La planète Japon


Fukuoka, Hiroshima 17/11.
Pour entamer notre trip de seulement 10 jours au Japon, nous avions choisi d’arriver par la pointe sud-ouest de la péninsule en atterrissant à Fukuoka (Hakata) et de rallier Tokyo en plusieurs étapes grâce au train. En débarquant vers 21h, nous avons pris un taxi pour nous rendre à l’auberge de jeunesse située dans le centre de la ville.


Première expérience: la récupération des bagages ! En Chine c’était le foutoir, les gens s’agglutinent le plus près possible du tapis roulant avec leur chariot collé derrière eux pour ne surtout pas porter leur valise trop loin et dès qu’ils aperçoivent leur valise, ils se précipitent dessus en bousculant tout le monde comme si quelqu’un allait la piquer ! Au Japon c’est totalement différent : il y a une ligne jaune à environ 40 cm du tapis roulant et PERSONNE ne dépasse cette ligne. Les voyageurs attendent sagement que leur bagage arrive à la perpendiculaire de leur position et c’est seulement à ce moment qu’ils font un pas pour récupérer l’objet !


Deuxième expérience : le taxi ! En sortant de l’aérogare, on voit une file de voitures noires totalement inconnues en France : la Toyota Crown. Elles font penser à des limousines dont le toit semble anormalement haut afin de privilégier l’habitabilité notamment aux places arrières. Bien qu’elles semblaient avoir déjà cumulé pas mal de km au compteur, ces voitures étaient dans un état impeccable, briquées de la jante au pare-choc et si polishées que même dans l’obscurité du parking on aurait pu refaire son brushing en regardant son reflet sur la carrosserie !
On se place dans la file et une voiture s’avance et une fois arrivée à notre hauteur, la portière arrière s’ouvre toute seule devant nous comme par magie, tout comme la malle arrière ! Le chauffeur descend pour ranger nos sacs dans le coffre, il porte un costume bleu marine, un casquette………… et des gants blancs ! Du coup, j’observe les autres chauffeurs pour savoir si nous sommes tombés sur un illuminé ? Non, ils sont tous aussi bien habillés que le nôtre, la grande classe…
Il nous amène jusqu’à la rue de notre auberge de jeunesse mais ne trouve pas immédiatement l’établissement et pour éviter de nous surfacturer la course, il stoppe son véhicule pour couper son compteur et checker sa carte pour être sûr d’être au bon endroit. Il refait le tour du pâté d’immeubles pour finalement nous déposer quelques minutes plus tard devant l’entrée de notre hébergement !!

Troisième expérience : dormir sur un tatami !! Ne restant qu’une nuit à Fukuoka, Adèle avait sélectionné une auberge de jeunesse, la plus abordable possible et la mieux située entre l’aéroport et la gare. En rentrant dans l’établissement, il y avait d’abord une cuisine avec des tabourets disposés en face comme souvent dans les petits restaurants typiques japonais. Dans un minuscule renfoncement, un jeune homme nous accueille et nous indique tout de suite d’enlever nos chaussures en nous tendant une paire de claquettes. Avec 20 kg sur le dos et 8 kg qui pendouille autour du cou, l’opération se relève assez délicate dans ce couloir étriqué où j’ai peur de rester bloqué avec mon sac à dos si je me mets de profil !! La déco est zen, le sol est joliment parsemé de cailloux et il faut viser les grosses pierres plates pour avancer jusqu’à la porte qui mène aux washitsu. On emprunte un couloir à peine plus large avec un tatami au sol, notre hôte fait coulisser une paroi sur la gauche et nous découvrons notre “petit“ (pour ne pas dire minuscule) logement. Contre la cloison, sous une fenêtre donnant sur un mur aveugle, deux matelas sont pliés en Z côte à côte chacun recouvert d’un drap, d’une couette et d’un oreiller. La surface est tellement comptée qu’on ne sait où poser nos sacs et on se surprend à tourner sur place en imaginant déjà la configuration de la pièce (ou placard), une fois les matelas dépliés. Au sol, on retrouve le même tatami que dans le couloir et Adèle et moi commençons déjà à tiquer quand nous évaluons l’épaisseur des matelas ! On prend finalement nos marques et on commence à s’installer. Dans un coin, il y a même un échantillon de table sur laquelle j’essaye de poser mon téléphone entre la bouilloire et la lampe de chevet mais il n’y aura plus de place pour mon portefeuille !!!
Il y avait 2 chambres identiques à la nôtre juste à côté et avec lesquelles nous partagions la salle de bains et les toilettes ! Je n’ai jamais vu de sanitaires communs aussi propres. Moi qui suis plutôt du genre Paul Finch (dit “pause caca“) dans American Pie, là je me posai avec mon iPhone pour finir un niveau de Candy Crush ! Idem pour la douche, sans aucune trace de calcaire ou de moisissure sur les joints, avec du gel douche, du gommage, du shampoing et de l’après shampoing proposés dans de grands flacons.
On a ensuite fait nos “lits“ et là, il bien faut avouer que c’est un peu dur !! Déjà, on oublie l’envie de dormir sur le côté car au bout de 5 minutes, la hanche n’en peut plus de supporter les excès de canard laqué engendrés lors notre aventure chinoise. Sur le ventre ce n’est pas très confortable non plus, il ne reste plus que la solution de dormir sur le dos. Vu qu’aujourd’hui on n’a pas dû porter nos sacs trop longtemps, nos vertèbres ne sont pas vraiment endolories et supportent ce traitement.
Dans ce genre de maison typique japonaise, les parois ne sont pas très épaisses et l’isolation phonique est toute relative, ainsi tu sens bien que tu vis en communauté…

Le lendemain, nous avons pris notre premier Shinkansen, le train à grande vitesse pour rallier en un peu plus d’1h, la tristement célèbre Hiroshima. Durant le trajet en observant le paysage, on a immédiatement la confirmation de ce qu’on a pu apercevoir la veille : le Japon est un pays propre, policé où tout est parfaitement ordonné. Les rues sont super propres, les maisons, appartements et jardins sont très bien entretenues. Sur les parkings, les autos sont parfaitement stationnées, alignées et centrées par rapport au marquage au sol. Tous les véhicules, camions y compris sont nettoyés, sans aucune trace de boue ou de projection ! Hallucinant…

Au Japon, le train reste le moyen le plus rapide et le plus économique pour voyager. Réservé aux étrangers, le Japan Rail Pass permet d’utiliser à volonté quasiment toutes les lignes JR de trains (grande vitesse, express et locaux), de bus et même de ferrys. Nous avions opté pour le pass 7 jours (aussi dispo en 14 et 21 jours) à 28300 yens (environ 203 €). La bonne nouvelle à Hiroshima est que le bus touristique qui fait le tour des principaux monuments de la ville est également assuré par la JR, donc compris dans le pass !

Ainsi dès notre arrivée et après avoir laissé nos affaires à la réception de l’hôtel, nous sommes montés dans le bus, direction le château d’Hiroshima. Alors autant en Chine, on râlait gentiment car la plupart des sites avait été reconstruit et manquait cruellement d’authenticité, autant au Japon et plus particulièrement à Hiroshima, ils n’ont pas trop eu le choix, vu les tonnes de bombes qui ont été larguées sur les villes ! Ainsi le château d’Hiroshima reconstruit en 1958 est en béton… On peut monter au dernier étage et ainsi profiter d’une belle vue sur toute la cité.



On a ensuite rejoint le vaste Parc du Mémorial de la Paix qui compte plusieurs monuments et musées. Le plus impressionnant étant le Dôme de Genbaku qui fut avant le bombardement le Palais d’exposition industrielle du département. Le bâtiment dont il ne reste plus que les murs en béton armé et la structure de son dôme de verre, a su “résister“ à des températures de 4000° et des vents jusqu’à 800 km/h. En tournant autour de ce symbole du mémorial pour prendre quelques photos, on ressent quelque chose de difficile à expliquer ; l’atmosphère est soudain pesante et on est partagé entre la découverte, l’admiration du lieu et l’horreur qu’il incarne.

En traversant le parc on a pu observer les Cloches de la Paix, le Tertre funéraire, le Cénotaphe et la Flamme pour la Paix (photos ci-dessous) jusqu’à arriver au Musée du Mémorial de la Paix. L’histoire de la ville, les évènements tragiques du 6 août 1945 et les conséquences qui s’en suivirent sont bien exposés grâce à de nombreuses photos, films et maquettes. Plus on avance dans le musée, plus l’ambiance s’alourdit jusqu’à devenir glauque. Adèle et moi ressentons exactement la même chose que lors de la visite du Mémorial des victimes du massacre de Nanjing. Des milliers de civils innocents d’abord carbonisés sur place, soufflés et éparpillés en quelques fractions de secondes. Les images sont dures, on y voit des bancs, des murs ou des trottoirs avec juste une silhouette laissée telle une ombre de ce qui a été un être humain avant d’être désintégré sur place… Comme si ça ne suffisait pas, les expositions suivantes s’attardent sur les séquelles des survivants et des effets des radiations.





C’est dans un grand silence qu’on a quitté le parc au crépuscule en repassant devant le Dôme de Genbaku dont les dernières lueurs du jour éclairaient les façades en ruine. On a ensuite rejoint notre auberge de jeunesse pour passer une deuxième nuit sur un tatami. La chambre était plus grande avec une salle de bain privative et même un réduit pour ranger nos sacs à dos, bref le grand luxe !! Enfin, on a dîné dans un petit établissement juste à côté de l’hôtel où nous avons pu goûter notre premier okonomiyaki (la pizza japonaise) préparé devant nous, un délice !



Malgré l’ambiance particulière de la visite du jour, on a revu durant le dîner toutes les “originalités“ du Japon qu’on a déjà pu découvrir au bout d’une journée ! Comme les contrôleurs du train qui s’inclinent devant les occupants du wagon lorsqu’ils y entrent, les gardiens de musée qui te saluent comme si tu étais un chef d’état, les gens extrêmement souriants (quand ils ne portent pas de masque)... Au Japon, on fait tout à l’envers : on roule à gauche évidemment, dans les escalators la file “statique“ est à gauche et non à droite comme en France, on fume dans les restaurants mais il est interdit de fumer sur le trottoir… On a vraiment l’impression d’être sur une autre planète !

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