Mendoza, 19-25/6.
A la lecture et à la vue des photos des 2 derniers articles, il est facile de comprendre pourquoi on s’est attardé plus longtemps que prévu dans la région de Salta. Il a fallu revoir notre itinéraire en Amérique du Sud et s’il était aisé de faire l’impasse sur Cordoba (dont beaucoup de gens nous ont déconseillé la visite), la décision fut plus difficile au sujet du désert d’Atacama (Salar, Valle de la Luna…) ! A l’origine, on voulait prendre un bus de Salta jusqu’à San Pedro de Atacama, rester quelques jours avant de descendre vers Valparaiso et Santiago pour enfin revenir en Argentine, faire un aller/retour à Mendoza, l’aller en bus et le retour en avion pour apprécier sur terre et dans les airs la traversée de la Cordillère des Andes ! Mais cela aurait été une course folle et on s’est justement promis de prendre davantage de temps à chaque endroit pour en profiter pleinement !
C’est ainsi qu’on prend un bus de nuit pour Mendoza, embarquant pour 19h de trajet
en semi cama. La province est connue
pour être une très grande région viticole assurant près de 2/3 de la production
nationale. Inutile donc de préciser l’objet de notre visite…
Pourtant on a ressenti une sorte de “cafard“ en arrivant
dans la ville. D’une part car dans le bus, les paysages désertiques qui
défilaient sous nos yeux semblaient insipides et ternes, bien aidés par la
grisaille des nuages bas qui couvrent les reliefs. D’autre part, le temps est
froid tout comme l’accueil et la chambre de notre auberge de jeunesse qui se
révèle pourtant fort charmante, à quelques pas de la Plaza Independencia.
Le lendemain, on reprend les choses en main et on décide,
via notre hostel, de s’inscrire à une excursion pour visiter deux bodegas et une fabrique d’huile d’olive,
toutes les 3 en-dehors de la ville. Pour info, la province est également la
première région productrice d’olives avec plus de la moitié du total national.
Ainsi, on se retrouve dans un minibus, plus touristique tu meurs, où l’on
devait bien être les seuls “jeunes“ avec un guide ne parlant qu’espagnol qu’on
soupçonne d’aimer plus que de raison les bons raisins du pays. Mais qui
sommes-nous pour en juger ???
En réfléchissant avec Adèle, on se remémore la dernière fois
que nous étions partis en “visite organisée“ avec Georges et Georgette (Non JG,
aucun rapport avec tes parents !). On a dû remonter jusqu’à la Thaïlande
et notre visite de l’île de l’homme au pistolet d’or……… soit il y a 6 mois et
12 jours !!!!! A force de tout voir “en solo“, on a un peu oublié comment
c’est chiant d’attendre les gens qui n’ont pas de montre, d’entendre des
commentaires débiles et de finir le tour par la boutique de souvenirs !!
On fait la visite un peu rébarbative de deux domaines, Vistandes et les Cavas de Don Arturo, la première est une usine à pinards aux locaux
clinquants et sans âme, servant des bouteilles dont le marketing léché destine
une grande partie de la production à l’export. La deuxième est l’une des plus
anciennes de la province et ça se voit… le tout vieillit même un peu mal,
surtout le salon de dégustation où la température ambiante ne doit pas dépasser
les 8°, tout comme celle des vins rouges et qui n’aide pas à apprécier le peu
d’arôme des productions de la maison !
Dans chaque domaine, tout le monde descend ses 3 ou 4 vins au
pas de course car il faut laissait la place au bus suivant… tout ce qu’on aime
mais comme on n’a pas apprécié les nectars servis, on est presque content de
retourner dans notre camionnette (chauffée). Au prix de l’excursion, on aurait
dû se douter qu’on allait pas goûté aux bouteilles premium et c’est bien la
première fois qu’on ne finira pas nos verres, tellement les breuvages testés
furent aussi insipides et froids que la météo ! Finalement de cette
journée pas très réussie, on préfèrera encore les tapenades et les tartines
badigeonnées de la fabrique d’huiles d’olive…
Le lendemain, Adèle veut “du chaud“ et c’est ainsi qu’on se
rend à Cacheuta dans un complexe
thermal, « l’un des plus beaux du pays », dixit le Lonely Planet. Mais en arrivant à
10h pour l’ouverture, dans cette vallée encore baignée par l’ombre des
montagnes, on est assez surpris et c’est très très loin de ressembler à
Caracalla ou Friedrichsbad. Nous sommes les premiers à découvrir les
installations avec 4 bassins à l’intérieur dont un visiblement en travaux à en
juger les pelles, la brouette et la bétonnière qui attendent des ouvriers
absents ! La différence entre « intérieur » et
« extérieur » est d’ailleurs aussi mince que les bâches transparentes
qui font office de fenêtres et censées isoler du froid. Cela n’empêche pas le
thermomètre de ma Casio de n’afficher que 6 petits degrés…
Adèle et moi gardons nos vêtements (et surtout nos vestes)
pendant un bon quart d’heure en restant plantés devant les générateurs d’air
chaud installés dans la partie pique-nique. Finalement on se décide à vêtir nos
maillots de bain pour ensuite courir des vestiaires au bassin d’eau chaude le
plus proche.
A partir de 11h30, le soleil presque à son zénith, nous
inonde enfin de sa lumière et de sa chaleur, dépassant les cimes rocailleuses
qui nous entourent. Le décor n’est pas à couper le souffle mais faire trempette
au fond de ce canyon demeure une expérience intéressante. A l’heure du
déjeuner, tout le monde envahit l’espace pique-nique, l’ambiance est familiale et bon enfant. Il y
a même d’énormes braseros disponibles pour ceux qui veulent griller leur viande.
Adèle improvisera une dînette qu’on agrémente d’un vin de la supérette du
complexe qui malgré son tarif ridicule n’a rien à envier à la meilleure des
bouteilles goûtées la veille !
L’après-midi passe en infusant dans les multiples bains se
différenciant par leur température et par la présence de jets ou de bulles
d’air. J’arrive même à dormir pendant près d’1h alors que mon espiègle
compagne se fait prendre en photo tout en me faisant des grimaces !!
Tellement bien installés dans nos bains chauds qu’on en attrape des coups de
soleils et qu’on oublie de trouver une télé pour regarder le match de la France
contre la Suisse. On sera vite rassuré lorsqu’en grimpant dans le bus qui nous
ramène à Mendoza, on entend à la radio que les Bleus mènent au score par 4 à 0,
pas si mal finalement…
Le lendemain, on s’occupe de trouver nos billets de bus pour
rejoindre le Chili quelques jours plus tard et on déambule dans les rues de
Mendoza jusqu’à trouver un petit resto, uniquement fréquenté par des locaux et
qui retransmet le match de l’Argentine contre l’Iran. Tout en profitant des
réactions de la salle à chaque occasion de leur équipe nationale, on se remplit
la panse et le gosier avec les plats du jour et des breuvages du cru… dont de
la bière, foot oblige ;) La région ne produit pas que du vin et les eaux
pures des glaciers servent également à d’importantes brasseries et autres
usines d’embouteillage (eaux, sodas, jus de fruits…).
Décidés à visiter d’autres bodegas plus authentiques, on quitte le centre de Mendoza pour
rejoindre Maipu à peine 20 km plus
loin mais qui nous permettra de faire la tournée des caves… à vélo ! Après
plusieurs semaines de guesthouse et d’auberges de jeunesse, Adèle choisit de
passer les 3 prochaines nuits à l’Esplendor,
un hôtel intégré au complexe Arena Maipu
Casino Resort au confort 4* !! On apprécie la literie exceptionnelle
aux dimensions généreuses, la piscine intérieure de 25 m chauffée à 36°, le spa
avec les traditionnels sauna et hammam, une salle de sport et un coiffeur car
ma tête en a bien besoin après 2 mois sans voir une paire de ciseaux ! A
notre arrivée, l’équipe de l’hôtel nous offrira une bouteille de Trapiche pétillant à l’occasion de
notre honeymoon, nous rappelant que
notre périple est aussi notre voyage de noces !
On en profite pour planifier notre itinéraire au Chili et
pendant qu’Adèle recherche les hébergements, je regarde les locations de
voiture et termine la rédaction d’un article pour le blog. On jouit également
de ces quelques jours pour se remettre au sport, motivés par les installations
flambant neuves de l’établissement.
La journée on quitte le confort douillet de notre hôtel pour
louer des vélos et faire la visite de deux autres bodegas : Carinae dont les propriétaires sont
français ainsi que la très familiale Bodega
di Tommaso. Dans la première, nous serons en compagnie d’un jeune couple
d’Anglais qui ne connaissaient strictement rien au vin et qui nous avouaient
avec grande humilité que c’était leur toute première dégustation. Dans la
seconde, nous serons absolument seuls avec le responsable des visites qui nous
servira des doses de chasseurs nous mettant en forme et du baume au cœur pour
le trajet du retour, plus lourd de quelques flacons dans nos paniers !!
Sans s’en rendre compte, on arrivera quand même à parcourir 16 km et lorsqu’on
rendra nos bicyclettes, notre papi-loueur nous offrira encore 2 énormes verres
d’un vin blanc servis trop froid à en faire mal aux dents. On en boit une
lichette par politesse mais même offerte de bon cœur, il est difficile de
descendre sa piquette après ce qu’on a goûté durant l’après-midi.
Après 3 jours de “repos“, il est temps de faire nos adieux à
l’Argentine. De l’hôtel, un remis
(l’équivalent de nos VTC) nous dépose à la gare routière où l’on continue de baigner
dans le confort en découvrant notre bus first
class disposant d’énormes et larges sièges en cuir. Quasiment les seuls au
2ème étage et bien installés dans nos fauteuils, nous sommes prêts
pour le dernier grand spectacle que va nous offrir l’Argentine : la
traversée de la Cordillère des Andes !
La ruta 7 serpente
au fond du cayon longeant le Rio Mendoza
qu’elle enjambe à maintes reprises pour évoluer alternativement sur l’une ou
sur l’autre rive. Parallèlement à la route, on remarque une vieille voie ferrée
dont les étroits rails traversent de temps à autre une gare abandonnée ou se
retrouvent enterrés sous le bitume d’un parking flambant neuf pour poids-lourds !
Tout autour de nous, on retrouve certains paysages rencontrés dans le
Nord-Ouest andin avec des plaines désertiques, des roches aux strates
multicolores et d’après la topographie des lieux, la plupart des montagnes
culminent déjà à plus de 3000 m.
Le bus continue son ascension sans qu’on s’en rende compte.
Seules les neiges éternelles qui commencent à apparaître sur les cimes des
montagnes trahissent notre altitude qui augmente alors que le thermomètre
descend. Derrière la vitre, le soleil a disparu et le froid se fait ressentir. On
passe un panneau indiquant Puente del
Inca situé à 2740 m et bientôt la neige envahit les bas-côtés de la route.
Le ciel bleu a totalement disparu et de gros nuages gris couvrent les sommets.
Avant de réserver nos billets, j’ai étudié la carte et la
route empruntée passe devant le Parque
Provincial Aconcagua et par temps clair il est possible d’apercevoir le
« colosse de l’Amérique » qui culmine à 6962 m. Dans le bus, je
change de siège pour me placer à droite, scrutant avec fébrilité les passages
entre les montagnes pour essayer de distinguer la plus haute montagne du
continent dont j’avais téléchargé une photo sur mon iPhone pour la
reconnaître ! Mais c’est peine perdue et on se contente des “petits“
sommets de 4000 m… déception n°1 !
Avec notre trajet initial qui allait de Salta à San Pedro de
Atacama au Chili, le bus qui assure cette liaison grimpe jusqu’à 5000 m
d’altitude et nous imaginions déjà le poste frontière sur un col enneigé
avec un panorama offert normalement aux seuls alpinistes ! Mais quelques km
après le parc de l’Aconcagua, à seulement 3209 m au-dessus du niveau de la mer,
la route s’engouffre dans le Túnel del
Cristo Redentor nous plongeant dans le noir complet… déception n°2 !!
On retrouve le jour et on arrive au Paso Internacional Los Libertadores, où le bus fera un arrêt de
plus d’1h30. Après cette longue attente, nous débarquons pour assister au grand
spectacle des douaniers qui se révèle finalement bien moins drôle qu’à la
frontière entre la Russie et la Chine lorsque nous étions dans le
Transsibérien ! Ici, on fait la file avec notre passeport au guichet de
l’Argentine, avant de refaire la file au comptoir du Chili. On attend ensuite
que tous les bagages soient déchargés sur un tapis roulant pour une analyse aux
rayons X et par 2 chiens, l’un pour la drogue, l’autre pour la
nourriture !
Les passagers du bus se retrouvent en rang d’oignons devant
la machine et regardent défiler les valises et les sacs à dos avant que le tout
ne retourne dans les soutes. Adèle est appelée par les contrôleurs qui
l’invitent à vider son grand sac à dos et je souris observant ma petite femme
s’exciter avec son bagage pour tout sortir !! On avait bien pris soin de
laisser les feuilles de coca à Heinz
et Monica mais les douaniers étaient curieux de voir le sachet de poudre
contenu dans le sac d’Adèle avant de comprendre qu’il s’agissait évidemment de
lessive !
On est ensuite invité à passer nos bagages à mains sur le
même tapis roulant avant de pouvoir enfin remonter dans le bus, au
chaud !!
Du côté chilien, la pente est beaucoup plus importante et
pour descendre, il faut emprunter un chapelet de lacets, dessinant un corps de serpent
qui semble glisser jusqu’au fond de la vallée. On atteint rapidement la plaine
et de gigantesques parcelles de vignes font leur apparition, bye-bye le vin
argentin, bonjour le vin chilien…
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