Cape-Town, 14-10/11.
Dès notre arrivée au Cap, on a très vite adopté un petit rythme. Tôt le matin avant qu’il ne fasse trop chaud, j’enfourche mon VTT et me lance sur les pentes de Table Mountain. On prend ensuite notre petit déj tout en repérant sur la carte les quartiers que l’on n’a pas encore visités. On file ensuite vers les endroits choisis et on déambule dans les rues et les parcs. Tout comme en Australie, en NZ ou encore aux US, même si on est blanc, on peut être considéré comme un local. Sauf que l’appareil photo, le sac à dos et la carte te trahiront certainement et tu seras toujours catalogué comme touriste ! Et je ne parle pas de notre french accent lorsqu’on demande 2 entrées au musée…
On continue donc à découvrir les sites, à commencer par Company’s Garden, de vastes jardins adjacents
aux bâtiments du Parlement. Cet ancien “potager“ gigantesque de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales
destiné à ravitailler les navires faisant escale au Cap a été ensuite converti
en jardin botanique. On peut y observer plusieurs espèces de fleurs, d’arbres
et d’oiseaux.
A midi, les locaux profitent de leur pause pour y déjeuner
ou faire la sieste à l’ombre des grands arbres. D’intrépides petits écureuils
vont jusqu’à marcher dans nos pattes pour récupérer la moindre miette, pour le plus
grand plaisir des enfants.
Au centre du parc se dresse la statue de Cecil Rhodes, aventurier et politicien
britannique mais aussi brillant homme d’affaires et fondateur de la compagnie
diamantaire De Beers. Malgré le
caractère impérialiste colonialiste du personnage, il reste très honoré au Cap.
Il a fait don de nombreuses terres à l’Etat sur lesquelles ont été construit
des bâtiments ou des rues qui portent son nom.
A chaque extrémité du parc se situent les plus importants
musées de la ville. Au nord, le Slave
Lodge retrace dans l’un des plus vieux bâtiments du Cap, l’histoire de ses
esclaves qui vivaient dans ses quartiers en masse. Au sud, le South African National Gallery regroupe
la plus grande collection d’œuvres nationales.
En continuant vers l’Est, on déboule devant le City Hall et Grand Parade. Cette large esplanade accueille des marchés et des
stands presque tous les jours (sauf le dimanche) mais c’est surtout une place
chargée d’histoire.
Durant le colonialisme, c’est sur cette place qu’on vendait
les esclaves et bien des années plus tard, en 1990, c’est ici que Nelson
Mandela prononça son discours à la suite de sa libération.
Grand Parade est
aussi le site du premier Fort de Goede
Hoop (Fort of Good Hope) construit par les colons hollandais en 1652. Conçu
en bois et en argile, la construction ne résista pas aux fortes pluies et aux
aléas climatiques qui frappent le Cap.
Ainsi à peine 14 ans plus tard, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales
débuta la construction d’un fort en pierre, le Castle of Good Hope, qu’on s’empresse de visiter.
En observant une carte de la ville, on remarque
immédiatement le fort en raison de sa forme pentagonale dont chaque pointe
formée d’un bastion porte un nom qu’on peut aisément distinguer de l’extérieur.
La visite guidée est très sympa et gratuite.
L’entrée actuelle dispose d’un clocher contenant la plus
vieille cloche du pays, pesant pas moins de 300 kg et qui retentit jusqu’à 10
km à la ronde. Le fort abrite le commandement militaire local de la South African Army mais aussi 3 musées
(dont l’un actuellement fermé pour rénovation).
Construit à la base pour parer une attaque britannique,
l’efficacité et la résistance de la construction du fort ne furent jamais mises
à l’épreuve alors que les Hollandais perdirent le contrôle de la ville par 2
fois. En 1795 tout d’abord, les Anglais ont judicieusement débarqué 30 km plus
au sud à Simon’s Town bien moins
fortifiée, avant de remonter pour prendre Cape Town. Ensuite en 1806, les
navires britanniques débarquèrent plus au nord, sur la plage de Bloubergstrand, mettant fin à 150 ans de domination batave.
Juste derrière le
fort débute le District Six. Dans les années 1960-1970, en plein
apartheid, les autorités ont expulsé de force plus de 60.000 personnes qui
vivaient dans le quartier, essentiellement des Noirs, des Malais, des
Indiens et quelques Afrikaans blancs. Les raisons officielles furent la volonté
d’éradiquer les problèmes de drogue, d’alcool, de jeux et de prostitution mais
l’opération était évidemment d’éloigner les “hommes de couleur“ du centre de
Cape Town.
La plupart fut
relogée 25 km plus loin, dans des townships de la plaine sablonneuse de Cape Flats et on peut en avoir un aperçu
au sud de l’aéroport international. De nombreux tours proposent leur visite
mais on a préféré le District Six Museum situé à quelques mètres du Castle of Good Hope dans une ancienne
église. Sur une timeline illustrée de
photos et de témoignages, on découvre la vie du quartier avant qu’il ne soit
rasé. Une énorme carte du district est disposée sur le sol de la pièce
principale et on peut lire les noms et notes des habitants qui ont vécu dans
ses maisons et immeubles. Les différentes expositions dénoncent évidemment
l’apartheid mais d’une manière assez soft ! On découvre la vie des
habitants d’origines diverses et en écoutant leur témoignage et en regardant
leurs photos, on a l’impression de les connaître et c'est très émouvant...
Le faubourg de District Six, déclaré par le
gouvernement « whites-only
area » a été entièrement rayé de la carte, tous les bâtiments ont été
rasés pour faire place à de nouvelles constructions. Une partie du quartier est
renommée Zonnebloem et abrite la Cape University of Technology. Cependant
aujourd’hui la majorité de la surface de l’ancien District Six restent de vastes étendues envahies par les herbes
sauvages et la municipalité semble ne pas trop savoir quoi faire de ces
terrains.
En 2003, un
programme de relogement a été initié par la présidence Mandela en construisant 24 maisons réservées aux personnes de plus
80 ans qui ont été déplacées. On trouve également d’autres témoignages à
travers le street art dont on trouve plusieurs grafs sur Darling St et Canterbury St.
D’autres quartiers de Cape Town, autrefois populaires, sont
en train de subir un sacré lifting. Cela n’a évidemment rien à voir avec le District Six, encore qu’on pourrait y
voir des analogismes avec des populations noires et pauvres qui déménagent en
banlieue, laissant la place à des restaurants branchés, des galeries d’art et
des complexes d’appartements rénovés pour une clientèle bourgeoise…
C’est le cas de l’upcoming
Woodstock avec ses vieux entrepôts
et fabriques en briques rouges. L’endroit le plus réputé est Old Biscuit Mill, une ancienne
biscuiterie qui abrite désormais de nombreuses boutiques de déco, de fringues
et de restaurants. On a eu du bol car suite à un désistement on a pu dîner dans
l’un d’eux, le Pot Luck Club, alors
qu’ils prennent actuellement les réservations… pour dans un an !!! Au
dernier étage de la biscuiterie, dans un décor épuré et industriel mêlant bois
et métal, on y mange des tapas raffinés plutôt d’influence asiatique
qu’espagnole.
Tout est préparé à la minute devant vous et chacun savoure son
assiette à de longues tables disposées au centre. L’ambiance est conviviale, on
y parle toutes les langues et il ne faut pas longtemps pour sympathiser avec
son voisin. A l’extérieur, ceux qui préfèrent rester au soleil ou qui n’ont pas
trouvé de place, sont assis par terre devant la tente qui abrite un groupe de
rock qui fera bouger nos corps pour accélérer la digestion !!
L’après-midi on rejoint la piscine publique de Sea Point. L’eau est fraîche, 21°, mais
toujours plus chaude que l’océan atlantique et ses courants provenant de
l’Antarctique… à 14° !! Les bassins sont grands, jouxtant la mer et le
vent du large rafraichît juste ce qu’il faut pour supporter la morsure du
soleil. Méfiez-vous de l’été austral, ça tape fort et sans crème, un coup de
soleil s’attrape en moins de 10 min ! Outre lézarder au bord de la piscine, il y aussi de grandes
étendues de gazon japonais idéal pour une petite sieste…
La piscine est aussi le départ de la Sea Point Promenade. Cette voie réservée aux piétons et aux
cyclistes, épouse les contours du rivage sur plus de 3 km et devient le soir
venu, LE rendez-vous de tous les joggeurs de la ville. Elle mène jusqu’au phare
de Green Point où l’on arrive de
justesse pour assister au coucher de soleil. Encore une magnifique journée…
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