
Rincon de la Vieja, 17-20/2.
La dernière fois qu’on a mis les pieds sur un volcan, c’était au mois d’août. On avait été un poil déçu par le Volcan Arenal car on s’était réjoui un peu trop vite de pouvoir constater son activité. La faute à notre Lonely Planet de 2008, dont les infos n’étaient pas vraiment à jour (voir article). Pour le Rincon de la Vieja, on n’avait pas pris plus d’info que ça mais on nous l’avait vivement conseillé à plusieurs reprises. Situé à 30 minutes de Liberia où l’on doit rendre notre voiture, ce parc national est idéalement situé pour clore notre séjour au Costa Rica. Il fait parti de la zone de conservation du Guanacaste, inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
Après la traversée chaotique de Liberia où l’Etat construit une 4 voies qui doit un jour rejoindre
la capitale (mais oui, mais oui, tout arrive !!), on emprunte une route
tout à fait bucolique qui serpente tout en montant sur les collines au pied du
volcan. La route est anormalement parfaite, surtout compte tenu de son tracé et
qu’elle semble creusée dans la roche. Du coup, il n’est pas rare de croiser des
cyclistes qui profitent pour faire quelques km sur une chaussée aussi lisse
qu’un billard et pour une fois, je n’ai pas à viser entre les nids de
poule !
En arrivant au village du Curubandé, Adèle m’annonce qu’on va passer les 3 nuits sous une
tente ! En y repensant, cela fait depuis la Nouvelle-Zélande en avril
dernier, que nous n’avions plus fait de camping. Ce type d’hébergement n’est
pas très répandu au Costa Rica. On a bien vu quelques tentes de backpackers à Montezuma ou à Brasilito,
tout près de Tamarindo, mais c’est
tout !
A El Sol Verde
(curieux comme nom !), on a le choix entre 2 “cahutes“, 2 bungalows ou des
emplacements libres pour poser sa propre tente. L’endroit est plaisant et les
propriétaires, un couple d’Hollandais, nous dispensent clairement toutes les
informations pour explorer le parc.
La nuit tombe et en buvant une bière autour de la table
commune disposée près des réchauds qui font offices de “cuisine“, on rencontre
une famille russe. Originaire de Saint-Pétersbourg, Elena et Sergueï habitent
désormais à Brooklyn avec leurs 2 enfants, près de Little Odessa, ça ne s’invente pas !! Sergueï voyage dès qu’il le peut en Amérique Latine (toujours en
camping) et durant les 3 soirées de notre séjour, on échangera nos expériences.
On parlera également de politique et des différences entre la Russie, la France
et les Etats-Unis. A ce sujet, le mot qui revient le plus dans sa bouche est
certainement “bullshit“…
Dans le parc national, il y a 4 parcours disponibles. Le
plus long et le plus difficile arrive au sommet du volcan après 8 km mais il
est fermé en raison de son activité ! Il y a également deux sentiers de
difficultés modérés qui mènent chacun à des cascades, les Cataratas La Cangreja (5 km l’aller), les Cataratas Escondidas (4,3 km l’aller) et enfin, un parcours
circulaire de 3 km au pied du volcan que font la majorité des touristes.
On commence la journée par la petite boucle que nos hôtes d’El Sol Verde nous ont conseillé de faire
à contre sens pour éviter de suivre les cars de pèlerins. Bien vu, car on n’a
fait que croiser les groupes, pour se retrouver quasiment seuls à chaque fois
pour observer les points d’intérêts du parcours.
Tout le long de la marche, on peut observer l’activité du
volcan avec des fumerolles qui s’échappent de la roche, des sources chaudes et
des mares de boues qui crachent d’énormes bulles grisâtres. Il y a également le
Volcancito (petit volcan) qui
termine de nous convaincre de l’activité géothermique de la région.
A la fin du parcours, il y a également une cascade
presque totalement asséchée où l’eau ruisselle le long d’une paroi rocheuse
mais elle doit être beaucoup plus impressionnante à la saison des pluies.
On pensait enchaîner cette boucle avec l’un des sentiers qui
mène aux cascades mais les rangers imposent de commencer ces parcours avant midi
car l’une comme l’autre nécessite environ 4 heures. Avec tous nos arrêts photos,
on arrive à la cahute de contrôle avec plus de 40 minutes de retard sur l’heure
fatidique. Et ce n’est pas plus mal, car il fait très (très) chaud et on a
quasiment épuisé les 2,5 litres de flotte que l’on a emportés. Il ne nous reste
plus qu’à revenir le lendemain, et repayer l’entrée (15 $ par personne).
La chaleur est difficilement supportable, à 600 m d’altitude
le soleil nous cuit sur place et il n’y a pas la brise qu’on a l’habitude
d’avoir en bord de mer. Notre camping ne dispose pas de piscine mais les Ticos du coin ont l’habitude de se
rafraîchir dans les deux rios qui
encerclent le village. Des bassins d’une eau totalement pure et transparente se
forment dans des cuvettes de roche et on ne tarde pas à rejoindre les enfants
qui profitent de leur mercredi après-midi pour se rafraîchir. L’eau a
totalement poli la roche par endroit proposant des transats naturels où il fait
bon se poser sous les feuillages, les pieds dans le ruisseau.
Dès le soir, le vent commence à se lever et de fortes
bourrasques secouent la tente. Le lendemain, en arrivant à l’entrée du parc,
les rafales sont encore plus fortes et arrivent même à nous déséquilibrer alors
qu’on rejoint la cahute du ranger pour payer notre entrée. Il nous déconseille
vivement de faire le parcours jusqu’aux Cataratas
Escondidas (“cascades cachées“) car une bonne partie est à découvert sur
l’une des collines cerclant le Rincon de
la Vieja (1895 m) et rend la marche très difficile.
Ça tombe bien, on avait de toute façon prévu d’attaquer le
plus long des deux parcours qui mènent aux Cataratas
La Cangreja (un peu plus de 10 km au total).
Le sentier débute dans la touffeur de la forêt primaire où
il ne semble pas faire chaud de prime abord. Mais au bout de 20 minutes, nos
bras sont totalement moites et difficile de trouver un morceau de tee-shirt
encore sec !! Mais cette fois, on a prévu les rations de flotte avec pas
moins de 4,6 litres dans nos sacs à dos.
On s’amuse à repérer les figuiers étrangleurs, des arbres parasites qui s’enroulent et
étranglent un “arbre-hôte“ pour lui prendre toutes ses ressources d’eau et de
lumière. A la fin, l’hôte meurt, le tronc pourrit et le figuier devient un cylindre
vide !
A mi-parcours, on quitte la forêt et on marche désormais à
découvert sur les flancs du volcan où l’on lutte avec les bourrasques de vent
suffisamment puissantes par moment pour me déstabiliser des perchoirs que
j’improvise sur des rochers ou des troncs d’arbre afin de prendre quelques
clichés.
Les paysages sont assez étonnants : après un court sentier
au milieu des cactus et des ficus, le chemin descend devant nous à travers des
champs d’herbes hautes qui pourraient rappeler l’arrière pays provençal aux
heures les plus sèches de l’été. Mais en tournant la tête en direction du Rincon de la Vieja, on a davantage
l’impression d’être au pied des volcans d’Auvergne !
Les 500 derniers mètres nous replongent dans la jungle
jusqu’à arriver aux cascades dont le bruit nous soulage d’avoir accompli la
moitié de notre rando en un peu moins de 2h. On a choisi ce parcours car on
nous promettait une énorme cascade qui jaillit d’une falaise de 50 m pour se jeter
dans un petit lac d’eau turquoise ! On n’a pas été déçu !!
Avant même d’être au bord du rio et d’apercevoir la cascade, le bleu intense du bassin nous saute
aux yeux à travers la végétation, pourtant très dense.
Une fois sur les énormes rochers qui bordent le minuscule lac,
j’hésite à sortir mon appareil photo ou à enfiler mon maillot de bain. Adèle a
vite choisi et va tester l’eau la plus fraîche qu’on ait jamais rencontrée au
Costa Rica. Elle est également ultra transparente et on distingue aisément le
fond du bassin.
Pendant que ma sirène profite de son lagon, je reste
hypnotisé par la cascade que je shoote sous tous les angles, m’aventurant sur
les branches d’un arbre mort en travers de la rivière afin d’avoir un meilleur
angle et de restituer au mieux les nuances de bleu.
On expédie le retour encore plus vite que l’aller et on n’a
qu’une déception à propos de la marche de la journée. Exceptés un agouti et un
sapajou, on n’a aperçu aucun autre animal ! La région est pourtant très
riche, surtout en espèces d’oiseaux mais soit la dense végétation, soit le vent
nous ont empêchés de distinguer le moindre volatile. Durant tout le parcours,
on entend cependant la cigale des montagnes qui “coasse“ et qu’on peut
confondre avec une grenouille !!
De retour au camping, le vent n’a toujours pas faibli et l’igloo
de notre famille russe s’est envolé, reposant désormais “à plat“ près de leur
emplacement ! Notre tente en bois est toujours debout et on s’empresse de
reprendre quelques forces en attendant le repas du soir. Pour le dîner, on
délaisse Sergueï et Elena qui se sont lancés dans une grande
préparation dont les parfums nous rappellent les saveurs découvertes lors de
notre voyage en ex-Union soviétique. La seule casserole disponible dans la
pseudo cuisine commune du camping promet un long moment derrière les fourneaux.
On préfère dîner dans l’un des deux sodas du village ou plutôt le seul qui vend de l’alcool… Pas de menu et le choix se résume à des faritas de pollo (poulet) ou de res (bœuf). Les tables sont disposées autour d’un dancefloor qu’on imagine bondé le week-end. Le bar est au fond et tous les tabourets sont occupés par des Ticos, uniquement des hommes. De chaque côté, deux larges écrans diffusent en boucle les news d’une chaîne d’informations locale mais la musique latino de l’énorme sound system suspendu au-dessus de la piste couvre totalement les voix de la TV.
La seule table occupée à cette heure-ci l’est par des touristes et on sourit en nous installant à côté d’eux car on reconnaît le jeune couple qui se baignait en même temps que nous à la cascade à la mi-journée. On ne notera pas cette coïncidence de rencontre dans la liste qu’Adèle a entamé depuis le début de notre TDM car il y avait de fortes probabilités de trouver des randonneurs du jour dans ce soda !! La bouffe était simple mais relativement bonne et cela restera le restaurant le moins cher qu’on ait fait au Costa Rica !
Après ces deux belles journées au Rincon de la Vieja, nous sommes “réconciliés“ avec les volcans
costaricains. Au mois d’août l’Arenal nous avait déçus mais celui-ci mérite
clairement qu’on s’y arrête. Les chemins sont variés et malgré les odeurs de
souffre, on prend plaisir à observer l’activité géothermique. On peut profiter
des sources chaudes dans un spa qui propose également des soins à base de boue.
Comme il est difficile de restituer l'activité géothermique d'un volcan sur des photographies, un petit film s'imposait :
Et ainsi se finit notre deuxième exploration du Costa Rica ! On ne manquera pas de faire le bilan lors d’un article ultérieur…
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