Managua, 23-24/2.
Pour ce retour en Amérique Centrale après notre TDM, on a clairement donné la priorité au Costa Rica, en exploitant au maximum les 90 jours de notre visa touristique. Lors de notre périple et surtout depuis les 3 derniers mois on nous a beaucoup parlé du Nicaragua. A priori, un ersatz de Costa Rica en moins cher ! Pour la plupart des Français dont nous faisions partis, le Nica est plutôt synonyme de dictature, de révolution et on garde de vieux clichés de contras ou de guérilleros armés jusqu’aux dents parcourant la jungle pour libérer le peuple de l’oppression… au profit d’un autre dictateur !
Le pays est par ailleurs la 2ème nation la plus
pauvre du continent américain (derrière Haïti) et cette terrible statistique
peut, toujours à priori, effrayer plus d’un touriste. Ce serait une colossale
erreur !!!
Pour s’y rendre, on emprunte un Tica Bus en provenance de San José mais dans lequel on ne grimpe
qu’à Liberia après avoir rendu notre
voiture de location. La frontière n’est pas bien loin mais son passage est un
amusant spectacle qu’on avait oublié depuis notre traversée en bus de la
Cordillère des Andes, entre l’Argentine et le Chili.
Notre bus double une file interminable de camions qui attendent
l’inspection des douanes. On finit par arriver aux bâtiments officiels de la
douane costaricaine où tous les passagers descendent pour payer leur taxe de
sortie de 8$. On fait la file au guichet pour avoir notre tampon et tout le monde
remonte dans le bus pendant que des “changeurs“ agitent d’énormes liasses de
billets derrière le grillage nous promettant un super deal. Le taux de change
au marché noir n’est pas inintéressant et ça permet de liquider les derniers colons
costaricains. C’est également à ce moment qu’on fait la connaissance d’un
Canadien qui rentre directement dans les statistiques de notre carnet de bord
comme le voyageur le plus âgé qu’on ait pu rencontrer : 88 ans !! Il
n’entendait plus très bien et avait certes quelques difficultés à se déplacer
mais Adèle et moi ne pouvons nous empêcher de nous regarder, complices, en
espérant qu’on pourrait encore voyager à cet âge-là…
Démarre ensuite un sketch de multiples arrêts. Pendant que
le car continue de rouler au ralenti, le chauffeur en second quitte son poste
en sautant et court à plusieurs guitounes installées le long de la route pour
remettre un document différent qu’un(e) employé(e) s’empresse de tamponner et
de classer dans une boîte ! Après 5 ou 6 arrêts, y compris la désinfection
du châssis, notre bus arrive enfin au poste des douanes nicaraguayennes où tous
les passagers sont à nouveau priés de sortir et cette fois, de récupérer leurs
bagages.
Comme à la frontière chilienne du Paso Los Libertadores (voir article), on s’attend à passer nos sacs dans des machines, aux rayons X et autres détecteurs de bouffe, de drogue voire une fouille minutieuse par un agent équipé de gants en caoutchouc ! Eh bien, rien à voir !!! Chacun dispose ses bagages sur une table immense en bois et on attend. On attend encore. Une douanière arrive enfin et commence par jeter un œil lointain aux sacs, valises et autres cabas de toutes les couleurs. Après une dizaine de passagers, elle stoppe devant moi et m’ordonne d’ouvrir mon sac photo. En tirant le zip sur toute sa longueur, le rabat se lève et en dévoile tout le contenu ce qui est bien pratique pour tout avoir sous la main mais n’est pas toujours très discret dans certains endroits et ne manque jamais de susciter la curiosité !
Comme à la frontière chilienne du Paso Los Libertadores (voir article), on s’attend à passer nos sacs dans des machines, aux rayons X et autres détecteurs de bouffe, de drogue voire une fouille minutieuse par un agent équipé de gants en caoutchouc ! Eh bien, rien à voir !!! Chacun dispose ses bagages sur une table immense en bois et on attend. On attend encore. Une douanière arrive enfin et commence par jeter un œil lointain aux sacs, valises et autres cabas de toutes les couleurs. Après une dizaine de passagers, elle stoppe devant moi et m’ordonne d’ouvrir mon sac photo. En tirant le zip sur toute sa longueur, le rabat se lève et en dévoile tout le contenu ce qui est bien pratique pour tout avoir sous la main mais n’est pas toujours très discret dans certains endroits et ne manque jamais de susciter la curiosité !
C’est un Nikon ou un Canon ? Combien il coûte ton appareil ? Il est bien ton grand angle ? Tu es photographe ? Naaan, c’est juste mon hobby et je suis juste le seul débile à voyager avec 12 kg de matos !!!
Mais la douanière n’a à priori aucun intérêt pour la photo
car une demi-seconde à regarder le contenu de mon sac lui a suffi pour me le
faire refermer !! J’aurai pu avoir une bombe artisanale dans mon
téléobjectif ou le yukunkun caché
dans le boîtier de mon réflex, elle n’y aurait pas apporté plus d’attention !
Après cet épisode et une longue attente supplémentaire, on a
enfin pu accéder à nouveau au bus, remettre nos bagages dans les soutes et
partir en direction de Managua. En tout, le passage de la frontière nous aura
pris une bonne heure et d’après les différents témoignages de voyageurs que
l’on a rencontré, c’est ce qu’il faut compter… au minimum !!
Le bus San José-Managua passe également par Rivas (pour ceux qui veulent rejoindre San Juan del Sur ou l’île d’Ometepe), par Granada et Masaya.
Tout au long de la route après la frontière, on arrive à une
première constatation : pour un pays si pauvre, les routes sont en excellent
état ! On n’est absolument pas secoué et on emprunte même des 4
voies !!! Les villes que nous traversons sont mieux éclairées qu’au Costa
Rica et les bâtiments semblent plus modernes. On passe à côté de plusieurs
supermarchés flambant neufs et de restaurants dont la devanture donne
clairement envie d’y rentrer pour consulter le menu !
Nous arrivons enfin dans la capitale nicaraguayenne !
Après la visite de San José et attendu que le pays est beaucoup plus pauvre que
son voisin du sud, on n’avait prévu que 2 jours pour en faire le tour. De plus,
en se renseignant sur les points d’intérêts de Managua, on apprend que la ville
a été détruite à 90% par un terrible tremblement de terre en 1972 et que
depuis, rien n’a vraiment été restauré, laissant de nombreux immeubles à
l’abandon !!
De notre guesthouse située en banlieue, on prend tout
d’abord un taxi pour rejoindre le centre. Pour les touristes que nous sommes,
le premier taxi dans un nouveau pays est toujours sujet à suspicion quant au
prix de la course ! Surtout dans une capitale ! Mais à la réception
du Don Carmelo, Henry le propriétaire, nous indique qu’un trajet ne coûte que
30 cordobas par personne (1 €). A ce tarif, le chauffeur est susceptible de
prendre d’autres clients mais on ne va pas s’en plaindre…
Managua a évidemment toutes les caractéristiques d’une ville
d’Amérique Latine avec sa circulation parfois chaotique, ses bus hors d’âge
surchargés qui quittent leur arrêt dans un énorme nuage noir ! On retrouve
également les petits stands de rue “ultra spécialisés“ qui vendent de la housse
de siège au bidon d’huile en passant par des chips ou des fruits ! On
observe aussi toute la misère sur terre à chaque feu rouge avec des enfants ou
des infirmes qui font la manche ou tente de nettoyer le pare-brise contre
quelques piécettes. Les vendeurs de bouffe et de boisson circulent entre les
véhicules et le klaxon est largement utilisé. A ce sujet, les Nica sont les champions de l’intolérance
au volant ! Un exemple : le feu est passé au vert depuis à peine un
quart de seconde que tous les conducteurs se sont déjà empressés de réveiller
celui qui ne se serait pas précipité sur son accélérateur !
A notre arrivée sur la Plaza
de la Republica, on constate que les lieux sont totalement déserts,
sentiment étrange d’autant que l’esplanade est absolument gigantesque. Sur l’Avenida Bolivar, une large artère de 6
voies qui s’achève devant le monument du même nom au bord du lac, il n’y a
aucune voiture qui circule. Juste derrière on aperçoit l’obélisque de 30 m de
haut au centre de la Plaza de la Fé Juan
Pablo II, en souvenir des deux visites du souverain pontife au Nicaragua.
Là encore sur les 27.000 m2 de cette gigantesque place, pas l’ombre d’un
pèlerin !!! Et pour cause, rester en plein soleil sur ces énormes espaces
à découvert est un réel supplice, ça cogne très fort et la chaleur nous assomme
vite !!
Mais on n’est pas venu là pour faire bronzette : on se
lance à la découverte de l’Area
Monumental en passant devant le monumento dédié au poète Rubén Darío, et on déboule devant l’ancienne Cathédrale construite en 1929. Malgré
qu’elle aie bien résisté au séisme de 1931, celui de 1972 l’a plus fortement
endommagée et elle est restée depuis “dans
son jus“. Cet imposant édifice néoclassique avec ses anges sculptés et ses
croix brisées au sommet des coupoles est fermé au public, ce qui contribue davantage
au sentiment de fin du monde, initié par la désertion totale des lieux.
En face se trouve la tombe du général sandiniste Carlos Fonseca, un mausolée entouré
d’autres héros de la libération et de larges drapeaux noir et rouge, les
couleurs du FSLN qu’il a cofondé en
1961. Il est tué dans un combat en 1976 avant le renversement de la dictature
de Somoza en en 1979. Mais on en
saura bien davantage lors d’une de nos prochaines visites à Leon, le berceau de la révolution.
Au nord de la place se trouve la Casa Presidencial et au sud, le Palacio National qui abrite le musée qu’on s’empresse de rejoindre
pour nous abriter de la morsure du soleil de ce milieu de journée. On y trouve
plusieurs collections aussi bien artistiques que géologiques. On y apprend ainsi
la formation de l’isthme, des volcans et on découvre des empreintes de pas
datant de 6000/7000 ans excavées au bord du lac dans le quartier de Acahualinca.
Dans la salle des céramiques, on observe des objets dont on a déjà pu apprécier le style pré-colombien au Chili, au Pérou et au Mexique. D’autres salles contiennent des peintures et sculptures d’artistes nationaux plus contemporains ainsi qu’une exposition sur la diversité des origines du peuple nicaraguayen. Pendant plus d’une heure, la guide nous ballade de salle en salle avec des explications à peu près claires en anglais.
Dans la salle des céramiques, on observe des objets dont on a déjà pu apprécier le style pré-colombien au Chili, au Pérou et au Mexique. D’autres salles contiennent des peintures et sculptures d’artistes nationaux plus contemporains ainsi qu’une exposition sur la diversité des origines du peuple nicaraguayen. Pendant plus d’une heure, la guide nous ballade de salle en salle avec des explications à peu près claires en anglais.
En longeant le Malecon
qui borde le Lago de Managua, on
passe devant le Teatro Rubén Darío. Construit en 1969, c’est l’un des rares bâtiments à avoir
résisté au tremblement de terre de 1972. Le garde nous laisse gentiment entrer
pour apprécier le hall avec ses énormes lustres ainsi que la salle où l’on
assiste aux répétitions du prochain concert.
Toujours au bord du
lac, il y a le Puerto Salvador Allende, un espace de loisirs qui
regroupent des bars et des restaurants qu’on imagine bondés le WE ou durant les
vacances car en ce mardi, nous sommes encore et toujours seuls !!
L’Avenida Bolivar
est bordée de dizaines d’arbres jaunes qui s’illuminent une fois la nuit tombée
grâce à des milliers d’ampoules disposées sur chaque côté. Les Arboles de la
Vida est un projet voulu par la Première Dame, certains disent un
caprice ! En effet, bien que diffusant une ambiance nocturne tout à fait
sympathique, ces imposantes constructions métalliques de 14m de haut et de 6m
de large sont très controversées. A 20.000 $ le morceau, sans parler de la
consommation électrique des milliers d’ampoules à incandescence (la facture
s’élèverait à 10.000$/mois), on peut comprendre la colère de certains opposants.
Le point d’orgue se situe tout au bout de l’avenue, à la Rotonda Hugo Chavez
dont les arbres et le portrait du Président vénézuélien ne comptent pas moins
de 15000 ampoules…
Pour avoir une
meilleure vue de la ville, on grimpe sur la colline de Tiscapa. A son
sommet, à côté d’un arbol de la vida,
est érigée l’énorme silhouette noire de Sandino qu’on trouve un peu
partout au Nicaragua. Mais ici, elle commémore le lieu où le leader de la
guérilla a été exécuté par des soldats sous l’autorité de Somoza, bafouant
un accord de sauf conduit et une accolade des plus hypocrites devenue célèbre.
C’est également
l’emplacement de l’ancienne Casa
Presidencial de Somoza. Avant lui, le président Moncada Tapia
fit construire cette bâtisse qui fut inaugurée en janvier 1931 pour être en
partie détruite par un tremblement de terre, en mars de la même année !!!
Au sud, derrière le
cratère rempli d’eau (Laguna de Tiscapa) on devine les formes des 63
dômes de la nouvelle Catedral Metropolitana achevée en 1993 en
remplacement de celle ravagé par le séisme de 1972. Optimistes, nous décidons
de nous y rendre à pied mais vu le prix d’une course en taxi, nous conseillons
largement de parcourir les 4 km en voiture !!
Une fois sur place,
après avoir traversé une forêt de palmiers, l’édifice n’est finalement pas
sensationnel et ne semble même pas terminé. Son audacieuse architecture lui
donne des airs de mosquée et les murs sont en béton brut, aussi bien à
l’intérieur qu’à l’extérieur ! Les dômes représentent les 63 diocèses de
Managua à l’époque de sa construction et outre cette curiosité stylistique, on
a l’impression d’être dans une énorme fabrique !! Bref, on est un peu déçu…
Au global, on est
assez surpris par la capitale nicaraguayenne qu’on imaginait plus “glauque“ que
ça d’après les différents témoignages qu’on avait recueillis avant de nous y
rendre. Marquée par les catastrophes naturelles, les guérillas et la pauvreté,
Managua n’en est pas moins intéressante à nos yeux. La ville nous a fait
découvrir sa diversité culturelle et son Histoire que l’on va encore
approfondir lors de notre prochaine étape, en nous rendant à Léon.
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