Nanjing, 10-12/11.
Notre croisière sur le Yangzi s’est achevée à Yichang et du débarcadère un chauffeur nous a directement conduit à la gare. De là, on prenait pour la première fois le “TGV“ chinois qui s’appelle ici CRH et qui devait nous emmener à Nanjing (Nankin) en 6 heures (au lieu des 16 en train couchette !!). Epatés par la gare ultra-moderne et le train aux allures de navette spatiale, on en avait oublié la rusticité du peuple chinois…
J’en oublierai presque de parler de Nanjing… où l’on a
pourtant rencontré des personnes fort aimables. A commencer par le soir de
notre arrivée dans notre auberge de jeunesse située dans une ancienne fabrique,
reconvertie en parc pour artistes et étudiants en arts. A l’entrée du complexe,
le gardien de nuit n’a pas su nous expliquer quelle direction prendre et nous
errions dans les allées au milieu des vieilles bâtisses en briques et aux toits
en dents de scie. Trois étudiantes qui passaient par là et qui s’inquiétaient
de nous voir perdus, nous ont immédiatement offert leur assistance. Je leur ai
montré notre réservation et elles nous ont guidé jusqu’à la réception de notre
hôtel situé quelques centaines de mètres plus en hauteur. Elles sont restées
avec nous jusqu’au point d’être assurées que nous avions atteint la bonne
destination. Adorable…
Le lendemain, nous étions dans un métro où tous les sièges
étaient occupés et un jeune homme qui ne devait pas dépasser la vingtaine,
proposa sa place à Adèle, presque gênée et toute surprise d’une telle
galanterie.
Nanjing est surtout connue pour l’horrible massacre perpétré
par les Japonais en 1937 sur la population civile. Un mémorial a été ouvert en
souvenir des 300.000 personnes mortes et le Lonely conseille vivement de le
visiter.
Le matin du premier jour après avoir checker sur la carte
fournie par l’auberge de jeunesse, on a trouvé le « Yuhuatai Martyrs Memorial » situé dans le beau et grand parc
du même nom à 20 min de marche. Comme on a vu “martyr“, on ne s’est pas posé
plus de question et on s’est mis en route. Une fois sur place, on a vu des
statues, on a monté un grand escalier avec un mémorial au sommet avec sa flamme
éternelle et une gerbe de fleurs, on a visité une expo consacrée à Mao et on a
fini par le musée des Martyrs. Vers la fin du musée (très bien fait d’ailleurs
mais manquant d’explication en anglais) et au bout d’1h30 passée dans ce parc,
on n’avait toujours pas vu de rapports avec les Japonais et on cherchait encore
les photos et les documentaires insoutenables du massacre que rapportaient le
Lonely !
C’est à ce moment qu’on a ressorti le guide ainsi que la
carte et que l’on a enfin compris qu’on n’était pas du tout au bon
endroit !! Des martyrs, il y en a eu plusieurs à Nanjing et les “nôtres“
n’étaient pas des civils tués par des Japonais mais des communistes révolutionnaires
exécutés par le Guomindang avec Tchang Kaï-check à sa tête ! C’est
ballot…
Du coup, on a pris le métro et pas moins de 7 stations plus
tard, on s’est enfin retrouvé devant le bon mémorial, il était près de
14h !!
Le ton est donné avant même de rentrer dans l’enceinte du
mémorial : les bâtiments ultra design sont gris et des statues noires
représentent des enfants et des femmes entrain de fuir ou de crier. Sur ces
sculptures on arrive à ressentir la peur, l’angoisse et la souffrance ; ça
file la chair de poule. Le temps est gris, on est un peu claqué d’avoir dû
traverser la ville pour trouver le bon site et on sent que la visite va être un
poil glauque !!
Une fois entrés, on peut constater que les expositions de ce
mémorial sont très bien réalisées et on sent qu’ une certaine oppression
montait au fur et à mesure qu’on avance dans le parcours. Les photos sont de
plus en plus “hard“ et je surprends Adèle à détourner le regard de certains
clichés. Les atrocités commises par les Japonais sur la population civile, sont
immortalisées par des photos prises par les soldats nippons eux-mêmes et
sûrement ramenées à l’époque comme trophées. Décapitations au sabre, viols
collectifs aussi bien sur des fillettes que sur des femmes âgées, profanations
de corps, concours de meurtres et de mutilations sont décrits avec réalisme et
donne froid dans le dos. Au début, on lit attentivement les explications
traduites en anglais mais plus on avance dans l’horreur, plus les photos
parlent d’elles mêmes.
En temps de guerre, l’Homme n’a aucune limite et devient une
bête féroce qu’aucune atrocité n’arrête… Si le cœur vous en dit, allez sur
Wikipedia et faites une recherche sur le massacre de Nankin et vous comprendrez
dans quel état d’esprit on pouvait se trouver !! En sortant il est
largement imaginable que ce massacre soit ancré dans l’histoire de la ville. Un
livre sur le sujet est d’ailleurs devenu un best-seller : Le Viol de Nankin d’Iris Chang. Et comme
si ça ne suffisait pas, il y avait une “special exhibition“ sur………… le camp
d’Auschwitz au cas où on n’aurait pas vu assez d’horreur !!
On ressortant de là, il y avait juste en face un musée de la
soie dans lequel on s’est précipité, il n’était pas très intéressant mais au
moins cela nous a changé les idées… Après on a repris le métro pour gagner le
centre afin de trouver les ruines du
palais Ming qu’on a cherché pendant près d’1h30 pour finalement se rendre
compte qu’elles étaient là sous nos yeux dès la sortie du métro !!!
Effectivement, du palais, il ne restait vraiment que des ruines avec des
pierres dans un parc et une porte (la porte du Midi).
On a ensuite rejoint la zone piétonne près du temple Fuzi dont le quartier devient
très animé le week-end et comme nous étions dimanche, les rues sont pleines et
les Chinois flânent entres les magasins et les restaurants. On y a dîné sans
être convaincus que ce soit le meilleur quartier pour bien manger… Mais
l’ambiance est sympa et si le cœur vous en dit, vous pouvez embarquer à bord
des bateaux illuminés qui vous promènent sur le long de la Qinhuai durant une
trentaine de minutes…
Le lendemain, on s’est perdu dans les parcs du mont Zijin (montagne d’or pourpre) à
l’est de la ville. Cette immense colline boisée cache le mausolée de Sun Yat-sen (fermé le lundi, jour de notre visite !!),
le tombeau Ming Xiaoling (qu’on n’a
pas eu le temps de voir !!) mais aussi le site panoramique du temple
Linggu. Vu qu’on n’avait pas de bol avec les 2 premiers, on s’est rabattu sur
le troisième pour voir la Salle sans
poutre, le Pavillon du Vent dans les
pins, la pagode ainsi que le temple Linggu.
Au-delà de tous ces monuments, ce qui nous a le plus plu
était de nous perdre sur les chemins de ce parc jusqu’à se retrouver totalement
seuls sans entendre aucun bruit. Et en Chine, je peux vous assurer que c’est un
véritable luxe de trouver un tel lieu, surtout à proximité d’une ville, sans
entendre un klaxon, du trafic, un train ou un avion. Pour la première fois de
notre séjour en Chine, nous nous retrouvions tous les 2, perdus dans la forêt, au
calme !!! Et nous étions tels des explorateurs pensant trouver un trésor à
chaque fois qu’au détour d’une clairière, nous découvrions un mausolée, un pont
ou un temple envahi par les arbres et les feuilles mortes.
Le soir venu, nous rejoignons notre auberge de jeunesse où
comme la veille, le bar était bondé de voyageurs et une fille jouait de la
guitare près du bastringue sous un écran plat retransmettant un match de foot
pendant que certains tapaient le carton sur la table centrale. On s’est bu 2
Corona, Adèle checkait ses mails pendant que je déplorai une nouvelle attaque à
Clash of Clans. Encore une fois nous étions les plus âgés mais dans ce type
d’établissement, tout le monde s’en fout, les voyageurs n’ont pas d’âge…
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