The Great Ocean Road


18-25/3.
Tout est dit dans le titre ! Mais les Australiens auraient pu tout aussi bien l’appeler the incredible ocean road ou même the totally amazing ocean road !! C’est en lisant mi-janvier le blog de nos potes belges Astrid et Bruno (rencontrés dans le Transsibérien) qu’on a pu découvrir leurs fantastiques photos de leur trip en Australie et qu’on s’est décidé à faire la même route. Et en campervan ! Bruno nous a filé plein d’infos et c’est grâce à eux qu’on s’est mis en quête de trouver un véhicule dont le point d’orgue serait cette route mythique.



Elle débute à Torquay qu’on rejoint rapidement en suivant la highway depuis Melbourne. La route se rétrécit et commence à longer le front de mer. On est d’abord hypnotisé par l’océan et les vagues furieuses qui semblent s’échouer en vitesse accélérée sur la plage ou les rochers ! Mais très vite, on lève les yeux vers les terres et les maisons hallucinantes qui sont accrochées sur les collines verdoyantes surplombant la route. Elles sont pour la plupart construites dans le vide, soutenues par d’énormes piliers en métal ou en béton. La palme revient à cette villa dont le “modeste“ salon (avec cheminée) est séparé du bâtiment principal par une passerelle d’environ 15 m, offrant une situation exceptionnelle, suspendue dans les airs et avec une vue imprenable sur l’océan. Les suivantes sont toutes aussi insolites, souvent énormes ou à l’architecture torturée et même certaines avec un petit funiculaire privé pour accéder du garage en contrebas à la résidence plus en hauteur ! Malgré ces impressionnantes maisons privées, il n’y a aucun hôtel ou constructions disgracieuses qui viendraient gâcher le paysage. Les villas sont subtilement disséminées dans la nature et cela laisse une impression d’environnement sauvage largement préservé par les nombreux parcs régionaux qui couvrent la côte.



Pour rallier Melbourne à Adelaïde, on aura fait 6 étapes. La première partie (entre Torquay et Warrnambool) est évidemment la plus intéressante et la suite peut paraître plus ennuyeuse ou répétitive. Certaines agences proposent même de faire la route en 1 journée, dans sa version express, avec un aller/retour depuis Melbourne !







Stop 1, Lorne : cette petite ville est située tout juste après le passage du Memorial Arch qui honore 3000 soldats revenus de la première guerre mondiale et qui ont construit les premiers tronçons de la Great Ocean Road. Ce monument en bois symbolise la porte d’entrée de la route. Quant à Lorne, la première colonie qui s’y est installée date de 1883 et aujourd’hui c’est une station prisée des marcheurs car elle est le point de départ de plus de 50 km de circuit. Comme il n’y a pas de campsite le long de la mer, c’est à Lorne qu’on bifurque vers les hauteurs boisées de Big Hill où l’on passe la nuit sur une aire gratuite spécialement pour les campeurs (tente ou camping-car). Lorsqu’on arrive, le parking est déjà saturé d’une bonne vingtaine de véhicule et je me gare finalement sur le chemin en terre qui y mène. Ce qui n’a pas plu au ranger venu nous réveiller au petit matin pour nous demander de rejoindre les autres sous peine de nous infliger une amende $99. Il fallait prévoir une aire de camping plus grande mon bon monsieur !! Surtout que c’est pratiquement la seule (gratuite) sur cette première partie de la Great Ocean Road.


On redescend de notre montagne pour reprendre notre route et on roule paisiblement en faisant une halte à chaque point de vue (lookout) signalé sur la carte tel que Mount Defiance, Cape Patton, Godfrey Grave




Stop 2, Lake Craven : à nouveau, il faudra quitter la route pour prendre une perpendiculaire puis parcourir quelques km sur une piste dans la forêt pour rejoindre une aire de campement spécialement aménagée juste au bord du lac. Sur le chemin, on croise notre premier kangourou qui nous attend gentiment au milieu de la voie. Et dire que depuis Sydney, on s’est fait ch*** à scruter les fourrées pendant des bornes (environ 1600) pour essayer d’apercevoir la fourrure du plus petit spécimen !! Et là, le bestiau est droit devant, à quelques mètres du capot et nous fixe béatement avant de rejoindre les hautes herbes du champ voisin.


Arrivant tôt, on en profite pour faire une petite marche en empruntant une (infime) partie de la version pédestre de la Great Ocean Road : la Great Ocean Walk qui totalise 104 km et constitue l’un des plus beaux tracés du pays ! Le chemin nous emmène sur une énorme dune de sable qui se révèle assez sportive à franchir. Au sommet, on a une vue sympathique sur le lac et les collines environnantes.






De retour au camp, je pars à la recherche de koalas mais nul besoin d’explorer toute la forêt, en levant les yeux à 20m du campervan, je trouve la charmante bestiole débutant son repas du soir accroché à une branche. Comme c’était un peu trop easy et après l’avoir shooté sous tous les angles, je m’enfonce tout de même dans les bois, en quête d’un congénère !



En partant le matin, on discute longuement avec un couple d’une cinquantaine d’années, originaire de Sydney, qui nous indique tous les coins sympas à visiter jusqu’à Adelaïde et où trouver un camp le soir venu. On a même le droit à des infos sur les bons spots de surf sur la Gold Coast (Burleigh Heads).


Stop 3 : Princetown : c’est LA grosse étape de la route avec toutes les fameuses formations rocheuses plantées dans l’océan et rongées par les vents et la mer. Il y a tout d’abord Gibson Steps dont les marches le long de la falaise mènent à la plage afin de voir de près le travail de l’érosion durant des milliers d’années.








A peine quelques km plus loin s’enchaînent les Twelve Apostles, Loch Ard Gorge, Mutton Bird Island, Broken Head et la Thunder Cave. Le spectacle est tout simplement fantastique, d’une part par les formes exceptionnelles qu’ont prises les roches où l’on distingue les différentes strates de sédimentation, d’autre part on continue d’être hypnotisé par le flot incessant et furieux des vagues qui s’explosent sur les falaises. Le bruit est monstrueux et couvre presque totalement le ballet des hélicoptères qui survolent le site pour quelques centaines de dollars. Plus particulièrement au-dessus de la Thunder Cave qui mérite largement son nom, la résonance est assourdissante !









Tout au long du sentier pédestre, on trouve des explications intéressantes sur la formation des rochers mais surtout des histoires et des légendes de marins faisant référence à ces falaises. Jadis, ce morceau de la côte a vu s’échouer bon nombre de navires dont on peut encore distinguer certaines épaves à marée basse.

Le soir, on fait étape au camping de Princetown où l’on retrouvera notre gentil couple de Sydney. Je gare le campervan sur l’herbe près d’un immense champ et à quelques mètres, trois kangourous sont tranquillement installés et ne semblent pas du tout apeurés par mes manœuvres pour parquer mon engin. Plus tard, on découvre que le champ grouille de kangourous de toute taille qui sautillent allègrement. Pour les avoir observés, shootés, filmés pendant plus d’une heure, je peux désormais faire une thèse sur le déplacement de la bête et l’utilisation de sa fameuse queue !! Mais la nature est vache… quelle idée saugrenue de l’avoir flanqué d’aussi petites pattes avant, l’obligeant à se faire à un lumbago pour chercher à manger !!!






Stop 4, Mount Schank : on couvre un gros morceau de route en s’arrêtant à chaque lookout intéressant et on retrouve la Princes Highway qu’on a emprunté dès nos débuts à Sydney. On veut faire étape à Port Macdonnell et on se promène sur les falaises du cap non loin du village. Ici, on a donné des noms d’animaux aux formations rocheuses (rhino, camel, frog) qui caractérisent assez bien la forme que le temps et l’érosion ont réussi à sculpter. Le point de vue est superbe et le camping n’y est pas interdit mais le vent est beaucoup trop fort pour envisager d’y passer la nuit.



On remonte vers le nord, dans les terres, jusqu’à trouver le parking et l’aire de pique-nique du Mont Schank, un cratère volcanique formé par des éruptions il y a plus de 5000 ans.
Le matin venu, on se lance sur le tracé qui nous emmène au sommet et fait le tour du volcan. On emprunte ensuite un chemin ainsi que de nombreuses marches serpentant à l’intérieur et qui va jusqu’au fond du cratère. Pour le retour, je me risque à escalader la paroi rocheuse laissant Adèle revenir seule sur ses pas. Pas peu fier d’arriver au sommet en un temps record, tel un gamin qui remonterait un toboggan dans le mauvais sens, je crache ensuite mes poumons comme un tuberculeux et je sens que ma poitrine va s’ouvrir en deux !!!




Stop 5, Beachport : on continue de visiter les phénomènes géologiques de la région, le Little Blue Lake tout d’abord qui est effectivement tout petit mais qui en cette matinée nuageuse semble plus vert que bleu ! Une algue est responsable de sa couleur et un panneau déconseille la baignade aux personnes sensibles de l’épiderme.








Plus loin, au Mount Gambier, on trouve le vrai et grand Blue Lake qui est effectivement bleu ! Il est le résultat d’une éruption volcanique il y a plus de 4800 ans dont le cratère fut ensuite rebouché et envahi par la nappe phréatique. Pendant des années, sa large circonférence de 5 km et sa profondeur moyenne de 80 m ont constitué un gigantesque réservoir de 36.000 megalitres servant à la population environnante.





Le soir, on retrouve la mer à Beachport, célèbre dans la région pour son ponton de 772 m de long, datant de 1882, qui surplombe les eaux turquoises du lagon. L’endroit est calme et le ponton interminable est un paradis pour les pêcheurs. On y mangera notre meilleur fish & chips !!











Stop 6, Willalooka : fatigués par la route, nous nous arrêtons sur la route principale menant à Adelaïde dans un bled paumé de 300 âmes. Une aire pour routiers en terre battue offre toilettes et même une douche chaude. Mais le parking est trop près de la voie et je refuse de passer la nuit à être balloté par les passages des énormes camions de bétail qui tracent à plus de 100 km/h. On trouve finalement refuge 300 m plus loin, sur un recoin sablonneux d’une route perpendiculaire où il ne passera qu’une seule voiture (!!!) entre notre arrivée vers 18h et notre départ le lendemain vers 9h.



Avant de restituer le campervan à l’agence Apollo d’Adelaïde, on fait un petit tour de la ville. C’est Melbourne en (beaucoup) moins branché et en (beaucoup) plus petit avec quelques illustres bâtiments de l’époque victorienne et d’autres plus récents datant des années 40-50. Il y a également beaucoup de galeries marchandes qui bordent la principale rue piétonne entièrement dédiée au shopping. On clôture la visite par les jardins botaniques avant de se prendre une rincée.





Donc rien de bien original ou qui mérite d’y passer plus que la journée ! Cela tombe bien, notre taxi pour l’aéroport nous attend (un chauffeur sikh comme en Inde !) et nous voilà en route pour la dernière grosse partie de notre séjour en Australie : direction Brisbane et la Sunshine Coast, paradis des surfeurs!




Au final après 20 jours, 3 états (New South Wales, Victoria et South Australia), 1 fuseau horaire, on rendra notre campervan avec 3100 km de plus au compteur. On redoutait de se retrouver confiné dans un espace aussi réduit pendant 3 semaines mais l’expérience s’est révélée géniale, nous offrant une autonomie et une liberté encore inédites depuis notre départ. Tout comme nos longs voyages en train en Russie, on a très vite trouvé nos marques et notre organisation. Le camping qui est largement pratiqué en Australie permet de disposer de très nombreux sites, payants ou gratuits, qui sont très bien entretenus et aménagés. Sur toutes les aires gratuites, il y a toujours des toilettes propres (avec du papier !!), voire des douches ainsi que des barbecues communs qui ne rebutent par à faire griller un steak……… de kangourou ! Les campeurs sont très respectueux des espaces mis à leur disposition et chacun part le matin en emmenant ses déchets avec soi, aussi bien les couples plus âgés et leur caravane de compétition que les plus jeunes dormant dans leur vieux van ou 4x4 et qui la nuit tombée, étalent leurs affaires dehors pour se faire de la place pour dormir. Bref, on a adoré et on hâte de recommencer en Nouvelle-Zélande…

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