Santiago, Santa Cruz, 25/6-2/7.
Il y a des villes comme ça où on ne s’attend à rien. On n’a pas d’images particulières en tête avant d’y arriver et du coup, on se laisse totalement surprendre. Santiago est l’une de ces villes !
Derrière les vitres du taxi qui nous emmène de la gare
routière au centre ville, on contemple les façades des immeubles début 1900 qui
n’ont (presque) rien à envier à ceux de Buenos Aires. Certes, ils sont moins
cossus, moins glamour et surtout moins bien entretenus que la capitale voisine
mais cela reste une agréable surprise…
Comme d’habitude, on se lance dans une exploration de la
ville dont voici les meilleurs moments en photos :
Le Mercado Central
A peine entrés, nous sommes alpagués de toute part par les
rabatteurs, certains pour vendre leurs poissons, d’autres pour nous vanter la
cuisine de leur restaurant. Ils parlent toutes les langues et s’arrachent les
touristes errant dans les allées. On préfère s’arrêter dans un petit resto qui
ne paye pas de mine, à l’écart de la superbe grande halle centrale en fer
forgé. On y mange notre premier ceviche
depuis l’Ile de Pâques.
La Plaza de Armas
En travaux au moment de notre passage tout comme la façade
de la Catedral Metropolitana, comme
si elles avaient décidé de ne pas se laisser photographier ! Heureusement
l’intérieur est magnifique, impressionnant par ses décorations et les modestes
vitraux ne laissent entrer que peu de lumière rendant l’ambiance tout à fait
particulière…
Le Cerro Santa Lucia
L’appart-hôtel qu’Adèle nous a dégoté donne directement sur
le cerro, une colline rocheuse et
verdoyante en plein centre ville ! Sur les bancs publics, les amoureux se
bécotent sans se soucier des passants et dans les allées s’échappent des
parfums provenant des arbres, des fleurs……… et de la marijuana que fument de
petits groupes de jeunes !
Au XIXe siècle, l’endroit était un point stratégique dont
quelques canons subsistent au sommet, derrière la Torre Mirador qu’on découvre après une gentille grimpette de
quelques escaliers bien raides. D’en haut, la vue sur les façades de verre des
nouveaux immeubles du centre n’impressionnent pas vraiment mais on reste bluffé
devant les Andes qui se dessinent au loin, au-dessus du brouillard de la
pollution (j’y reviendrai).
On descend par la fontaine de Neptune, déjà désertée à
quelques minutes de la fermeture du parc, pour notre plus grand plaisir. De
retour dans notre appartement à la nuit tombée, la vue sur le cerro est encore
plus belle…
A lui seul, le gigantesque hall principal coiffé par une
verrière ultra-lumineuse vaut la visite. Hormis les œuvres “classiques“ que
l’on peut trouver dans un tel musée, on restera en admiration sur l’exposition
consacrée à Sergio Larrain,
photographe chilien et ami de Pablo Neruda, dont le sous-sol du bâtiment expose
une large sélection de ses clichés N&B datant des années 60 et 70.
On se laissera également séduire par une exhibition des
tableaux du jeune artiste Guillermo Lorca dont les petites filles aux cheveux
acidulés vous jettent des regards troublants au milieu de lévriers s’arrachant
des morceaux de barbaques…
Comme ça faisait longtemps qu’on n’a pas visité un truc
glauque, on s’est dit qu’une exposition dédiée aux 17 années de la dictature
Pinochet, ça pouvait être sympa !!! Mauvaise blague mise à part, ce tout
nouveau musée (2010) est extrêmement intéressant, évoquant cette terrible
partie de l’histoire du Chili qui a fait plus de 40000 victimes. Il faut
prévoir au moins 3h pour faire le tour avec l’audio guide disponible en
français. On ne finira pas le tour, chassé par l’un des gardiens à l’heure de
la fermeture qui est fixée à 18h et non 20h comme indiquée dans le Lonely Planet.
Installés dans un petit resto de Providencia, on avait rejoint la cause de notre pays hôte ainsi que
les supporters portant fièrement le maillot national. L’ambiance était
euphorique et le Chili méritait vraiment de gagner face à un Brésil qui s’en
sort de justesse. A l’issue des prolongations, la stupéfaction des 2 premiers
penalties loupées est suivie quelques minutes plus tard d’un silence de mort
lorsque Jara envoie son ballon sur le poteau, signant définitivement la défaite
en 1/8ème de finale.
Malgré la déception, les Chiliens sont bons perdants et se
retrouveront quelques minutes plus tard sur la Plaza Italia pour chanter et brandir leurs drapeaux !
Dans le barrio Bellavista, cette colline culmine à 860
m avec une statue de la Vierge Marie qui domine tout Santiago (510 m). On y
accède grâce au funiculaire, à l’aller, ou à pied, au retour car on n’avait
plus de monnaie et la billetterie n’accepte pas les CB ! Outre
l’impressionnante statue de l’Immaculée Conception de 22 m (avec son piédestal)
et celle de Jean-Paul II qui y célébra une messe en 1984, on reste hypnotisé
par le spectacle des Andes qui semblent flotter dans les airs comme dans un
tableau et on a l’impression d’assister à une scène totalement irréelle.
Le vrai problème de Santiago est la pollution ! Elle ne
rend pas l’atmosphère irrespirable (du moins à cette époque de l’année) comme
dans certaines grandes villes chinoises mais un brouillard permanent couvre la
ville et masque l’horizon (voir photos), dommage…
Avant de quitter la capitale, on s’arrête sur la Plaza de la Constitucion faire quelques
photos (à contre-jour !!) du siège de la présidence qui était à l’origine
l’hôtel de la monnaie, d’où son nom ! Salvador
Allende y trouva la mort lors du coup d’état de 1973 après un dernier
discours sur les ondes de la radio chilienne.
De Santiago, il n’est pas nécessaire de voyager longtemps pour arriver dans les vignobles. A peine à 30 km de la capitale, au volant de la plus petite voiture de location sur cette terre (Chevrolet Spark Lite), on s’arrête aux Viñas Santa Rita pour un tour du domaine. Et quel domaine !! On est bien loin du petit vigneron car l’honorable maison qui a débuté en 1880 produit désormais 64 millions de litres, soit 85 millions de bouteilles !! Notre guide répétant son texte en anglais à la perfection nous balade au milieu des cuves inox de 40000 litres avant de nous montrer la cave de vieillissement avec des centaines de barriques en chêne français empilées et stockées avec soin dans un local en vieilles pierres garantissant les bonnes conditions de températures et d’humidité. Dans une autre pièce, on passe devant un mur impressionnant de bouteilles où vieillissent encore d’autres vins.
La visite se finit par la dégustation tant attendue au fond
d’un couloir interminable bordé d’étagères fermées par des grilles qui
renferment chaque millésime des différents produits, permettant aux œnologues
maison de faire des “verticales“ de folie !! On découvre le Carménère, un cépage d’origine
française (anéanti par le phylloxéra depuis le XIXe), largement répandu dans
les productions chiliennes.
Le soir, non loin de Pirque,
Adèle me réserve une petite surprise concernant notre hébergement qui restera
dans le thème de la journée : dormir dans un tonneau ! Dans un
charmant petit hôtel tenu par un chilien ayant des origines allemandes (la Calma de Rita), les tonneaux trouvent
une seconde vie sous la forme de transats au bord de la piscine, de jacuzzi, de
chaises, de tables de chevet et donc de chambre à coucher. A cette époque de
l’année, nous serons les seuls aux restaurants et après avoir sympathisé avec
le patron, il nous laissera l’établissement pour nous seuls le lendemain matin afin
de visionner le match France-Nigeria !
Après la visite de la veille, on fera une croix sur les méga
domaines vinicoles et on ne fait que passer devant Concha y Toro (Casillero Del Diablo…), le premier producteur du
pays. On quitte les vignes nichées au pied des Andes pour aller 170 km au
Sud-Ouest, dans une autre énorme région vinicole, à Santa Cruz. Sur la route, on repère les noms des domaines en
étudiant les possibilités de visite… ou plutôt de dégustation car après
l’Argentine et Santa Rita, on est lassé de voir toujours la même chose à plus
ou moins grande échelle. On se renseigne sur les tarifs des dégustations et on
reste abasourdi par la politique commerciale de ces domaines qui proposent de 2
à 4 verres entre 8000 et 16000 pesos (env. 10-20 euros). Dans notre enquête, le
record est détenu par Lapostolle qui
facture 20000 pesos (env. 27 €) pour 2 verres de gran reserva !!
L’incohérence est d’autant plus grande que les prix qu’on
trouve à la vente pour une bouteille entière sont de l’ordre de 3000/4000 pesos
pour du reserva et 7000/10000 pesos
pour un flacon de gran reserva. C’est
ainsi qu’on a fait nos courses chez le caviste du coin et qu’on s’est organisé
notre propre dégustation dans notre guesthouse !!!
On ponctue notre séjour dans la région par la visite du Museo de Colchagua, le plus grand musée
privée du Chili, appartenant à Carlos Cardoen, homme d’affaires et marchand d’armes controversé. La collection
d’objets est exceptionnellement large, allant de la préhistoire à l’ère moderne
en passant par la guerre du Pacifique. On s’attarde devant les céramiques
anthropomorphes d’art précolombien ainsi que les bijoux façonnés par le peuple
Inca.
Il y a également une salle dédiée au récit des 69 jours
passés par les 33 mineurs bloqués à près de 700 mètres sous terre suite à
l’effondrement d’un énorme bloc de pierre détruisant les galeries et tous les
accès. L’exposition est très bien réalisée, à l’aide de plusieurs reportages,
d’objets ayant appartenus aux mineurs ainsi que le matériel qui a servi à leur
sauvetage.
L’émouvant village de Lolol
mérite le détour car ses maisons coloniales colorées bordées de longs auvents
en bois donnent un charme tout particulier. Certaines sont en-cours de
rénovation et d’autres sont carrément détruites, tout comme l’église de la
place, n’ayant pas résisté au séisme du 27 février 2010.
Avant de rejoindre Valparaiso sur la côte 230 km plus au
Nord, on fait une dernière étape dans la région de Casablanca, réputée pour son vin blanc. Lorsqu’on était à Mendoza
en Argentine, on avait sympathisé avec un Chilien lors d’une dégustation et
apprenant qu’on affectionnait les Chardonnay et autres Sauvignon, il nous avait
largement conseillé de visiter le domaine Casas
del Bosque. C’est ce qu’on a fait et on n’a clairement pas regretté !!
Evitant le tour, après la découverte de l’excellent pisco sour sur la terrasse du restaurant, on s’est attardé plus de
2 heures dans le salon de dégustation avec Alicia, une lyonnaise en stage,
grande voyageuse et désirant s’installer… en Inde ! Finalement on
discutera plus de voyages et des pays qu’on a en commun que de vin. On a tout
de même goûté 4 vins premium, dont le fer de lance de la maison, le Gran Bosque Private Reserva, dont la
production est limitée à 5000 bouteilles. Les tarifs sont corrects, cette
dégustation “premium“ étant facturée 8500 pesos (env. 11 €).
A l’issue de cette visite, on repart avec quelques flacons
supplémentaires qui rejoignent les autres remplissant ainsi davantage le très
modeste coffre de notre chignole sud-coréenne badgée Chevrolet. Une chose est
sûre, il sera inutile de faire les courses pour nos 4 jours à Valpo…
Les vins qu’on a aimés :
- Casas del Bosque : Chardonnay et Sauvignon Blanc Gran Reserva
- Viña las Niñas : Carmenère Reserva
- Lapostolle : Sauvignon Blanc
- Haras de Pirque : Equus Carmenère
Toujours aussi sympa!!!
RépondreSupprimerBande de veinards!!
J'avoue on est pas en reste: on est à Cape Town et on part dans 2 jours pour la Namibie et le Botswana. Tayo Tayo! :o)
Au plaiz de vous lire quand on aura un accès au net (...euuh dans un mois?)
Cheers!
Enjoy!