Palolem, 28-31/1.
Notre étape à Goa est essentiellement due à Jason Bourne et au début du volet n°2 où il perd tragiquement sa fiancée, abattue à sa place par un tueur russe ! Je rappelle que la première fois qu’on a tracé un hypothétique itinéraire pour un TDM, c’était autour d’une bouteille de rhum vénézuélien (voir article) et que certaines villes ont parfois été cochées “à la ouf“ !! Ce fut le cas pour Oulan-Bator qui a été choisie parce que le nom ressemblait à Albator et me faisait bien marrer, bien avant de savoir que c’était l’étape obligée du train entre Irkoutsk et Beijing. Pour Adèle, c’était Goa avec La Mort dans la Peau…
Pour nous affranchir des 750 km entre Cochin et Goa, on a
fait un trou dans notre budget pour trouver un billet d’avion qui nous mènerait
rapidement sur place. Sur le site de Jet
Airways, je trouve le vol parfait qui ne nous fait pas lever aux
aurores (12h10) et arriver pas trop tard (15h10), le tout via Bangalore. Cela
nous laisserait largement le temps d’arriver au bungalow, de faire un plouf
dans la mer d’Oman et de prendre
tranquillement l’apéro les pieds dans le sable devant le coucher du soleil. Mais
que nenni…
Arrivé à 10h30 à l’aéroport de Cochin, on apprend au
comptoir d’enregistrement qu’on peut embarquer pour le premier vol mais qu’on
loupera notre correspondance à Bangalore car le vol a été avancé !!!
Contrariés, nous demandons à prendre le vol suivant mais il n’est prévu que le
lendemain et il n’y a bien sûr aucune compensation financière aussi bien pour
la nuit loupée à Goa que pour la nuit supplémentaire à Cochin. L’autre
alternative est d’annuler les billets et de prendre un autre vol chez une
compagnie concurrente.
Totalement désappointés cette fois et bien que cela soit
totalement inutile, nous avons commencé à monter sur le comptoir pour hurler au
scandale. Ce qui m’énerve le plus est que la veille j’ai procédé au web
check-in et que je n’ai pas été prévenu du changement alors qu’on aurait
pu s’organiser différemment !! Bref, un responsable annule nos billets et nous
prend par la main jusqu’à la guitoune de Go
Air où l’on trouvera un vol via Mumbai………… 8h plus tard et qui nous coûtera
60 € de plus !!! Le terminal domestique de Cochin est loin de proposer de
quoi faire passer le temps : 2, 3 boutiques d’emporiums et de babioles en
bois, un point presse avec 3 magasines en Anglais, un pauvre stand de bouffe
majoritairement végétarienne et avec quelques sandwichs club au poulet qui ont
l’air d’être là depuis un moment vu le gonflement de l’emballage… et bien sûr
pas de wifi !! Et le service de sécurité (renforcée en cette période de
fête) ne veut pas nous laisser sortir. L’EN-FER !
Obéissant à la loi des séries, notre vol a été retardé de 50
min ce qui allait nous faire louper notre correspondance à Mumbai !!
Sachant que le vol suivant pour Goa était à 5h le lendemain matin, on se voyait
déjà passer la nuit dans l’aéroport et perdre une nuit d’hôtel à Goa… La
totale !! Depuis presque 4 mois qu’on voyage et en 22 vols, on n’a pas eu
de souci majeur avec les transports, il fallait bien que cela arrive…
Finalement dans notre malheur, on a encore eu du bol car le
second vol avait également du retard et après un sprint mémorable dans le
terminal domestique de Mumbai, battant tous les records d’Usain Bolt, on a même
dû attendre avant d’embarquer ! On est enfin arrivé à l’aéroport de Goa
juste après minuit où l’on a pris le premier taxi venu qui aurait pu nous
demander 1 million de roupies pourvu qu’il nous amène à destination !! Le
journée était foutue, on est claqué de ne rien faire et on a explosé le budget
alors il manquerait plus que l’hôtel ait refourgué notre bungalow ne nous
voyant pas arriver… ce serait le pompon ! Après 1h10 de route à plein gaz
dans la nuit noire et la montagne du sud Goa, on est enfin arrivé à Palolem Beach où 5 min de marche sur la
plage avec notre barda nous séparait encore du Graal : une douche et un
lit. A 1h30 du matin, on a enfin mis les pieds dans notre bungalow bleu ciel
donnant directement sur la plage et après une bonne toilette, on s’est
rapidement endormi bercé par le bruit des vagues…
Au programme du lendemain : rien du tout !!! De
toute façon à Palolem à part manger, boire, bronzer, se baigner et se laisser
vivre, il n’y a pas grand’ chose à faire. Le lieu est préservé, il n’y a pas de
gros complexes hôteliers, il n’y a pas de jet ski ni de banana boat, il y a juste des touristes de tous les horizons et de
tout âge venus profiter du calme et du soleil. Sur la plage, on voit de
tout : il y a des Russes qui attendent le soir pour se mettre minable, il
y a de jeunes Israéliennes qui crament au soleil, il y a des Indiens venus
faire la fête entre hommes et des “tatoués“ de la tête aux pieds qui même en
maillot semblent tout habillés… on peut même apercevoir un artiste sexagénaire
aux cheveux blancs filasses portant un incongru string noir avec à ses côtés
une pépète blonde aux fesses rebondies dans un string violet, aussi jeune que
lui est vieux et aussi bronzée que lui est blanc cadavérique !!
L’eau du Golfe d’Oman n’est pas aussi transparente et
turquoise qu’aux Philippines mais on peut facilement passer la journée à
observer les bungalows peints avec des couleurs acidulées qui donnent tout son
charme à cet endroit unique. Le soir à marée basse, les gens se rendent à
l’extrémité nord de cette plage en croissant de lune et se posent sur les
rochers en attendant que le soleil rougi disparaisse dans la mer.
Après le coucher du soleil, la plage change de configuration
et les transats disparaissent au profit de tables et de chaises disposées dans
le sable, entourées de bougies et baignées dans une ambiance lounge
décontractée. La plupart des restos dresse un buffet de poissons et de fruits
de mer provenant de la pêche du jour, plus ou moins bonne suivant les soirs et
les établissements. On fait son petit marché et on choisit une marinade avec le
chef qui lancera ensuite la cuisson sur le grill.
Goa est une région (comme le Kerala ou le Rajasthan) et non
une ville mais il existe cependant un site au nord qui s’appelle Old Goa où il n’y a plus d’habitations
mais qui regroupe les plus beaux sites à visiter dans la région. Ce qui frappe
à Goa, c’est le nombre impressionnant d’églises ou de chapelles catholiques. Autant
en Thaïlande il y avait un wat à
chaque pâté de maison, autant à Goa on peut trouver la maison de Dieu tous les
300 m !
Pour se rendre à la vieille ville, on a testé les transports
en commun indiens et à la première intersection après la plage, on a pris le
bus… enfin 3 ! Théoriquement il n’y a que 70 km entre Palolem et Old Goa
si on prend le chemin le plus court mais les liaisons en bus sont loin d’être
directes et il y a moult arrêts plus ou moins prévus : notre excursion
durera finalement 3h30 !!! Tout comme le trajet aérien, visiter les
monuments de Goa se mérite, il faut se montrer patient. Les bus sans âge n’ont
évidemment pas d’A/C et au début du trajet tout le monde trouve une place
assise mais très vite, l’allée centrale est remplie de gens debout qui
s’agrippent plus ou moins fort aux barres du plafond suivant les aléas de la
route.
Une gare routière est un joyeux spectacle, chaque bus a son
chauffeur plus un rabatteur qui encaisse les biftons et qui cherche le client
sur le parking mais aussi sur le bord des routes tout au long du trajet. Le but
est évidemment de faire monter le maximum de personnes. Comme à la criée,
chacun hurle son trajet et ses arrêts et finalement le “bordel“ se révèle assez
bien organisé. De temps en temps les rabatteurs se fritent gentiment entre eux
quand ils ont des bouts d’itinéraires communs et que l’un “chipe“ les voyageurs
de l’autre ! Le rabatteur-trésorier essaye de maintenir un semblant
d’ordre dans son bus et dégage les hommes qui prennent les places réservées aux
femmes ou aux seniors.
A Old Goa, le bus s’arrête à peine pour nous laisser descendre
et l’on peut enfin découvrir ses trésors… mais seulement après une bière bien
fraîche ! On a débuté par les ruines de l’Eglise Saint-Augustine construite en 1602, abandonnée 1835 et dont
la démolition a été ordonnée par l’Inquisition portugaise afin d’expulser
certaines religions de Goa. Difficile de ne pas être impressionné par ce qui
reste de l’imposant clocher de 46 m et qui avec un peu d’imagination laisse
entrevoir la grandeur du bâtiment à l’époque.
Viennent ensuite le Couvent
Sainte-Monique construit en 1627 et qui abrite le Museum of Christian Art, regroupant une petite collection d’objets religieux
: sculptures en bois doré et polychromes, lampes processionnelles. Je n’ai pas
fait de photos car en Inde, il faut payer l’entrée de son reflex dont le prix
est aussi cher voir le double d’un ticket normal pour 1 adulte. On n’est pas à
200 roupies près mais pour prendre des clichés à travers une vitre où il y a
tous les reflets possibles, je dis non et je boycotte !
Des 2 côtés de l’église du couvent en pleine rénovation, on
peut distinguer les façades de la Chapelle
Saint-Antoine (en blanc/gris) et le Couvent
Saint-Jean (en jaune).
De retour au “centre“, la Basilique de Bom Jesus (1594) est la plus fameuse car elle contient
la dépouille de Saint François Xavier (fondateur de l’Ordre Jésuite) dans un
reliquaire en argent disposé au sommet de 3 étages de blocs de marbre.
La Cathédrale
Sainte-Catherine (1562) se distingue par ses dimensions généreuses (76m sur
55m de large) qui lui vaut le titre d’église la plus longue d’Asie !
Malgré une architecture assez simple, la construction fut assez longue et ne
sera achevée par la pose des autels qu’en 1652. Le clocher est également
célèbre pour sa cloche dorée et dont le son serait tout à fait
particulier ; mais nous n’avons pas eu le plaisir de l’entendre…
Dans le prolongement de la cathédrale, on a été subjugué par
le Couvent et l’Eglise Saint-François
d’Assise (1661) dont l’intérieur est richement décoré de boiseries épousant
les arches gothiques. Sur les murs, on peut admirer des fresques dans un état
remarquable dépeignant la vie de Saint-François.
Cette ballade “ecclésiastique“ se termine par la petite Chapelle Sainte-Catherine dont les
pierres abîmées par le temps et son implantation au milieu des cocotiers lui
prodiguent un charme fou.
Le lendemain, on a encore profité de l’atmosphère si
particulière de Palolem en lézardant au soleil et se baladant sur la plage.
L’hamac accroché devant notre bungalow se révèle très confortable pour écrire
cet article, trier mes photos et faire le ménage dans mon MacBook. Il en a bien
besoin car en près de 4 mois de voyage et plus 6000 photos en pleine qualité,
il ne reste qu’un tout petit gigaoctet de mémoire disponible !!
Demain, on reprend un vol Jet Airways vers Udaipur, point de départ de notre roadtrip
au Rajasthan, en espérant qu’on ne vivra pas les mêmes péripéties qu’à l’aller…
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