14-16/10.
Monter à bord fut d’abord une grande déception ! Le train et les wagons que l’on peut imaginer lorsqu’on prononce ce nom mythique sont vite remplacés par un train express tout à fait standard datant du début des années 70.
Pas de compartiment avec une déco kitchouille, des gros rideaux et des napperons fait main. Juste un compartiment de 4 couchettes (2ème classe) mais seulement pour nous 2. La désuétude ne nous dérange pas mais en s’installant de nuit dans ce wagon surchauffé avec les matelas tout froissés des occupants précédents, ça fait son effet. Surtout après le compartiment 1ère classe du Moscou-Ekaterinbourg quasi neuf avec écran LCD, 5 choix de radio et prise 220V pour recharger Mac et iPad !! Adèle a du mal à trouver ses marques et une fois la stupéfaction passée, elle improvise un grand ménage, armée d’un mouchoir et d’un gel antibactérien (merci Stéphanie !!). On vire la nappe tachée et 2 des 4 matelas, je replie un lit pour avoir plus de place en hauteur. Franchement à 4 dans un compartiment, c’est invivable surtout si ce ne sont que des voyageurs comme nous, équipés de 2 gros sacs à dos qu’on ne saurait où ranger…
10 minutes après le départ du train, la contrôleuse du wagon
vient nous apporter draps et serviettes propres. Je prépare nos lits en
essayant de ne pas trop secouer matelas et couettes, Adèle prépare une jolie
table avec 2 serviettes et nos victuailles achetées juste avant au supermarché.
Notre compartiment a déjà une meilleure gueule ! Et puis c’est l’heure de
dîner, au menu : saumon mariné, œufs de saumon, fromage, pain et bien sûr
vodka !! Après avoir descendu les 2/3 de la bouteille, notre compartiment
vieillot s’était transformé en nid douillet de 4m2 où il nous tardait de nous
endormir.
Le lendemain après une nuit rythmée par les arrêts du train,
nous avons fait connaissance avec la fameuse convivialité du Transsibérien.
Adèle la première, en allant aux toilettes, a rencontré un Lyonnais de près de
70 ans voyageant de Moscou jusqu’à Krasnoyarsk pour voir une amie. Avant de
monter dans le train, on avait fait la connaissance d’un couple australien
également en tour du monde qui avait déjà fait l’Amérique du Sud et qui
retournaient tout doucement vers chez eux. Dans la journée, j’ai fait
connaissance dans le couloir avec 2 Malawites accompagnant un groupe de Coréens
en voyage depuis Berlin et espérant pouvoir rentrer en Corée du Nord pour
prêcher la réunification des 2 Corée ! Plus tard en profitant d’un arrêt
pour sortir du wagon, prendre l’air et acheter une bière dans l’une des
échoppes sur le quai, je rencontre un séminariste suisse faisant également
parti de la délégation de Coréens mais qui était beaucoup plus réaliste quant à
leurs chances d’arriver à Pyongyang !!
Enfin, dans la soirée, nous sommes
aller dîner au wagon restaurant, désert, à l’exception d’une table de 3
Cosaques buveurs de bière qui se sont bien fichus de nous au moment de passer
la commande car la serveuse ne parlait pas un mot d’anglais et surtout car il
ne restait presque plus rien de ce qui était proposé sur la carte, à part les
plats les plus onéreux et la vodka la moins chère ! Le groupe a été
rejoint par un jeune allemand qui leur acheta une petite boîte dont on a
préféré ne pas connaître le contenu… En discutant plus tard avec l’allemand on
a appris qu’il venait de Munich et qu’il allait comme nous à Irkoutsk. Et toute
la journée, au gré des allers/retours devant notre compartiment lorsque nous
laissions la porte ouverte, nous pouvions discuter avec d’autres voyageurs.
Plus de 50h dans le même wagon, ça créait des liens.
Le Lyonnais nous a prêté son Petit Futé sur la Sibérie où
l’on a pu prendre des infos sur Irkoutsk et Listvianka, le petit village au
bord du lac Baïkal où nous allons séjourner. On y découvre également
l’historique du Transsibérien et quelques précisions utiles comme le fait qu’un
tel train et en particulier son wagon-restaurant est très bien achalandé au
départ de Moscou mais qu’au fur et à mesure de sa progression vers l’est, les
denrées commencent à se faire rares ! D’où la faible disponibilité des
plats. Mais il n’y avait aucun article sur l’amabilité extrême et la joie de
vivre du personnel du restaurant !!! Rien à voir avec les jolies et
gentilles serveuses du restaurant ouzbek d’Ekaterinbourg.
Et disons-le clairement, le wagon-restaurant est une vraie
déception et ce n’est pas à quoi on s’attendait ! C’est un wagon
totalement standard et vieillot comme on pourrait en trouver dans un vieux
train Corail SNCF. C’était soi disant l’espace de convivialité et de rencontre
du train et bien on a dû y aller aux mauvaises heures !!! A part l’Allemand
et ses 3 potes cosaques, on n’y a croisé personne. Les Russes restent dans leur
compartiment pour manger et les étrangers profitent des longs arrêts pour
manger sur le quai avec de la nourriture achetée à la gare !
A part ça, il existe un sport dans ce type de train :
la course à la prise électrique. Vers le 2ème jour, la plupart des
portables, ordi, tablettes et autres appareils photos n’ont plus de batterie et
il n’y a que 3 prises dans le couloir ! Le service ferroviaire russe a
tout prévu puisque sous chaque prise, il y a un strapontin pour celui qui veut
attendre que son appareil recharge sans risquer de se le faire substituer par
un passant indélicat ! Mais les wagons les plus impressionnants étaient
ceux des Coréens qui ont disposé des énormes multiprises sur lesquelles étaient
branchés plus d’une dizaine d’appareils ! D’autres avaient connecté des
rallonges qu’ils passaient sous le tapis du couloir pour disposer de l’électricité directement dans leur
compartiment.
l aventure se precise ..
RépondreSupprimerC est tellement bien narre avec des pointes d 'ironie....merci pour les descriptions...a suivre imperativement.