Ne dit-on pas que parfois la deuxième fois est souvent la bonne ? Mais aussi que certaines fois il vaut mieux rester sur sa première impression ? Notre retour à San José et la pseudo “galère“ pour trouver un simple bus auraient-ils entaché notre enthousiasme de revenir au Costa Rica ?
Pas du tout ! Une fois arrivé à Tamarindo, on retrouve avec bonheur l’hospitalité et la bonne
humeur de Jean-Pierre qu’on avait
connu en août et heureux propriétaire de l’HaciendaJJ. On y passe les deux premières semaines, nous laissant largement le
temps d’approfondir avec notre hôte les détails de son installation dans le
pays il y a plus de 12 ans. A 68 ans, JP possède ce détachement dans son
discours que seuls les hommes d’expérience peuvent disposer. Parfois blasé mais
satisfait voire fier d’une vie bien remplie, toujours incisif dans ses opinions
et jamais avare de conseils. On adore…
De plus, Doro et Alvaro, nos amis vivant au Mexique et qu’on
avait également revu chez eux en août dernier avaient prévu depuis longtemps de
passer leur lune de miel au Costa Rica. Ils nous ont donc rejoint à Tamarindo
pour les 4 derniers jours de leurs vacances. Très sympa !!
Inutile de dire qu’on recommande vivement la guesthouse de
JP pour un séjour dans le Guanacaste à condition cependant d’avoir un véhicule.
Ce qui est quasi-obligatoire au Costa Rica et dont on a eu la triste
confirmation signifiant pour nous qu’il va falloir louer une voiture ! On
pensait se débrouiller sans et on ne l’avait pas vraiment prévu au
budget !
Il y a bien des bus mais il faut s’armer de patience.
Suivant les localités, ils en circulent toutes les 30 à 60 minutes mais sans
horaire précis. Enfin si, les bus partent bien à une certaine heure de leur
terminal mais le passage dans un village ou l’arrivée est assez aléatoire. En
tout cas, il vaut mieux demander le chemin et la destination à deux fois au
chauffeur. Sinon pas de panique, les Ticos sont toujours prêts à gentiment vous
aider, certains dans un très bon anglais si on ne parle pas espagnol. Et si
quelque chose ne vous semble pas
logique, comme un détour de 20 km ou des correspondances dans un bled paumé,
fiez vous à eux ! Inutile de chercher le pourquoi du comment, il n’y a
parfois aucune réponse !!!
Faire le tour des agences de location pour trouver un bon
prix pour 3 mois, nous a filé un coup au moral… et surtout au budget ! On
est en “haute saison“ et retrouver un petit 4x4 pour à peine 170$ par semaine
comme en août est un doux rêve. On a interrogé tous les comptoirs de Tamarindo
(Alamo, Thrifly, Economy, Budget et Europcar) et fait toutes les simulations
sur Internet car bien souvent il y a des écarts entre le prix donné en agence
et celui obtenu via la centrale de réservation de la même enseigne. Et ce, dans
les deux sens.
Quoi qu’il en soit, le meilleur tarif a été trouvé à nouveau
chez Green Motion (Toyota Rent) chez qui on avait déjà loué
notre mini SUV en août. On fait à l’économie, en prenant une simple Toyota Yaris Sedan (avec coffre) qui
nous coûtera plus de 2300$ (avec assurance minimum) pour les 3 mois. On avait
bien pensé à acheter une voiture et à la revendre tel que beaucoup de voyageurs
le pratiquent en Australie, en NZ ou aux US. Mais outre les formalités
administratives, il faut savoir que les véhicules sont extrêmement chers au
Costa Rica, environ 50% de plus qu’en France, en raison des importantes taxes à
l’importation. L’Etat fixe d’ailleurs pour chaque modèle une valeur fiscale sur
l’équivalent de notre carte grise. Ainsi la moindre guimbarde surkilométrée de
plus de 10 ans s’affiche encore à 10000$ ! Et oublions mon rêve de
parcourir les pistes du CR au volant d’un pick up Defender ; un modèle de
15 ans d’âge ne se trouve pas sous les 20000$ !
Par contre acheter une planche de surf s’avère un très bon
investissement !! A 100$ la semaine en location, une planche d’occase se
trouve entre 200 et 300$ dans les surf
shops de Tamarindo. Pour ma part, j’en ai acheté une neuve que le magasin
est prêt à reprendre à environ 50% de sa valeur au bout des 3 mois, si je ne
l’abîme pas trop. On verra si notre excellent vendeur, portant fièrement le
maillot de l’équipe de France, tiendra parole…
On avait prévu de rester un mois et demi à Tamarindo pour
réellement “prendre la température“ de ce coin qu’on a tant aimé au mois d’août.
Au sens littéral, il fait très chaud et sec, pas une seule goutte de pluie
durant tout notre séjour. Après la nécessité de louer une voiture, on a eu une
autre difficulté liée à cette période : trouver un hébergement pas trop
cher pour un mois. Tout ce qu’on a vu avant notre départ est déjà booké et pour ce qui reste, les prix
sont largement plus élevés que pendant la saison des pluies. C’est finalement Jean-Pierre qui nous présentera Petra et Horst, un couple d’Allemands disposant d’une casita libre à seulement 100 m de l’Hacienda JJ. Une fois sur
place, on apprend qu’ils ne font plus de location suite aux mauvaises
expériences passées. On argumente en prétendant être des gens sérieux, “propres“ et on utilise ce qu’il nous reste de vocabulaire allemand pour finir de les
convaincre. On promet également de payer la facture d’électricité, ce qui est
très courant au CR pour les locations d'un mois et plus. Horst s’en fout un
peu et Petra finit par céder pour 600$ le mois. Les choses s’arrangent…
On retourne avec plaisir sur les plages vues au mois d’août
mais cette fois avec un superbe soleil presque trop chaud qui brûle nos peaux
et surtout le sable sur lequel il devient pénible de marcher. Il y a évidemment
beaucoup plus grave dans la vie mais il est difficile de rester une journée
entière à faire bronzette quand il n’y a pas d’arbres à proximité pour
bénéficier d’un peu d’ombre.
Pendant que je progresse (doucement) au surf, Adèle lit et
prépare déjà notre parcours dans le reste du pays pour éviter de rencontrer les
mêmes difficultés qu’à Tamarindo.
Grâce à Julie, la fille à JP, on découvre d’autres coins
plus intimes et souvent plus difficiles d’accès avec notre simple berline. Haute
saison oblige, les plages sont davantage bondées et la fréquentation va
crescendo plus on s’approche de Noël. Beaucoup d’Américains mais aussi des
Ticos débarquent de la capitale et de Liberia pour les vacances. Sur la plage,
c’est la course à l’équipement avec les chaises, la tente pour se protéger des
morsures du soleil et bien sûr l’inévitable glacière version XXL remplie à ras
bord de cannettes de bière. Les Ticos battent les Ricains car ils ont le
barbecue en plus !! Avec une telle affluence à Tamarindo, la rue
principale ne faisant pourtant que quelques centaines de mètres mais entre Noël
et Nouvel An, il faut parfois 30 à 60 minutes en voiture pour la traverser. On
aime moins !
On aime encore moins l’état de certaines plages à la fin du
week-end. Le Costa Rica a beau être connu pour son ECO-tourisme, les Ticos ne
sont pas des écolos pour autant et ils laissent facilement des traces de leur
journée sur le sable, à manger et à descendre des binouzes ! A leur décharge,
certains endroits sont totalement dépourvus de poubelle et les sachets
s’accumulent au pied des palmiers en attendant la benne à ordures. Au plus grand plaisir des chiens
qui traînent dans le coin ! Le vent de terre qui souffle fort dans la région
n’arrange rien.
A Playa Junquilal,
les propriétaires du Mundo Milo Eco Lodge, Lieke et Michiel, nous
expliquent que c’est eux, avec les autres guesthouses, qui ont mis en place les
poubelles sur la plage et surtout qui organisent 4 fois par an, un nettoyage du
rivage.
Notre pire souvenir : Playa del Coco (à ne pas confondre avec les îles Coco),
l’après-midi du premier de l’an ! Déjà, il faut aimer le sable noir et ses
grains minuscules qu’on retrouve encore dans le maillot de bain après 2
lavages. A peine arrivé sur la plage, c’est bien la première fois qu’on fait
immédiatement demi tour en voyant les tas de détritus disséminés sur le sable de cette baie qui pourrait être si charmante !!
Sinon, voilà nos préférées dans la région de
Tamarindo :
- pour être seul au monde : Playa Junquilal ou Bahia de los Piratas
- pour le surf : Playa Grande, Playa Avallena, Playa Langosta ou Playa Negra (high level !). Il y a aussi la plage de Tamarindo idéale pour bien débuter mais attention tout de même au courant qui font dériver vers le large.
- pour buller avec un peu d’animation autour : Playa Conchal, Playa Flamingo, Playa Danta
Sinon sur les routes, c’est toujours le même “gentil bordel“ !! Les
travaux sur le réseau principal n’ont pas avancé depuis notre précédent séjour
et il vaut mieux ne pas rouler trop vite sous peine de se faire surprendre par
un animal. Si les vaches et les chevaux en liberté restent encore
tranquillement sur le bord de la chaussée, j’avoue haïr les iguanes qui aiment
squatter le bitume brûlant et dont la réaction reste toujours imprévisible.
La nuit, il vaut mieux réduire encore davantage son allure.
Dans le noir complet, on ne distingue qu’au dernier moment les piétons qui
empruntent le bord de la route pour rentrer chez eux. Idem pour les vélos
circulant presque toujours sans lumière. Certaines voitures ne sont pas mieux
équipées avec soit un seul feu en état de marche qu’on confond aisément avec
une moto, soit avec seulement les feux avant et non arrière ou
inversement ! A l’opposé, il y a ceux qui restent constamment en plein
phare ou qui ont leur voiture tellement chargée que leur faisceau vous éblouie
tout autant. Il y aussi les fans des projecteurs additionnels, mieux équipés que
Sébastien Loeb pour une spéciale de nuit et là, il vaut mieux revêtir ses
lunettes de soleil pour éviter de garder la vision moirée durant les 2 km
suivants !
Les Ticos roulent assez mal, le permis de conduire étant
plus une formalité administrative qu’on passe avec sa propre voiture. Soit ils
évoluent très lentement et il ne faut surtout pas s’énerver derrière eux sous
peine d’aller à la faute. Soit ils foncent bien au-delà de la limite des 80
km/h. Cela concerne en particulier les bus, les camions et les pilotes de
rallye en herbe disposant de voiture au tunning plus ou moins réussi mais dont
l’échappement signale l’approche bien avant le rétroviseur !
Il y a aussi les taxis “officieux“. Ils sont la parade trouvée par les locaux au manque de transports en commun réguliers. Pour quelques pièces ou billets suivant la distance, les Ticos s’entassent dans de modestes berlines japonaises hors d’âge. Le chauffeur “à vide“ roule à 10 à l’heure débusquant le client potentiel à coup de klaxon et peut stopper à tout moment. Ils s’arrêtent également à chaque abribus, espérant embarquer ceux qui perdent patience ! La dépose de “clients“ est tout aussi surprenante ou imprévue et il vaut mieux à nouveau disposer de bons réflexes.
On a vu des accidents, plus nombreux en cette période de fin d'année avec
l’afflux de touristes au volant de leur voiture de location. Mais on s’habitue
très vite à tout ce qui peut survenir sur la route et globalement, « ça fonctionne » !
A part ça, on réalise également que le Costa Rica est un
pays cher, notamment à Tamarindo. Il est clair qu’on ne mangera pas tous les
jours au restaurant comme on le faisait au mois d’août. Avec un budget
journalier amputé de moitié, vive les courses au supermercado et la popote à la maison. Le salaire moyen dans le
pays est d’environ 450$ et quand on analyse le ticket de caisse de notre
caddie, on se demande bien comment les Ticos font pour vivre ?
C’est sûrement parce qu’on s’obstine encore à vouloir
cuisiner à l’occidental et les produits importés sont tout autant voire bien
plus chers qu’en France. Les locaux mangent… local ! Essentiellement une
cuisine à base de riz et de haricots rouges comme le célèbre gallo pinto qui contrairement à ce que
son nom laisse croire, ne contient pas du tout de poulet ! La viande reste
d’ailleurs assez chère et quant aux produits de la mer, c’est un scandale de ne
pas trouver du poisson frais dans un pays bordé par deux océans, tout est
congelé !! Les fish market sont
inexistants et sur la côte Pacifique, c’est seulement à Puntarenas où arrivent
tous les bateaux qu’on peut déguster une pêche du jour ou des langoustes
fraîches.
Le Costa Rica n’a pas de spécialités culinaires qui nous
emballent comme les sushis au Japon, la cuisine thaï ou chinoise, les bonnes
viandes du Brésil ou de l’Argentine, la fusion
food du Pérou, etc. Pire encore, le pays n’a aucune culture vinicole et on
est loin de nos dégustations d’Afrique du Sud, d’Australie, de NZ, d’Argentine
ou encore du Chili !
Pourrait-on finalement vivre dans un pays qui ne dispose pas
d’une vraie gastronomie que deux épicuriens comme nous affectionnent tant ? Se
serait-on trompé de pays pour notre retour ??
On s’est évidemment posé ces questions. C’est normal de
douter et j’avoue qu’on a souvent repensé à l’Afrique du Sud, pays avec lequel
on a longtemps hésité. Ou encore l’Argentine. C’est sûr que si Buenos Aires se
trouvait au Guanacaste au bord du Pacifique, on ne serait pas loin du
paradis !!
Mais le Costa Rica a bien d’autres atouts. C’est un pays
génial à visiter qui offre, sur un mince bandeau de terre (250 km en moyenne)
bordé par deux océans, moult paysages et climats différents. Les Ticos sont
très accueillants et il faut absolument essayer d’assimiler leur « pura
vida ». La nature sauvage est tout simplement hallucinante et possède 6%
de la biodiversité mondiale. Cerise sur le gâteau, c’est aussi le pays le plus safe d’Amérique Latine. Quelques
bienveillances sont évidemment nécessaires mais on y reviendra dans un article
ultérieur.
Voyager avec des enfants est largement conseillé car les
activités ne manquent pas, à condition de prévoir le budget nécessaire. Encore
qu’acheter une board d’occase pour
apprendre à surfer et regarder dans les arbres pour apercevoir des iguanes, des
perroquets, des toucans et des singes ne coûtent pas bien cher !!
Alors le Costa Rica ? Bien pour les vacances mais pas
assez pour y vivre ? On n’a pas encore la réponse et pour nous elle
implique bien d’autres questions. Mais en deux mois, on a rencontré pas mal
d’expatriés, essentiellement des propriétaires de guesthouse, d’hostel ou de
restaurants. Certains ont déjà bien baroudé ou tenté leur chance dans d’autres
régions du globe pour finalement se poser ici ! Et comme je l’écrivais
déjà dans mon premier article du mois d’août, aucun n’envisage de
retourner dans son pays d’origine.
Il y a “quelque chose“ ici ! Une atmosphère, une
ambiance. Une sorte d’attirance indescriptible qui fait que l’on s’y sent bien.
Sûrement cette fameuse « pura vida »…
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