignares que nous
sommes n’aurions jamais pensé trouver une pareille bestiole par 27° !!
C’est en 1982 qu’un couple s’est installé sur les rochers granitiques de la
plage de Boulders, à côté de Simon’s
Town et aujourd’hui, la colonie compte plus de 3000 oiseaux. L’endroit est
depuis protégé et également intégré au Table Mountain National Park. Voir ces sympathiques
bébêtes déambuler sur le sable est un drôle de spectacle surtout quand elles
sortent de l’eau, certaines se font des mamours et d’autres se dorent la pilule
sur la roche chaude !
Pour conclure cette très belle et dernière journée à Cape
Town, de retour à notre appartement, on a attendu sur la terrasse que le soleil
disparaisse derrière les vagues dont la crête était balayée par le vent.
J’ignore si cela se ressent dans mon récit mais on A-DO-RE
cette ville ! On a apprécié son modernisme, sa propreté, son ambiance de
bord de mer, son histoire même si elle a connu des heures sombres et malgré la
densité de cette métropole, la nature est omniprésente, avec 2 océans et toute
cette verdure environnante. Concernant les activités sportives, on a l’embarras
du choix : VTT, hiking, surf, kyte-surf, plongée, running sur le front de
mer et bien sûr golf sur l’un des magnifiques parcours qu’on a pu découvrir de
l’avion en arrivant. On s’y verrait bien…
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