Copa… Copacabana


Rio de Janeiro, 16-20/5.
En théorie de São Paulo, il ne faut que 6 heures pour rallier Rio de Janeiro en bus. Mais avec le trafic possible dans ce type de métropoles, il vaut mieux ne pas être à cheval sur la ponctualité des transports en commun. Rien de gravissime cependant, on n’atteint pas non plus le capharnaüm de Dehli et il ne faudra qu’une heure de plus pour arriver à la gare routière de la cidade maravilhosa



Tout comme à Brisbane, Adèle a dégoté sur airbnb, une chambre dans un appartement idéalement situé entre les plages de Copacabana et d’Ipanema. L’appart est occupé par 4 Américains et 1 Australien et ressemble furieusement aux colocations de certains potes lorsque je faisais mes études à Grenoble !

Le salon qui sert de pièce commune est horriblement vide avec seulement deux canapés très fatigués et une table pas assez grande pour contenir tout le bordel qui la jonche : une collection de Macbook à se croire dans un Apple Store, des câbles, des téléphones portables, des casques, des enceintes portatives et même un micro… ajoutez quelques verres vides, des briques de jus d’orange et un magnum de Smirnoff largement entamé pour compléter le tableau. Contre un mur est disposé une pyramide de valises d’où dégueulent des fringues froissées entre 2 planches de surf, une guitare et un skateboard… Et comme une chambre (heureusement pas la nôtre !) est traversante jusqu’à la cuisine, les 2 portes d’entrées sont laissées systématiquement ouvertes pour que le reste des occupants puissent accéder à la cuisine par le palier et l’entrée de service lorsque la chambre est occupée ! Les placards de la cuisine contiennent plus de flacons de protéines que de vaisselle et dans le frigo il n’y a que des œufs et du poulet… on devine le régime de ces jeunes garçons et l’origine de leurs gros biscotos !!


Après un jour “off“ scotchés au lit dans la maison du bonheur, avec une crève pas possible à cause de la clim du bus réglée sur -12, on ira à la découverte du centro. On prend le métro sur la Praça General Osório à Ipanema où on déambule au préalable sur le marché des artistes locaux qui ont envahi les pavés. C’est très sympa et on se dit que Rio est une ville vivante et animée… et bien pas dans tous les quartiers, surtout pas le dimanche !! Depuis qu’on voyage, il est vrai qu’on n’a plus trop la notion de jour de la semaine et dans la majorité des pays précédents, les commerces sont ouverts 7j/7. Pas au Brésil, où le dimanche tout le monde est à l’église et à la plage !! C’est donc dans des ruelles désespérément vides et devant des rideaux de fer systématiquement fermés qu’on fera notre marche… dominicale ! Dans le vieux centre, il y a bien quelques troquets et certains cinémas (pornos) qui sont ouverts mais l’un comme l’autre ne donnent pas envie d’y “pénétrer“.




On fera tout de même une belle boucle de 4 km, débutant au Teatro Municipal, une réplique miniature du Palais Garnier, qui continue devant le Convento de Santo Antonio jusqu’à la Praça Tirandetes, le quartier culturel où l’on trouve de nombreux petits théâtres comme le Centro Cultural Carioca. De la place, on flâne dans les petites rues perpendiculaires à la Rua Carioca ; les façades nous font penser aux ruelles et aux bâtiments rénovés du centre de La Havane où l’on retournerait bien volontiers.








De l’autre côté, à l’extrémité de la Rua de 7 Setembro, on visite le Palaçio Tirandetes, siège du congrès national du Brésil de 1926 à 1960 et actuellement celui de l’Assemblée Législative de l’Etat de Rio. Une grande banderole à l’extérieur promet une exposition sur l’histoire du parlement mais en raison de la grève du personnel, nous ne la verrons pas. Idem juste à côté au Paço Imperial (1743) duquel on ne voit que la cour intérieure. Les grèves tendent à se généraliser dans tout le Brésil en signe de protestation aux onéreux investissements liés à la Coupe du Monde : les profs, les employés de l’administration, les chauffeurs de bus, les vigiles causant une pénurie de billets dans les distributeurs et bien d’autres ! La population râle, les plus nécessiteux ont faim et ne sont pas prêts à manger le cuir de vachette d'un ballon de football….



A l’issue de cette ballade, on ira dîner dans une churrascaria d’Ipanema, Carretao, où la viande est servie à volonté par une dizaine de serveurs voltigeant avec adresse entre les tables, proposant à chaque fois une variété différente et ce, jusqu’à ce qu’on dise “stop“ en retournant la vignette verte laissant apparaître la face rouge. La préparation de la caipi est directement fait à table car c'est le barman qui vient jusqu'à nous avec son chariot. 


Le lendemain, on s’attaque aux 2 symboles incontournables de Rio, le Cristo Redentor et le Pão de Açúcar qui sont face à face de chaque côté de la Baia de Guanabra et dont l’un offre la plus belle vue sur l’autre. Pour accéder jusqu’à la gare de Cosmo Velho, on grimpe dans le bus au bas de chez nous qui nous balade dans les quartiers d’Ipanema, Leblon, contourne le lagon, passe devant le Jardin Botanique avant de s’engouffrer dans le tunnel sous la montagne. Durant le trajet, on perd la contrôleuse qui, visiblement exténuée, tape un roupillon sur son comptoir jusqu’à notre arrivée !




Pour monter au sommet du Corcovado (710 m), on empreinte le trem, un funiculaire qui évolue tranquillement à 15 km/h dans la forêt offrant de temps à autre un aperçu sur les quartiers de Gavea avec son hippodrome, d’Ipanema et le lagon d’eau salée Rodrigo de Freitas. Arrivés à la dernière gare, les derniers mètres s’effectuent au moyen des escalators, de l’ascenseur ou des escaliers pour les plus sportifs. Une fois sur la plateforme, on en oublierait presque totalement la statue, tellement notre regard est hypnotisé par le panorama qu’offre ce point de vue exceptionnel. On joue un peu des coudes avec tous les touristes qui prennent la pose imitant le Cristo (et Barbie n’y échappera pas !) pour accéder à la terrasse inférieure où l’on pourrait rester des heures à admirer le Pain de Sucre. Par moment, des nuages envahissent le sommet nous privant de notre spectacle mais il suffit d’attendre quelques minutes pour que le ciel soit à nouveau dégagé, laissant le temps de faire quelques clichés “créatifs“ !








On reprend le bus, traversant cette fois les quartiers Laranjeiras, Flamengo avec sa baie en anse, Botafogo pour arriver à Urca jusqu’à la gare du téléphérique, Bondinho do Pão de Açúcar. Construit en 1912, il est le premier du pays et en est aujourd’hui à sa 3ème génération, datant de 2009. La montée est très rapide mais avant d’accéder au Pain de Sucre (395 m), on fait un premier stop à Morro da Urca (215 m).
En regardant par la fenêtre avant de la cabine, je ne peux m’empêcher de penser à cette scène de MoonrakerRoger Moore échappe à “Requin“ en faisant la tyrolienne au moyen d’une chaîne avec le Dr Goodhead dans les bras ! Et un lieu de tournage de James Bond en plus à notre liste…



Au premier stop, la vue est déjà sensationnelle ! Avant de descendre derrière les montagnes, le soleil glisse lentement derrière les nuages, ce qui qui ajoute une ambiance dramatique au tableau. Le timing est parfait, le temps de prendre quelques photos et de faire le 2ème voyage pour arriver au sommet quelques minutes avant le coucher de soleil.





Une fois sur la plateforme du Pain de Sucre, on ouvre le concours photos et on mitraille de tous les côtés : sous-exposition, noir & blanc, mode créatif (pour Adèle), modif de la balance des couleurs, temps de pose… tous les réglages y passeront et je sens déjà la galère pour trier le bordel !! J'ai bien dû photographié le pic granitique du Corcovado toutes les 2 minutes et pourrais faire une expo avec toutes les différentes nuances d'indigo que prend la montagne avec le jaune-orangé du ciel !





Le temps d’une bière afin que l’obscurité envahisse les montagnes et que le Cristo Redentor soit éclairé, on redescend au premier niveau pour se poser dans les transats disposés tout le long de la terrasse. On fait les derniers clichés des plages illuminées de Botafogo et de Flamingo. Comme dirait Bohringer : « c’est beau une ville la nuit »… surtout celle-là !!



Plus tard dans la soirée, on fait (enfin) la connaissance de Guilhem et Jean-Pierre qui nous avaient prêté leur maison à Tahiti et qu’on voulait remercier “en personne“. Le hasard a fait que notre “maison du bonheur“ soit située dans la rue perpendiculaire à celle de leur appartement. On a découvert quelques spécialités brésiliennes en dînant au Restaurante Mondego sur l’Avenida Atlantica qui longe les 4,5 km de la plage de Copacabana, où l’on continuera la soirée dans les kiosques flambant neufs, construits entre la promenade et le sable, tout spécialement pour la Coupe du Monde !


Pour notre dernier jour à Rio, direction la plage !! Copacabana le matin et Ipanema l’après-midi. Copa… Copacabana… difficile de ne pas avoir la chanson de Barry Manilow en tête !! Mais les clichés mythiques ont la vie dure et la Princesinha do Mar n’est pas si flamboyante. Okay, je joue les blasés, la plage est gigantesque et le sable est super blanc sauf que ce dernier n’est pas là depuis longtemps… D’énormes quantités de sable “propre“ ont été déversées pour couvrir les détritus et redonner de sa superbe au mythe en prévision de la Coupe du Monde et des flots continus de touristes qui vont débarquer !! Et si je veux vraiment être mauvais, je rajouterai que marcher le long de la promenade n’est pas vraiment agréable car entre les odeurs de gaz d’échappement, de pétards et d’urines, on est un peu désabusé !!! Et autre cliché à oublier : la bombe atomique en string avec un derrière de folie, made in Brazil !!! Y a bien des strings qui se baladent mais y a pas la bombe ;) ou alors elles sont ailleurs ou au boulot (on est mardi) !! En tout cas, la brésilienne n’a aucun complexe quelque soit son physique, elle est à l’aise avec son corps…


Mais oubliez Copacabana, trop populaire, la plage tendance est désormais Ipanema où on loue des fauteuils pour faire bronzette car on a déjà perdu notre hâle de Tahiti. C’est vrai que le cadre est sympa avec les montagnes aux extrémités mais Adèle et moi ne sommes pas fans des barres d’immeubles qui de plus commencent à cacher le soleil dès 16h à cette époque de l’année ! Et pour la sieste il faudra trouver un autre coin car toutes les 2 minutes, un marchand ambulant passe à côté du transat en hurlant pour vendre son stock ! Mais on ne dort pas sur les plages de Rio, on joue au foot (évidemment), au volley, on fait du frisbee en visant des cannettes de bière, on fait du paddle, du bodyboard et même du surf. D’autres déquillent des bières en fumant des pétards, ça marche aussi !!




Le soir, on retrouve Guilhem et Jean-Pierre qui nous ont invité à boire l’apéro chez eux avant d’aller dîner dans le quartier animé de Lapa, réputé pour ses bars à samba. On y trouve également les fameuses arches de l’ancien Aqueduc Carioca construit en 1723 et reconverti en pont pour le Bonde Elétrico, le tramway qui monte au quartier de Santa Teresa, le Montmartre de Rio. Derrière les arches fraîchement repeintes pour la Coupe du Monde (décidemment !!), la Catedral de São Sebastião est éclairée de bleu mettant en valeur son architecture atypique, nous rappelant le bâtiment Beehive d’Auckland.



Nos 2 guides nous font découvrir un restaurant portugais où ils ont leurs habitudes dont l’une des spécialités est le lomo a la Strogonoff… inattendu et excellent !

Pour digérer, ils nous emmènent un peu plus loin à la Carioca da Gema pour nous initier à la samba, aidés, pour le rythme et la souplesse, par quelques verres de caipirinha, c’est bien le moins… Le groupe sur la scène joue des rythmes plus lents qu’une samba mais ça n’empêche pas les gens de danser et Adèle de se faire inviter par un entreprenant brésilien !!
On reste jusqu'à la fermeture du bar mais à Rio la samba ne s'arrête jamais et déjà un groupe tape un boeuf sous les arches…





Dernière chose au sujet de la sécurité dans Rio, on a entendu beaucoup de choses et on a eu de nombreuses mises en garde. En réalité, excepté dans les ruelles désertes du centro où j'ai hésité à sortir mon reflex et où Adèle m'a parfois freiné dans mes explorations, on ne s'est jamais senti en “insécurité“. Et surtout pas à CopacabanaIpanema ou à Lapa où nous sommes sortis chaque soir. En discutant avec nos colocataires américains, en 9 mois, ils n'ont jamais eu de problèmes à Rio.
C'est surtout une question de bon sens, tu ne te ballades pas dans le centro avec ton reflex autour du cou avec un objectif de paparazzi vissé dessus !! Et le soir, vu le prix d'une course en taxi, il est préférable de privilégier ce mode de transport pour rentrer chez soi.
Guilhem et JP nous avait encouragé à monter à pied dans la favela accrochée à la montagne derrière chez nous qui était plus ou moins “pacifiée“ (grande mode à Rio et nouveau must-do des touristes branchés) mais on n'a pas pris le temps de le faire… sûrement


Merci Guilhem et Jean-Pierre et à bientôt quelque part !

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