(10-15/3).
Si déjà on est sapé comme des marcheurs autant aller crapahuter un peu ! Direction le parc national des Blue Mountains à 70 km à l’ouest de Sydney et plus précisément la ville de Katoomba à 1020 m d’altitude. Plus on s’éloigne de la ville, plus la route devient sinueuse et vallonnée et plus on s’enfonce dans une épaisse forêt d’arbres qui semblent être là depuis toujours. D’après WikiCamps, notre appli iPhone qui nous donne tous les bons (et mauvais) spots pour nous parquer la nuit, pas question de faire les gitans et de se poser n’importe où ; à moins de se faire déloger par les rangers en pleine nuit avec une belle amende en prime.
On trouve un camping qui n’a plus qu’un dernier emplacement
“powered“ de disponible……… enfin si on peut appeler cela un “emplacement“ car
pour moi, cela relève plus de la place de parking avec une prise et un robinet,
le terrain est d’ailleurs en pente ce qui ne facilitera sûrement pas
l’écoulement de l’évier. Je ne râle pas mais à $39 le parking plus $3 l’heure
de wifi, c’est un bon business !!
Heureusement le camping est très bien situé et il suffit de
traverser la route pour accéder aux premiers circuits pédestres. Le choix est
pléthorique et il suffit d’opter pour une distance et une difficulté. On
commence par une petite boucle autour de Katoomba
Falls qui nous fait partir du haut des chutes, descendre sous le
téléphérique pour arriver quasiment au pied de cette cascade qui semble n’en
plus finir de s’écouler toujours plus bas ! Le chemin passe par plusieurs
escaliers parfois assez raides et on fait étape sur des plateformes aménagées
pour apprécier le panorama. C’est réellement splendide surtout que le soleil
est de la partie.
On rejoint ensuite la plateforme d’Echo Point qui offre la meilleure vue sur le plateau des Blue
Mountains, qui tirent leur nom des émanations d’huile d’eucalyptus qui semblent
colorer la vallée en bleu. De là, on aperçoit très bien les Three Sisters, une formation rocheuse
de 3 pics dont la légende raconte qu’un sorcier aurait transformé 3 sœurs en
pierre pour repousser les avances de 3 jeunes garçons. Malheureusement pour
elles, le sorcier mourra avant de leur restituer leur apparence humaine…
On reprend la route pour arriver au village de Wentworth Falls, on tourne à Adele Avenue pour arriver au point de
départ d’une nouvelle marche qui nous fera crapahuter une bonne heure autour
des chutes dont je n’arrive pas à retranscrire la beauté et la grandeur sur mes
clichés. Sur mes photos, elles ne semblent pas très hautes et manquent
terriblement de reliefs !
On commence ensuite notre longue descente vers Melbourne en
empruntant la Princes Highway qui va
nous accompagner quasiment jusqu’à notre destination finale à Adelaïde. On fait
des étapes de 150 à 250 km par jour et quand vient le soir, toujours aidé de
WikiCamps, on trouve facilement des coins où dormir.
Stop 1,
Austinmer : un parking au bord d’une plage qui n’est pas interdit au
camping-car (mais aux tentes, encore que ce soit notre pure interprétation du
panneau d’interdiction). Bien qu’on soit les seuls, le coin nous paraît sympa
et tranquille, on a le choix entre sable et rocher pour aller faire trempette.
Plus tard, d’autres vans et 4x4 aménagés nous rejoindront. On sera réveillé à
l’aube par des pêcheurs matinaux qui manœuvrent leur 4x4 attelé de remorque
pour décharger leur barque via la rampe juste à côté de nous. J’en profite pour
faire quelques photos et attendre le lever du soleil. La “plage de rochers“ se
révèlera parfaite pour faire quelques exercices matinaux…
Stop 2, Batemans
Bay : c’est notre premier jour de mauvais temps et c’est sous une
pluie fine qu’on s’arrête sur un parking au bord de la plage de sable.
Le lendemain on s’arrête à Central Tilba, un village perché sur le Mont Dromadaire (797 m), où le temps semble s’être arrêté au 19ème
siècle, à l’époque de la ruée vers l’or. La rue principale est bordée de
maisons et d’échoppes construites avec des planches de bois et de la tôle pour
le toit, le tout peint avec des couleurs vives qui donnent un cachet fou à la
bourgade. Tout au bout de la rue, on trouve ABC Cheese Factory où l’on déguste le fromage local, l’occasion de
faire quelques achats pour improviser un plateau de fromage.
Stop 3, East Boyd
State Forest : on continue de longer la côte en visitant quelques
villages de pêcheurs avant de s’enfoncer dans les terres traversant la
frontière de l’état, suivant toujours la Princes Highway où je peux faire 20
bornes sans croiser une voiture. Les panneaux signalant la présence de
kangourous se multiplient mais on n’en a toujours pas vu la queue! Fatigué, je
m’arrête sur un parking en pleine forêt où 2 véhicules sont déjà stationnés
pour la nuit ; une heure après, nous serons plus d’une dizaine. On en
profite pour dévorer notre plateau de fromage acheté la veille.
Stop 4, Cape
Conran : sûrement notre étape la plus sympathique de cette
route ! On s’arrête d’abord à l’est du cap sur une aire de pique-nique où
l’on trouve une douche (froide) près d’une plage de surfeurs. En Australie, ce
type d’aires est très bien aménagé avec des barbecues à gaz, des planchas, des
tables avec des bancs, des abris, des toilettes propres et quelques fois des
douches quand elles sont au bord d’une plage. Sauf qu’un panneau interdit le
camping avec le symbole d’une tente barrée. Bien qu’on ait un camping-car et
non une tente, on ne se risquera pas de jouer avec la signalétique et après une
bonne douche revigorante, on continue notre chemin.
Six bornes plus loin, je vois un panneau qui indique une
rampe pour bateau ; comme cela nous avait bien réussi à Austinmer, je
tente ma chance et emprunte cette route sinueuse au milieu des pins. L’avantage
des rampes pour bateaux est que les emplacements de parking sont conçus pour
des véhicules avec remorques dont la longueur est largement adaptée pour
stationner les 7m de notre campervan. Souvent, on ne sait pas si on a le droit
d’y rester pour la nuit mais au moins, on pourra toujours rétorquer qu’on était
bien garé sans faire ch… personne !!! Et quand j’écris personne, c’est
vraiment personne car après le crépuscule, la dernière voiture nous laisse
complétement seuls. Juste avant de s’en aller, un papi anglais venu faire des
photos du coucher de soleil et de la faune, descend de son 4x4 et nous met en
garde si on doit encore prendre la route alors que la nuit est tombée. Il nous
explique qu’il ne faut pas dépasser les 60 km/h en raison de tout ce qui est
susceptible de traverser la route, attiré par la lumière des phares :
kangourous, wombats, renards, etc. On lui explique qu’on compte rester là cette
nuit et comme il n’a rien rétorqué, on en a déduit que cela ne posait pas de
problème ! De toute façon, je n’avais pas l’intention de partir, mon van
n’est pas équipé de pare-buffles comme tous les 4x4 ici, mais aussi les bus,
les camions et même quelques camping-cars !!
On passe une très belle nuit, bercée par le bruit des vagues
qui viennent s’échouer sur les rochers. Au petit matin, les premiers pêcheurs
qui déchargent leur barque me réveillent et j’en profite pour sortir et faire
quelques clichés de la faune. Il y a des oiseaux bien sûr (hérons ou aigrettes,
mouettes…) mais aussi des phoques qui prennent le soleil sur les rochers ou qui
font les morts à la surface de l’eau. Je tombe même sur un dragon !
L’endroit se prête à faire de jolies photos, déjà la veille, je m’étais régalé
avec le coucher de soleil. On a du mal à quitter ce lieu et avant de partir, on
profita encore de l’interminable plage de sable située de l’autre côté de la
colline.
Stop 5, Marlay
Point : sur un parking au bord du lac
Wellington, on rejoint des pêcheurs et des caravanes qui semblent installés
depuis des semaines ! Je reste épaté par l’équipement des Australiens. Les
caravanes sont souvent à 2 voire à 3 essieux, suspendues et rehaussées pour
affronter des sols difficiles avec les pneus tout-terrain qui vont avec !
Elles sont pratiquement toujours tractées par de puissants 4x4 avec des prises
d’air “snorkel“ qui semblent prêts à prendre le départ d’un rallye-raid !!
Les tentes sont toutes aussi impressionnantes, arrimées dans la benne arrière
des pick-ups, elles se déplient tel un éventail pour proposer jusqu’à 4
couchages. Dessous, des box en alu renferment les denrées et les réchauds à
gaz. Tout est parfaitement rangé et ça sent le camping de pro ! Vu le
nombre de caravanes rencontrées sur la route, je pense que les Australiens
affectionnent le camping pour passer leur WE et vacances.
Stop 6,
Walkerwille : sur une aire de campeurs à l’écart de la route qu’on
rejoint après 5 bornes de piste qui secouent le van dans tous les sens,
notamment la vaisselle ! Le ciel est gris, parsemé d’averses et les roches
volcaniques sombres qui bordent la mer rendent l’atmosphère triste et désolée.
Même les oiseaux rachitiques semblent galérer pour trouver leur nourriture.
Seuls les algues et les coquillages mettent un peu de couleurs dans ce paysage
du bout du monde…
Avec notre parcours entre Sydney et Melbourne, on a sillonné
les routes de la côte pendant 1400 km. Après les nuitées dans de “vrais“
campings, on a donc expérimenté le camping sauvage qui s’est avéré être une vraie
révélation pour nous ! Notre van est tout à fait la hauteur, son autonomie
en eau et en électricité plus que suffisante. En Australie, la disponibilité de
points d’eau, de douches et de toilettes rend encore plus facile le séjour. Le
seul grief est peut-être l’absence de chauffage car certaines nuits étaient
vraiment très fraîches (10°) et la couette fournie était un peu “juste“. Mais
on a du mal à se plaindre quand on voit les autres… En fait en Australie, il y
a 3 types de campeurs :
- les “roots“ qui dorment dans leur vieux 4x4 ou breaks, remplis à raz bord de fringues, de bouffes, de bières, de guitares et de planches de surf. Certains roupillent à l’extérieur dans l’herbe avec leur sac de couchage. A côté d’eux, nous c’était le grand luxe…
- les “pros“ avec leurs caravanes et leurs tentes de champion du monde souvent faites sur mesure avec les roues de la remorque assorties aux jantes du véhicule ! Ils sont prêts à dormir n’importe où, dans la forêt, sur la plage, dans un champ mais dans le plus grand confort et ne nécessitant que quelques minutes pour s’installer et idem pour lever le camp ! A côté d’eux, on est des rigolos…
- et enfin les “touristes“ comme nous qui louons des vans chez Apollo, Maui, Britz… On doit se positionner entre les 2. Un semblant de “roots“ avec des véhicules confortables et correctement équipés.
Le camping est un sacré business en Australie, d’une part
par le nombre de campings dans le moindre bled en bord de mer ou à proximité
d’un parc national, ensuite par les sommes investies dans le super matos qu’on
a pu voir et d’autre part par les flottes impressionnantes de véhicules de
location. Rien qu’Apollo, c’est plus de 2000 véhicules allant du petit van au
vrai camping-car en passant par les 4x4 à cellule.
Perso, depuis le début de notre périple et après ces 10
jours en campervan, c’est la première fois que je me sens vraiment “voyageur
autour du monde“ avec un incroyable sentiment de liberté, d’aller et de rester
au gré des envies, des coins sympas et de l’état de fatigue. Le matin on
choisit une direction sans savoir où on sera le soir, on trace et dès qu’on en
a marre, on cherche un endroit tranquille pour passer la nuit, seul ou avec
d’autres voyageurs comme nous. Le seul regret est peut-être de ne pas avoir
fait de rencontres, la fraîcheur du soir n’encourageant pas à sortir la table
et les chaises et souvent dès 19h, tout le monde a mangé et est déjà cloîtré
dans son véhicule !
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