6-9/11.
Notre séjour à Xi’an correspondait à la moitié de notre périple en Chine et on en a profité pour nous poser et revoir la suite du parcours. En relisant le Lonely et notamment les incontournables du pays, on a craqué pour une croisière sur le Yangzi, 3ème plus long fleuve au monde derrière le Nil et l’Amazone.
En regardant les prix directement sur internet cela nous semblait hors de prix et on s’est décidé à interroger l’agence CITS (voir post précédent) qui nous a trouvé de bien meilleurs tarifs et surtout une disponibilité aux dates désirées. On avait un timing serré et on voulait caser la croisière pile poil entre Xi’an et Nanjing remplaçant les 3 nuits prévues à Wuhan et Lushan.
Pour gérer notre “dossier“, on a eu du bol
d’être tomber sur Xie Jian, une responsable des ventes qui était compétente et
réactive, avec laquelle nous avons échangé une quinzaine d’emails avant de trouver
les bonnes dates, avec les bons tarifs et tout ça, DEUX JOURS AVANT LE
DEPART !!!
De Xi’an, on a réservé un vol China Southern pour rallier Chongqing
à 700 km au sud, point de départ de nombreuses croisières, dont les bateaux de Victoria Cruises. A notre arrivée, on a
entraperçu la ville dans le métro aérien qui nous menait de l’aéroport au
centre et malgré ses industries et ses 5 millions d’habitants, on a trouvé que
la métropole comportait un certain charme. Bien sûr il y a toujours des tours
d’habitation mais elles semblent plus petites et surtout elles sont accrochées
à des collines verdoyantes entourées de falaises qui plongent dans des
vallées.
Le soir venu on se rend sur la place Chaotianmen au-dessus
de laquelle évoluent de larges cerfs-volants d’environ 4 m sur 3 que leur
pilote semble parfois avoir du mal à maîtriser ! Vers 17h, on a pu embarquer
à bord du Victoria Selina (108 cabines) et découvrir une sympathique
surprise : l’agence de voyage avait précisé lors de la réservation que
nous étions en “honeymoon“ et ainsi on a été surclassé dans l’une des 6
Executive Suite que comptait le navire.
Comme les autres cabines, elle comporte un balcon latéral mais elle est plus grande et surtout elle est située à l’arrière du bateau et une large baie vitrée supplémentaire occupe toute la longueur, offrant une vue magnifique, qu’on soit couché dans le lit ou assis dans le petit salon. De plus, nous étions sur le 5ème pont, soit le plus haut juste en dessous de la terrasse panoramique.
Comme les autres cabines, elle comporte un balcon latéral mais elle est plus grande et surtout elle est située à l’arrière du bateau et une large baie vitrée supplémentaire occupe toute la longueur, offrant une vue magnifique, qu’on soit couché dans le lit ou assis dans le petit salon. De plus, nous étions sur le 5ème pont, soit le plus haut juste en dessous de la terrasse panoramique.
Vers 21h, le bateau a quitté la berge et c’est devant le spectacle de la ville et ses lumières que nous avons dégusté nos bols de nouilles chinoises achetés à l’épicerie du coin juste avant d’embarquer. Après le repas, on s’est couché, on a éteint les lumières et on a laissé tous les rideaux grands ouverts pour contempler la vue comme des gosses en attendant que le sommeil nous gagne !
Le lendemain la première escale fut Fengdu, la cité des Fantômes, surnommée ainsi car elle a été totalement submergée et déplacée sur l’autre rive. On descendit du bateau pour faire grimpette au sommet d’une colline où nous attend un lieu de culte taoïste datant de la dynastie Tang. On y trouve un ensemble de temples dédiés aux démons, hantés par les esprits des victimes de mort violente. Joyeux…
Une guide locale nous fait visiter les pavillons du paradis et de l’enfer tout en nous faisant passer différents “tests“ pour savoir dans lequel des deux nous serons destinés à passer l’éternité. Il y a également plusieurs ponts à traverser avec un certain rituel où il faut choisir sa passerelle selon que l’on souhaite santé ou richesse. Tous les hypocrites que nous sommes avons choisi le pont de la vitalité car comme lors des traditionnels vœux du Nouvel An, on se souhaite d’abord la santé !! Même si parfois la richesse peut nous aider à payer les soins médicaux…
La fin de visite s’est soldée par la visite du temple de l’enfer avec ses gardiens aux corps bleus et une jolie pagode de 7 étages.
De retour au bateau pour le déjeuner, on a pu faire la
connaissance d’un couple de Lillois fort sympathiques, Philippe et Pascale,
tous les deux âgés d’une cinquantaine d’années et effectuant un voyage de 15
jours en Chine. A nous 4, nous étions les seuls français et nous partagions la
table avec un couple d’Américains, 2 jeunes suisses et 2 Lituaniens. Adèle et
moi les avions déjà vus au petit déj mais comme nous ne sommes pas du matin
(réveil réglé à 6h00…) nous n’avions pas vraiment fait la causette…
Le lendemain, le bateau avait atteint la gorge de Qutang, première des trois gorges et la plus impressionnante avec ses falaises vertigineuses se jetant dans le Yangzi. Comme souvent dans la région, le ciel était assez voilé et je suis “gâché“ car mes photos sont dégueulasses même en poussant la saturation et le contraste. Dès qu'il y a un rayon de soleil, je me console avec la couleur du fleuve que j’arrive à sortir avec un vert émeraude grâce à la végétation parfois luxuriante qui habille les parois. Les falaises découpées à la hache dévoilent des strates de roches qui ressortent dans un mélange de gris, de jaune et d’orange. Malgré la brume accrochée aux cimes et le vent qui fouette le visage, le spectacle est grandiose et on reste réellement impressionné par cette traversée qui s’étend sur 8 km.
Le bateau passe devant Wushan
pour ensuite attaquer la gorge de Wu
(ou gorge des sorcières) qui offre un panorama tout aussi magnifique durant 40
km avec un mélange de pics vertigineux et de pentes verdoyantes dans lesquelles
on débusque parfois une maison ou un pavillon rouge. A travers la brume, on
peut distinguer le pic de la Déesse
et celui des Immortels. Je shoote
comme un dératé en changeant tous les réglages, l’exposition… mais rien y fait,
sur chaque cliché je retrouve toujours ce foutu fond grisâtre qui fait disparaître
le relief des montagnes dans un anthracite uniforme et délavé !
Après les gorges, le Victoria Selena s’arrête à Badong pour nous débarquer afin
d’emprunter de plus petits bateaux et nous engouffrer dans de petites
gorges très pittoresques sur la rivière
Shennong. Cet affluent est un modèle réduit des gorges du Yangzi mais
l’étroitesse du sinueux “ruisseau“ et la proximité des falaises rendent la
promenade assez impressionnante surtout lorsque quelques grottes, formations
rocheuses et autres ponts de la future autoroute Shanghai-Chengdu viennent rompre la
“presque“ monotonie des collines luxuriantes.
Au bout du parcours nous attendent des pirogues propulsées par 4 gaillards enjoués afin de nous faire atteindre le fond de la gorge. On a eu le droit à une démonstration des “boat trackers“, des hommes qui jadis faisaient passer les bateaux en les tirant du bord de la berge au moyen d’une longue corde et ce dans le plus simple appareil ! Lors de la présentation du matin sur le bateau, le diaporama nous montrait des jeunes hommes nus, costauds et musclés des bras aux cuisses en passant par les fesses dont les images ont généré une clameur chaleureuse des spectatrices. En réalité nos “trackers“ n’étaient plus très jeunes, vêtus de bas de survêtements informes avec des gilets en laine trop larges et portant des tongs de tissus tenant aux pieds avec de la corde !! Les femmes ont protesté énergiquement et ont demandé à être remboursées de l’excursion…
Au bout du parcours nous attendent des pirogues propulsées par 4 gaillards enjoués afin de nous faire atteindre le fond de la gorge. On a eu le droit à une démonstration des “boat trackers“, des hommes qui jadis faisaient passer les bateaux en les tirant du bord de la berge au moyen d’une longue corde et ce dans le plus simple appareil ! Lors de la présentation du matin sur le bateau, le diaporama nous montrait des jeunes hommes nus, costauds et musclés des bras aux cuisses en passant par les fesses dont les images ont généré une clameur chaleureuse des spectatrices. En réalité nos “trackers“ n’étaient plus très jeunes, vêtus de bas de survêtements informes avec des gilets en laine trop larges et portant des tongs de tissus tenant aux pieds avec de la corde !! Les femmes ont protesté énergiquement et ont demandé à être remboursées de l’excursion…
De retour sur le Victoria Selina, nous avons continué à
descendre le Yangzi en traversant la gorge
de Xiling, la plus longue (80 km) mais aussi la moins intéressante. Du coup, je me console en photographiant les
lourds cargos remplis de charbon, les camions de fret ou voitures neuves qui
font route péniblement vers Shanghai.
Au dîner, le commandant nous annonce le passage du barrage des Trois gorges vers 23h30. Ce colossal édifice est le plus grand barrage du monde avec 2335 m de long et 140 m de haut. Les 34 générateurs de conception européenne (dont Alstom, cocorico !!) possèdent une puissance de 22500 mégawatts soit 10% de la capacité hydroélectrique du pays pour un coût total “officieux“ de 40 milliards d’euros. Au-delà de cette fierté nationale, l’édifice a suscité de nombreuses polémiques à commencer par le déplacement de 1,4 millions d’habitants pour inonder les 1000 km2 du réservoir formé et rayant de la carte plus d’un millier de villes, de villages et de sites archéologiques !
Les critiques proviennent également des écologistes et des
scientifiques qui incriminent l’édifice pour ses effets sur l’environnement
(changements climatiques, glissements de terrains, tremblements de terre, etc.)
et sur l’écosystème (extinction du dauphin de la rivière, prolifération
d’algues, sécheresse, etc.). En plus, le brouillard généré par les m3
d’eau empêche la navigation à certaine période de l’année. Et au final, ce
projet pharaonique ne couvre à peine 3% de la consommation du pays…
Pour passer le barrage, les bateaux doivent emprunter un
gigantesque “escalier“ de 5 écluses, long de 1500 m faisant parcourir aux
navires un dénivelé de 113 m. Enooorme !!! Voulant à tout prix voir ce
“monstre“, j’ai lutté pour rester éveillé mais à 23h lorsque que le Victoria
Selena a stoppé les machines pour se placer dans la file d’attente, j’ai
lamentablement sombré…
Vers 0h45, réveillé par le bruit des moteurs et des
faisceaux lumineux qui balayaient la cabine, je me suis précipité pour ouvrir
les rideaux. La première image m’a quelque peu “paniqué“ car sur l’instant je
ne distingue à travers la vitre qu’un interminable sarcophage de béton me
renvoyant à des cauchemars claustrophobes de ma tendre enfance. Mon cerveau à
peine sorti d’un premier sommeil a totalement oublié cette histoire d’écluses
et ne comprend pas quelle structure peut contenir un navire de 6 étages et de
5000 tonnes ! Je me dirige vers la baie vitrée qui donne sur l’arrière du
bateau et mes yeux sont totalement illuminés par des projecteurs pointant vers
notre direction. Là aussi, ça fait bizarre sur le coup et encore “choqué“ par
le mur de béton, je mets une seconde à réaliser que c’est un bateau à quelques
mètres du nôtre qui “partage“ la même écluse ! Je saisis au vol mon
appareil photo, un jean et ma polaire pour sortir de la cabine et observer ce
spectacle ahurissant avec pour fond sonore le vacarme des moteurs au ralenti.
Je gravis l’escalier devant notre baie vitrée qui m’amène directement au dernier pont et à sa terrasse offrant une vue à 360°. Ce n’est qu’à ce moment-là que je réalise vraiment notre position et mes yeux désormais grands ouverts, je reste médusé par le spectacle exceptionnel auquel j’assiste. Derrière nous, le bateau de “seulement“ 4 ponts fait figure de petit yacht de plaisance coincé dans l’énorme structure de béton. Idem pour le cargo rempli de charbon arrimé juste à côté de nous qui passe pour une péniche ridicule !
Notre navire mettra 4 heures à franchir les 5 écluses pour faire escale quelques kilomètres plus bas et nous permettre le lendemain matin de visiter l’édifice. C’est ainsi qu’on découvre de jour les installations, en passant tout d’abord un pont qui traverse la dernière écluse située en aval. De notre bus, les bateaux coincés derrière les portes de 25 m de haut ressemblent à des jouets dans leur boîte…
On se rend ensuite dans une salle d’exposition où l’on peut
observer une maquette de l’ouvrage pour essayer d’imaginer la taille réellement
gigantesque de la réalisation. On distingue également un “ascenseur“ encore en
chantier destiné au passage des embarcations de plus petites tailles (< 3000
tonnes). Là encore les chiffres du projet sont faramineux puisqu’il s’agit de
faire monter et descendre un bac sur une hauteur de 150 m contenant près
de 8000 tonnes de flotte sans compter les 3000 tonnes du bateau !! Une fois
terminé, il deviendra le plus grand ascenseur à bateaux du monde. Et encore un
record chinois…
La visite se termine par une marche grandement aidée par
d’interminables escalators qui nous mènent sur plusieurs plateformes pour
admirer les écluses. On nous présente également les dispositifs de sécurité en
cas de panne des portes ou d’attaque terroriste sur le barrage qui, s’il
venait à céder, risquerait la vie de 75 millions de personnes vivant en aval…
Enveloppé par le brouillard épais et malgré sa taille plus
qu’imposante, il sera impossible d’apercevoir le barrage, juste les grues de
levage rouges disposées sur les premières centaines de mètres. La route
traversant la construction est lourdement gardée par des policiers et des
véhicules d’intervention. Des panneaux de circulation sur le côté de la
chaussée interdisent le port de casquettes et l’ouverture de parapluies pour
laisser le champ libre aux centaines de caméras qui quadrillent l’accès.
La visite terminée, nous rejoignons notre bateau dans lequel
nous attend notre dernier déjeuner à bord. Encore quelques km et nous arriverons
Yichang, poursuivis par un curieux
dragon doré qui finira par nous dépasser juste avant notre arrivée !
C’était notre première croisière et Adèle et moi avons apprécié ce
séjour ! On a profité de notre confortable cabine qui nous a offert la
meilleure literie depuis le début de notre tour du monde. Le service à bord
était sympathique et efficace, les buffets étaient variés et les prix des
boissons restaient tout à fait corrects. Nonobstant le nombre de personnes, les
excursions étaient fluides et très bien organisées sans temps d’attente.
Malgré la brume qui nous accompagnait tout au long de la
descente, on a adoré les fantastiques paysages et d’avoir le temps de les
apprécier alors qu’ils défilaient à la vitesse modérée du bateau. Comme c’est
la première, on ignore comment se passe une croisière sur l’océan mais
l’avantage avec une rivière est qu’il y a toujours “quelque chose“ à voir. Bref
on a kiffé et on recommande fortement…
Bonjour ,nous voici rentrés en France où le temps est glacial et où les marchés de Noël ouvrent leurs chalets!!!nous voyons que tout va bien pour vous ,continuez à nous raconter votre périple agrémenté d 'aussi belles photos et prenez soin de vous .les 2 français Philippe et Pascale
RépondreSupprimerNous ignorons si vous avez reçu notre commentaire mais bon vent pour vos nouvelles aventures et nous sommes contents de vous avoir croisés .On vous suivra....
RépondreSupprimerPhilippe et Pascale