Et si c’était à refaire ?


Ce titre de Marc Levy ne pourrait pas mieux convenir à nos réflexions du moment. Et si c’était à refaire ?? Mais cette question à double sens en nécessite immédiatement une autre : refaire quoi ? Exactement le même voyage ou repartir faire un autre tour du monde ? Ce sont deux choses distinctes que de savoir si on ferait à nouveau le même tour que de connaître notre volonté de partir à nouveau pour un tel périple !


Si nous devions refaire le même tour du monde, nous limiterions certainement le nombre d’étapes, voire le nombre de pays. Du coup, ce ne serait plus vraiment le même tour mais c’est pour la bonne cause car comme de nombreux voyageurs, nous avions tous les symptômes du globe-trotter boulimique ! A force de nous rabâcher que c’est le voyage d’une vie, on a voulu naturellement TOUT VOIR comme si on était investi d’une mission d’inventaire du Patrimoine Mondial de l’UNESCO ! Te voilà donc à programmer des journées marathon enchaînant les visites de 4 ou 5 monuments ou musées dans la journée et le soir, tu t’écroules en arrivant à ton hébergement ! Ce qui t’empêches accessoirement de profiter de la vie nocturne ; ce qui n’est pas toujours grave vu que tu as cramé ton budget journalier dans l’achat des entrées aux musées et de toute façon, sur le site web du Ministère des Affaires Etrangères, « ils » ont dit de ne pas sortir une fois la nuit tombée !!!!! Ce portail est sûrement très utile mais je le considère comme un épouvantail qui fait surtout peur aux oiseaux voyageurs novices et en “respectant“ à la lettre les conseils sécuritaires, on risque de ne pas voir beaucoup de pays dans le monde !

Pour en revenir à notre boulimie de visites, c’est donc un travers très courant chez les globe-trotters mais peut-on réellement l’éviter ? A 3 mois de la fin de notre voyage, on s’était juré de ralentir le rythme et de prendre davantage de temps dans chaque endroit. Mouais… cela a peut-être marché au Mexique et au Costa Rica mais on a été claqué par le dernier mois aux US avec des milliers de bornes, à sillonner les rues de LA, San Francisco, etc. ou la pampa du Grand Ouest américain sans compter les vols intérieurs qui nous faisaient changer de fuseaux horaires tous les 4 jours.
On enchaîne les monuments, les musées, les quartiers, les excursions en faisant le plein de photos et d’images mentales mais on ne prend que très peu de temps pour comprendre la vie sur place et sa population. On fait certes beaucoup de rencontres mais la majorité est composée de voyageurs, de gérants de guesthouse ou de guides. Evidemment je ne m’attendais pas à converser passionnément durant des heures avec un berger péruvien mais j’ai apprécié les 2x9 jours avec nos chauffeurs indiens qui pendant nos longues heures de routes nous parlaient de leur vie, de leur croyance et donnaient LEUR VISION de notre monde occidental.


Notre regret pour certains pays est de les avoir visités “en express“, tel qu’on aurait pu le faire “avant“, lors de nos congés. Parfois, je me suis surpris à devenir le parfait touriste chinois qui consiste à arriver devant un monument et prendre immédiatement 1000 photos à ramener à la famille, sans vraiment me poser 5 minutes pour le regarder simplement avec mes yeux. Certains lieux magiques comme les Chutes d’Iguazu ou le Machu Picchu calment naturellement ta frénésie photographique et t’invitent à lâcher ton appareil, à t’asseoir sur un rocher et juste profiter du moment… puravida !

Et si c’était possible, referions nous un tour du monde ? La réponse n’est pas toujours aussi évidente mais dans notre cas, c’est OUI, OUI et re-OUI !!! On était à peine rodé, on avait à peine pris nos réflexes de globe-trotters qu’il ne restait déjà plus que 6 mois !!!! On est désormais “au top“, maîtrisant comme des pros l’organisation de notre dressing/sac à dos et dès qu’on arrive dans un pays, on a nos petits rituels : séjour en auberge de jeunesse pour avoir un max d’infos, quête d’un distributeur HSBC pour éviter les frais bancaires, achat d’une carte SIM pour rester en contact avec les siens et avoir un GPS d’appoint, etc. Le contact avec les gens est devenu également plus facile et ce quelque soit la langue parlée, on arrive toujours à communiquer. Notre cerveau d’occidental s’est également transformé ; ce n’est pas parce qu’on est dans un lieu pauvre ou pas très développé qu’il est forcement sale et dangereux. Ça peut arriver évidemment mais dans bien des cas, on a souvent eu tort de se méfier. Un voyageur prudent n’est jamais un mauvais voyageur mais on a également appris à ne pas montrer la crainte sur nos visages. Quelqu’un qui a peur se voit et devient vite une cible plus facile pour certains locaux malintentionnés. On a également appris à supporter les regards curieux ou trop insistants sur nos tronches d’étrangers, en Chine ou en Inde par exemple, car si on ne s’est pas trop aventuré en “terre inconnue“, on s’est retrouvé quelques fois dans des endroits où on aurait pu penser que la population n’avait jamais vu d’occidentaux !!
On a ainsi appris plein d’autres trucs débiles qui deviennent au fur et à mesure des réflexes et qui feront l’objet d’articles ultérieurs.

Sinon beaucoup de personnes nous ont demandé si c’était facile de faire un tel voyage en couple. Dans notre cas et durant notre vie d’avant, il est vrai qu’on passait très peu de temps ensemble : en semaine, tard le soir après le boulot ; le samedi soir, avec des amis et le dimanche, on comatte de la fête de la veille ou on allait déjeuner avec les parents. Bref, jamais vraiment seuls ! Et voilà que durant ce voyage, on passe 1 an ensemble, 24h/24 !!
J’avais rencontré une globe-trotteuse à Paris qui était partie 9 mois avec son copain et elle m’avait mis en garde en disant que cela consistait une certaine épreuve pour le couple. Elle m’avait confié avoir failli craquer à 2 reprises et rentrer toute seule !!

C’est là que l’expérience est encore plus enrichissante, non seulement on découvre de nouvelles cultures, de splendides paysages, on rencontre des gens intéressants mais en plus, on en apprend davantage sur son couple et la personne qui partage sa vie. Même au bout de 14 ans de vie commune… En tout cas, tout s’est bien passé pour nous et on a rapidement trouvé notre organisation pour éviter se prendre la tête avec des conneries du quotidien. Adèle s’occupait des hébergements et des courses, quant à moi je planifiais les itinéraires, les visites et m’occupait des transports (avion, bus, train ou location de voiture). On a remarqué que c’est dans les pays les plus “difficiles“ que le couple était le plus soudé. Face à l’inconnu, on se soutenait l’un et l’autre et cela s’est révélée une grande force durant ce périple.

Le voyage est comme une drogue et il est souvent difficile de s’arrêter. Nos amis belges Astrid et Bruno, partis à la base pour seulement 6 mois, ont prolongé de 3 mois pour visiter l’Afrique du Sud, la Namibie et le Botswana. Cyril, notre pote lyonnais est retourné en Afrique du Sud pour faire du surf. Quant à nous, on a compris bien avant notre ultime vol vers l’Europe que nous avions “besoin“ de repartir… y’en a marre, on se REcasse !!!


Ce n’est pas un refus du retour mais cette aventure, cette expérience n’est pas complète. On était parti avec l’idée à peine dissimulée de trouver un endroit où démarrer une nouvelle vie mais le rythme de notre voyage ne nous a pas permis de passer suffisamment de temps au même endroit pour y envisager de poser nos sacs à dos. Nombreuses sont les histoires de voyageurs qui sont restés bloqués dans une ville et y coulent de jours heureux. Pour nous c’était différent, toutes les étapes de notre voyage nous emballaient et bien qu’on profitait de chaque moment passé dans un pays, on avait aussi hâte de découvrir le suivant et donc d’aller jusqu’au bout. On a kiffé notre aventure et en corrigeant les erreurs de débutant, il est clair qu’on serait prêt à repartir…

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